Les géants du transport maritime évitent la mer Rouge après des attaques répétées

Les géants du transport maritime mondial ont annoncé vendredi et samedi suspendre le passage de leurs navires en mer Rouge, un carrefour commercial majeur, après des attaques...

Le porte-conteneurs "Palais Royal" de la CMA CGM, le plus grand au monde à être propulsé au gaz liquéfié, le 14 décembre 2023 à Marseille © Christophe SIMON
Le porte-conteneurs "Palais Royal" de la CMA CGM, le plus grand au monde à être propulsé au gaz liquéfié, le 14 décembre 2023 à Marseille © Christophe SIMON

Les géants du transport maritime mondial ont annoncé vendredi et samedi suspendre le passage de leurs navires en mer Rouge, un carrefour commercial majeur, après des attaques perpétrées par des rebelles Houthis du Yémen.

Le danois Maersk, l'allemand Hapag-Lloyd, le français CMA CGM et l'italo-suisse MSC ont fait savoir que leurs navires n'emprunteraient plus la mer Rouge "jusqu'à nouvel ordre", au moins jusqu'à lundi ou "jusqu'à ce que le passage de la mer Rouge soit sûr".

La mer Rouge est une "autoroute de la mer" reliant la Méditerranée à l'océan Indien, sur laquelle circulent chaque année quelque 20.000 navires.

Ces dernières semaines, les rebelles yéménites, proches de l'Iran, ont multiplié les attaques près du détroit stratégique de Bab al-Mandab, qui sépare la péninsule arabique de l'Afrique et par lequel transite 40% du commerce international.

Les Houthis ont prévenu qu'ils viseraient des navires naviguant au large des côtes du Yémen ayant des liens avec Israël, en riposte à la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

Plusieurs missiles et drones ont été abattus par des navires de guerre américains et français qui patrouillent dans la zone.

Le ministre de la Défense du Royaume-Uni, Grant Shapps, a annoncé samedi que le destroyer britannique HMS Diamond avait abattu dans la nuit de vendredi à samedi un "drone d'attaque présumé qui visait la marine marchande en mer Rouge".

Vendredi, le groupe rebelle a affirmé avoir mené "une opération militaire contre deux porte-conteneurs, MSC Alanya et MSC Palatium III".

Selon le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom), le MSC Alanya n'a été que menacé, sans avoir été touché, tandis que le Palatium a été touché par un des deux missiles balistiques tirés.

Détour par le cap de Bonne-Espérance

Dans un communiqué samedi, le groupe MSC n'évoque que le cas du MSC Palatium III. Il précise qu'aucun membre d'équipage n'a été blessé et explique que le navire a subi des "dégâts limités dus à un incendie".

"En raison de cet incident et pour protéger la vie et la sécurité de nos marins, jusqu'à ce que le passage de la mer Rouge soit sûr, les navires de MSC ne transiteront pas par le canal de Suez", porte d'entrée et de sortie des navires passant par la mer Rouge.

"D'ores et déjà, certains services seront reroutés pour passer par le Cap de Bonne Espérance", tout au sud de l'Afrique, indique MSC.

Ce contournement de l'Afrique va considérablement rallonger les trajets. L'entreprise demande à ses clients de faire "preuve de compréhension dans ces circonstances graves".

Le même jour, CMA CGM, premier transporteur maritime français, a "décidé d'ordonner à tous les porte-conteneurs de CMA CGM dans la région qui doivent passer par la mer Rouge, de rejoindre des zones sûres" ou de ne pas sortir des eaux jugées sûres, "avec effet immédiat et jusqu'à nouvel ordre", selon un communiqué.

"La situation continue de se détériorer et les inquiétudes en matière de sécurité augmentent", affirme CMA CGM pour justifier sa décision.

Dans une note du 7 décembre, la chercheuse Noam Raydan, du Washington institute, soulignait déjà que, pour éviter la mer Rouge, des navires contournent l'Afrique par le cap de Bonne-Espérance, rallongeant leur voyage de deux semaines.

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