Capeb 57
Les grandes inquiétudes du secteur du bâtiment mosellan
Un secteur entier saisi de crainte. Depuis plusieurs mois, la branche du bâtiment hexagonal subit une pénurie des matières premières, comme rarement vue, faisant peser des menaces sur la viabilité de nombreux chantiers. L’artisanat est particulièrement impacté. La Capeb 57 se mobilise face à cette pénurie et la flambée des prix concomitante.
C’est l’une des répercussions de cette crise sanitaire mondiale qui nous tenaille depuis un an. Ses effets systémiques provoquent des répliques dans de nombreux domaines. Actuellement, une pénurie de matériaux empêche le secteur du bâtiment de mener à bien de nombreux chantiers ou de respecter ses délais de livraison. À cette inquiétude des professionnels s’ajoute une envolée des prix. Avec en filigrane une perte de rentabilité pour les entreprises. Les artisans du BTP sont au premier rang concernés et menacés. Les prix de certains matériaux ont explosé, avec parfois + 30, + 40, + 50 % pour l'acier, le bois ou le encore le PVC. Une situation qui s'explique bien sûr par la pandémie de coronavirus, mais aussi par les fortes exportations des États-Unis, lesquelles concernent tout particulièrement le bois. L’an passé, l’ancien président Donald Trump a décidé de taxer le bois provenant du Canada, alors principal fournisseur de son pays. Cela a poussé les entreprises américaines à s’approvisionner dans les pays d’Europe, notamment en Allemagne et en Autriche, à des prix extrêmement élevés. Le phénomène a entraîné une raréfaction du bois disponible en Europe, et donc une augmentation en flèche des prix.
La boîte de Pandore ouverte...
Des conséquences s’ajoutant à d’autres facteurs ont généré un dangereux mariage entre pénurie de matières premières et hausse des prix. Sont touchés le bois, le béton, le mortier, les produits métallurgiques, les matières essentielles à la fabrication des mélanges chimiques indispensables aux peintures, encres, couleurs, colles, adhésifs et produits de préservation du bois, le verre - et donc les vitrages -. La liste est longue. Les entreprises de construction, dont les carnets de commandes sont remplis, sont directement impactées. À court terme, les retards de livraison et l’indisponibilité de certaines matières premières risquent d’empêcher la poursuite de pléthore de chantiers et de grever nombre de chiffres d’affaires. Cette pénurie frappe aussi les travaux publics. L’artisanat du bâtiment, déjà fragilisé par la crise sanitaire, est en première ligne. En pratique, cela signifie l’impossibilité de répercuter l’augmentation des prix des matériaux sur des devis déjà signés. En clair, l’artisan va devoir absorber lui-même cette hausse. Impensable et irréalisable dans le contexte tendu actuel.
À quand un retour à la normale ?
Autre problème majeur : les retards de livraison de chantier entraîneront des pénalités de retard. On imagine la fragilisation accrue pour une activité entrepreneuriale. Comme l’ensemble des acteurs et des composants de la branche du BTP, la Capeb 57 a saisi les décideurs politiques afin que des solutions soient prises pour sécuriser les trésoreries. Une médiation avec le gouvernement est en cours. Plus que jamais, pour les professionnels du bâtiment, il y a urgence. Faces aux incertitudes, nombre d’entre eux ont pris le parti de ne plus répondre aux appels d’offres, faute de visibilité sur les prix et les délais de livraison. Une chose est certaine. Les choses ne retrouveront une normalité que dans plusieurs mois. Pour l'heure, le bâtiment est en résistance. Comme depuis mars 2020...
Les demandes de la Capeb 57
. Déclaration de cette situation de crise au titre de «cas de force majeure».
. Définition d'un cadre juridique qui permette aux entreprises de revoir les conditions initiales de leur devis (marchés privés) ou de leur contrat (marchés publics) en termes de prix, de délais d’exécution et de pénalités de retard.
. Mise en place de manière systématique des clauses d’actualisation et de révision des marchés.
. Obligation de la révision des prix des marchés par voie d’avenant.
. Suspension des travaux sans application de pénalités de retard en cas de pénurie de matériaux ou matières premières qui ne permet pas l’exécution des travaux.
. Favoriser et privilégier les circuits courts en matière d’approvisionnement à l’échelle du territoire régional.
. Politique volontariste de soutien à la production et à la distribution des matériaux pour le marché national.