Les géomètres-experts de Nancy, vecteur des décisions territoriales

C’était à Troyes le 31 mars dernier. Les 60 géomètres-experts des Ardennes, de l’Aube, de la Marne, de la Haute-Marne, de la Meurthe-et-Moselle, de la Meuse et des Vosges ont renouvelé le bureau du Conseil régional de l’Ordre des géomètres-experts de Nancy, confiant à cette occasion un nouveau mandat de président à Ambroise Piechowski. Les élus auront en charge de représenter la profession jusqu’en 2025. Une profession en pleine mutation, nous dirions presque révolution, au centre d’enjeux sociétaux d’envergure. Ambroise Piechowski regarde avec optimisme l’avenir, se félicitant «du nombre intéressant de stagiaires au sein des cabinets, ce qui assure un renouvellement générationnel de la profession.» Le président rappelle par ailleurs «que les géomètres-experts se mobilisent pour accompagner les collectivités face à l’objectif zéro artificialisation nette.» En effet, pour les maires des communes, la sobriété foncière est un immense challenge à relever. La loi Cimat et Résilience leur impose de diviser par deux leur rythme de consommation foncière d’ici à 2030. Sept ans : un temps court pour avancer vers le zéro artificialisation nette en 2050. Les édiles ont conscience qu’il leur faudra à présent composer avec cet objectif ambitieux et changer leur approche s’ils souhaitent continuer à développer l’attractivité de leur territoire.

Une autre urbanité…

Ambroise Piechowski, poursuit sur ce sujet décisif : «Nous les aiderons à concevoir et mettre en place des opérations permettant de concilier ces deux objectifs.» Les travaux réalisés par la profession visent ainsi à imaginer des solutions pour augmenter le nombre de logements sur un territoire sans pour autant consommer davantage d’espaces naturels, agricoles ou forestiers. «À l’heure de la crise du logement et des enjeux liés au climat, il nous faut réfléchir à notre manière d’habiter le territoire et proposer des alternatives opérationnelles pour répondre aux défis d’aujourd’hui et demain. En tant que géomètre-expert, nous sommes pleinement mobilisés aux côtés des collectivités afin d’améliorer le cadre de vie des habitants de tous les territoires, en ville comme en ruralité», assure-t-il. On l’a compris, la profession est sur un changement de paradigme systémique. Son cœur de métier et son action cardinale en font, plus encore qu’hier, un acteur d’expertise dans les enjeux décrits ci-avant. À l’heure où l’urgence climatique est face à nous, où la communauté scientifique annonce des périodes estivales plus chaudes d’année en année, nos localités - urbaines particulièrement - vont devoir remplir cette impérieuse nécessité d’adaptation, avec des aménagements adéquats, différents et innovants, tels des îlots de fraîcheur. Il va s’agir de renaturaliser nos cœurs de ville, d’aller vers des modèles plus sobres, plus économes, écoresponsables. De belles initiatives existent déjà en matière. Il va falloir aller plus loin sur ce chemin vertueux et obligatoire. On pense ici à l’eau qui est tout, sauf une ressource inépuisable. Tout cela pose de multiples questions qui bousculent nos habitudes : comment résider ? Comment travailler ? Comment se déplacer ? L’Ordre national des géomètres-experts célébrera ses 80 ans en 2026. «Nous sommes délégataires d’une mission de service public et agissons en tant qu’autorité indépendante», rappelle Ambroise Piechowski. La profession a ouvert une plateforme web rénovée, plus ergonomique et pratique, tendant à simplifier les liens avec les partenaires professionnels et les particuliers afin d’apporter des réponses en tant qu’experts du foncier et de l’aménagement du territoire. L’aménagement du territoire, on y revient : la clé de voûte de prospectives vitales liant humains, activités, équipements et moyens de communication. Une affaire de stratégie locale composant le puzzle hexagonal, dans la diversité et la richesse de ses territoires.