Financement

Les investisseurs sont là, jusqu’à quand ?

Inflation du coût des matières premières, critères environnementaux de plus en plus contraignants, taux élevés, conjoncture incertaine, coût de construction plus important, tous les indicateurs apparaissent dans le rouge en matière d’investissement dans la pierre entrepreneuriale, et pourtant…

D’après bon nombre de professionnels du secteur, les investisseurs sont toujours là mais un certain attentisme s’installe. À la fin de l’année dernière, l’investissement en immobilier d’entreprise a baissé de plus de 50 % au niveau national.
D’après bon nombre de professionnels du secteur, les investisseurs sont toujours là mais un certain attentisme s’installe. À la fin de l’année dernière, l’investissement en immobilier d’entreprise a baissé de plus de 50 % au niveau national.

«Les investisseurs sont là mais il est certain qu’il va falloir un jour leur proposer des offres, et notamment des offres dans le neuf !» L’analyse est quasi redondante de la part des professionnels régionaux de l’immobilier d’entreprise chaque année au sujet de l’importance de l’offre neuve, histoire d’attirer les investisseurs dans la région. Cette année, elle s’additionne à un contexte de plus en plus opaque, pour ne pas dire des plus inquiétants. Ce n’est pas la présence ou non d’offre neuve qui devrait radicalement changer les choses car la problématique apparaît beaucoup plus profonde. La guerre en Ukraine et ses conséquences directes et indirectes, la remontée fulgurante des taux, une inflation galopante, une flambée des matières premières et une augmentation certaine des coûts de construction. D’après plusieurs études nationales, parues il y a quelques jours, les derniers chiffres du marché de l’immobilier d’entreprise montrent un ralentissement extrêmement brutal des investissements dès la fin de l’année dernière. La baisse dépasse même les 50 % sur un an au quatrième trimestre 2022. «La fin de l’argent gratuit a des conséquence sur tous les acteurs de l’immobilier. C’est un quasi-coup d’arrêt du marché qu’on a connu sur le dernier trimestre avec une chute de 52 % sur un an des investissements en immobilier d’entreprise soit 5,4 milliards d’euros investis au niveau national», explique un analyste de marchés financiers.


L’attentisme s’installe

Une chute d’investissement en fin d’année dernière qui en dit long quand on sait que les fins d’année sont traditionnellement l’une des périodes les plus dynamiques en matière d’investissement. «C’est plutôt de l’attentisme et une nouvelle orientation à venir de la part des investisseurs qui cherchent naturellement les meilleurs produits pour faire fructifier au mieux leur placement», temporise un professionnel du marché régional. Le marché de l’immobilier d’entreprise a continué sa mue avec une demande des utilisateurs prônant notamment la flexibilité et un cadre réglementaire plus contraignant avec le fameux décret tertiaire (obligations d’actions de réduction de la consommation d’énergie). Sur ce sujet, et les investisseurs se la posent également, quelle est la capacité d’adaptation du parc immobilier tertiaire dans ce contexte de décret tertiaire ? «L’investisseur se base sur des perspectives à long terme et recherche des projets en phase avec les évolutions sociétales, l’exemple typique est l’intérêt porté sur l’immobilier de santé dont les besoins sont croissants», explique un analyste du marché. Même cas de figure dans le secteur de la logistique et principalement les sites dédiés à la livraison des derniers kilomètres et les entrepôts de taille importante mais dans des bâtiments existants du fait de la démarche ZAN (Zéro artificialisation nette) visant à réduire, d’ici 2050, la consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers. Autant de paramètres et de critères influent sur les investisseurs. Des investisseurs qui apparaissent, encore plus aujourd’hui, de plus en plus prudents.