Mickaël Laurent, président de la Fédération du BTP 55 : «les jeunes méconnaissent nos métiers»

Seul candidat à sa réélection qui aura lieu le 11 décembre prochain lors du prochain conseil d’administration, Mickaël Laurent, actuel président de la Fédération du bâtiment et des travaux publics de la Meuse fait le point sur la situation économique du secteur dans ce département rural et confie ses priorités.

Mickaël Laurent est le seul candidat à la présidence de la Fédération du BTP de la Meuse. Il devrait donc être réélu le 11 décembre prochain par le conseil d’administration.© Fédération BTP 55
Mickaël Laurent est le seul candidat à la présidence de la Fédération du BTP de la Meuse. Il devrait donc être réélu le 11 décembre prochain par le conseil d’administration.© Fédération BTP 55

Les Tablettes Lorraines : Trois ans après votre arrivée à la tête de la Fédération du BTP 55, dans quelle santé économique se trouve le secteur ?

Mickaël Laurent : Le carnet de commandes est en hausse de 4 % sur les trois premiers trimestres 2023 par rapport à 2022. On devrait être satisfait toutefois, on est confronté à une inflation à plus de 4 %, on a augmenté la grille des salaires à deux reprises entre 2022 et 2023, sans compter la hausse du coût de l’énergie et des matériaux qui nous impose forcément de baisser nos marges. On nous a dit que les prix allaient redescendre. Or, si certaines matières premières ont baissé comme le bois et l’acier, les prix se sont stabilisés à un niveau bien plus haut qu’en 2019. On a donc plus de frais généraux. Concrètement, cette hausse de 4 % est bien insuffisante.

Que pouvez-vous dire sur la commande publique ?

Depuis la crise du Covid, beaucoup d’élus ont déjà baissé les bras par peur de se lancer. Nos élus ne sont pas formés à la nécessité de réactualiser les marchés et craignent le fait de ne pouvoir stabiliser les coûts. Les maîtrises d’œuvre ou les assistants de maîtres d’ouvrage ne travaillent pas assez en amont les projets. C’est d’ailleurs le cas pour la rénovation actuelle de la Cité administrative de la Meuse. On a un vrai problème de manque de culture et de connaissance du bâtiment et des travaux publics. Ce qui est tragique, c’est qu’il y a de l’argent en Meuse avec les fonds de l’État mais aussi le GIP (fond lié au laboratoire souterrain de recherche de Bure). Il y a des chantiers mais pas à la hauteur de ce qui devrait être possible. Et pourtant, c’est en 2024 qu’il faudrait lancer des travaux car on sait que ce sera une année compliquée. C’est le moment ou jamais d’investir judicieusement selon les besoins de leurs territoires pour aider le secteur mais aussi pour soutenir la démographie et l’attractivité. Aujourd’hui les entreprises travaillent dans d’autres départements limitrophes plus favorables, mais le risque est que nos salariés s’installent ailleurs pour éviter les déplacements.

Vous vous présentez pour un second mandat dans quelques jours. Quelle est votre priorité ?

Le plus gros problème en Meuse, c’est la mobilité sur l’axe Nord-Sud. Aujourd’hui, on nous demande de former des apprentis. Or, comment voulez-vous qu’un jeune qui habite à Montmédy vienne faire son apprentissage à Verdun puisqu’il n’y a aucun moyen de transport ? Je rappelle qu’en Meuse, il n’y a pas de centre d’apprentissage ; tous les jeunes doivent se former ailleurs alors qu’on a des plateaux techniques. On pourrait délocaliser un professeur plutôt que trente élèves. Nous, entrepreneurs on s’adapte, que les élus en fassent de même ! Si mon conseil d’administration m’en donne le mandat, j’aimerais concentrer mes efforts sur la formation des jeunes, sur les nouveaux métiers autour de la filière photovoltaïque, la gestion des flux d’air… Le problème aujourd’hui est que les jeunes méconnaissent nos métiers, leurs diversités et leurs richesses.

Propos recueillis par AM

Encadré

En chiffres des logements neufs

Pour la Meuse, en un an (septembre 2022-2023)

. Moins de 44 % de logements autorisés ;

. moins de 33 % de surfaces de locaux mis en chantier ;

. moins de 41 % de surface de locaux autorisés.