Les Hauts-de-France dans les sucriers du monde entier

Le groupe Tereos a inauguré, mi-novembre, son centre logistique export sur le site d'Escaudœuvres, dans le Cambrésis. En un an, 192 000 tonnes de sucre ont été exportées à l'international. Une production made in Hauts-de-France.

Chaque jour, jusqu'à 70 conteneurs entrent et sortent du centre logistique export de Tereos, à Escaudœuvres.
Chaque jour, jusqu'à 70 conteneurs entrent et sortent du centre logistique export de Tereos, à Escaudœuvres.

Les chiffres sont impressionnants : 2 100 tonnes de sucre sont produites quotidiennement dans la sucrerie Tereos d’Escaudœuvres. L’usine tourne 24 heures sur 24, 6 jours sur 7. En période de récolte, un camion en provenance du Nord – Pas-de-Calais ou de la Picardie arrive toutes les deux à trois minutes sur le site pour déposer jusqu’à 15 000 tonnes de betteraves par jour. Une fois nettoyées, leur jus est pressé, purifié à la chaux, puis séché pour devenir ces cristaux de sucre de la marque Béghin-Say. C’est de par sa grande capacité de production et de stockage que le site d’Escaudœuvres a été choisi parmi les neuf sites Tereos de la région pour y construire un premier centre logistique export. Sept millions d’euros ont été investis pour cet outil de 900 m2, en fonction depuis septembre 2017. En un an, 33 600 sacs de 50 kilos ont été envoyés chaque jour vers l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Amérique du Nord. «À terme, notre site aura la capacité d’exporter 70 conteneurs par jour, soit 500 000 tonnes par an. C’est-à-dire le double de l’activité réalisée l’an passé. Et 500 000 tonnes de sucre, c’est la consommation annuelle de 15 millions de personnes», annonce Alexis Duval, président du directoire de Tereos.

De nouveaux défis

L’activité du site a quasiment triplé depuis son arrivée dans le groupe Tereos en 2002. «Comment imaginer il y a encore quelques années que les deux tiers du sucre produit dans nos usines françaises seraient exportés hors de France ?», s’étonne encore Alexis Duval. Car Tereos est devenu le deuxième leader mondial du sucre. Un pari difficile à gagner, juste après la libéralisation du marché européen dans la filière et au moment où la consommation de sucre croît dans le monde, mais décline en Europe. Pour faire face à ces deux problématiques, le groupe a investi à l’international : l’entreprise exploite 50 usines dans le monde. Elle est implantée dans 17 pays et vend ses produits dans 130 pays à travers la planète.

Un sac de sucre sort toutes les 25 secondes du centre logistique export, soit 1 800 sacs par heure.

Mission canal Seine-Nord

Si Tereos a choisi Escaudoeuvres pour implanter son centre logistique export, c’est aussi pour sa proximité avec l’Escaut et les ports du Nord (Dunkerque, Rotterdam, Anvers). Le groupe réalise 75% de ses ventes à l’international et compte bien profiter du futur canal Seine-Nord pour envoyer ses marchandises. «Lorsque le canal Seine-Nord sera opérationnel, notre potentiel pourra doubler, en y ajoutant les volumes de sucres, de céréales et d’amidon de nos usines en Picardie», se projette le président du directoire.

L’historique de l’usine 

1872 : création de la sucrerie.

1914-1918 : L’usine est détruite pendant la Première Guerre mondiale.

1923 : reconstruction de l’usine.

1972 : achat de la sucrerie par Ferdinand Béghin.

2002 : entrée de la sucrerie dans le groupe Tereos.

2017 : mise en fonction du centre logistique export à Escaudœuvres.

«500 000 tonnes de sucre, c’est la consommation annuelle de 15 millions de personnes»

Un acteur écologique

La sucrerie Tereos d’Escaudœuvres est particulièrement engagée dans l’économie circulaire et l’écologie. Elle réutilise l’eau contenue dans les betteraves, la cristallisation du sucre produit une vapeur qui alimente à son tour les machines… Surtout, 600 tonnes de mélasse sortent de l’usine chaque jour après la transformation des betteraves. Celle-ci est ensuite vendue pour produire de l’éthanol. Présent à l’inauguration du centre logistique export, Xavier Bertrand a profité de l’occasion pour annoncer une aide qui entrera en vigueur dès janvier 2019 : la Région s’engage à prendre en charge le tiers de la facture des automobilistes qui équiperaient leur voiture d’un boîtier d’adaptation au E85, un carburant au bioéthanol.