Les géants de la tech jugés à l'aune de l'IA

Qu'elles vendent de la publicité, des smartphones ou des puces électroniques, les entreprises de la tech doivent toutes prouver au marché qu'elles sont bien placées dans la...

Les entreprises de la tech doivent toutes prouver au marché qu'elles sont bien placées dans la course à l'intelligence artificielle (IA) générative © Lionel BONAVENTURE
Les entreprises de la tech doivent toutes prouver au marché qu'elles sont bien placées dans la course à l'intelligence artificielle (IA) générative © Lionel BONAVENTURE

Qu'elles vendent de la publicité, des smartphones ou des puces électroniques, les entreprises de la tech doivent toutes prouver au marché qu'elles sont bien placées dans la course à l'intelligence artificielle (IA) générative.

"Si vous êtes une entreprise, et que vous n'avez pas de +message IA+, vous n'allez pas faire des affaires très longtemps", remarque Jack Gold, analyste indépendant.

"Plus rien d'autre ne compte en ce moment. Tout le monde essaie de lancer des produits plus vite et de parler plus fort que les concurrents", continue-t-il.

Ces deux dernières semaines, les principaux groupes technologiques ont publié leurs résultats financiers pour la période de juillet à septembre.

La plupart ont dépassé les attentes des analystes, mais Wall Street n'avait d'yeux que pour l'IA. 

Google, numéro un mondial de la publicité en ligne, a vu ses profits trimestriels bondir de 42% sur un an, à près de 20 milliards de dollars, au-delà des attentes de Wall Street.

Son titre a quand même perdu plus de 10% sur deux séances parce que son activité de cloud - en pleine croissance - a déçu. 

Les services d'informatique à distance du géant d'internet ont conquis de nombreuses start-up spécialisées dans l'IA, et "cela va porter ses fruits sur la durée, mais pour l'instant cela ne suffit pas à satisfaire les investisseurs", a commenté Max Willens, analyste d'Insider Intelligence.

Usage inférentiel

Le cloud est un terrain majeur du développement et du déploiement de l'intelligence artificielle dite générative, popularisée par ChatGPT, l'interface d'OpenAI lancée il y a un an. 

Considérée par de nombreux observateurs comme une révolution comparable à l'avènement d'internet, l'IA générative permet de produire textes, images et sons sur simple requête en langage courant.

Elle repose sur l'entraînement dans le cloud de modèles de langage, des systèmes informatiques qui compilent des montagnes de données pour être capable ensuite de "créer" des contenus.

Microsoft, investisseur majeur d'OpenAI, Google et Meta (Facebook, Instagram) ont mis au point leurs propres modèles.

Les services de cloud - Azure (Microsoft), AWS (Amazon) et Google Cloud en tête - "commencent à tirer des revenus de l'IA, même si les frais restent probablement plus élevés à ce stade", souligne Yory Wurmser d'Insider Intelligence.

"L'excitation porte sur ce qui est possible, sur ce qui va changer, sur la vitesse à laquelle ça va changer."

Le principal coût vient des microprocesseurs. Nvidia a gagné le jackpot en pariant il y a des années sur la conception des GPU, ces processeurs très chers devenus essentiels à la phase d'entraînement.

Mais "il faut comprendre comment cette IA va être utilisée, au bout du compte", intervient Jack Gold. "Environ 80 à 90% des tâches relèveront de l'inférence", c'est-à-dire du fonctionnement normal des modèles, après leur création.

Intel, le géant américain des puces électroniques, a donc eu à cœur de mettre en avant le potentiel de ses CPU, les microprocesseurs traditionnels.

"Nous pensons que c'est l'usage inférentiel de ces modèles qui va être véritablement spectaculaire à l'avenir", a assuré Pat Gelsinger, le patron du groupe californien. 

"Et ce déploiement va en grande partie avoir lieu sur nos microprocesseurs Xeon."

Personne n'est en retard

Amazon, qui n'a pas entraîné son propre modèle, va investir jusqu'à 4 milliards de dollars dans Anthropic, un concurrent d'OpenAI. 

Le numéro un mondial du commerce en ligne et du cloud a aussi insisté sur Bedrock, son outil de création et de déploiement d'applications d'IA générative.

"C'est très compliqué de déterminer quels modèles utiliser, et comment obtenir des résultats sûrs, en gardant le contrôle sur les coûts. Nos clients adorent Bedrock parce que le service élimine une grande partie de ces difficultés", a argumenté Andy Jassy, le patron d'Amazon.

Même Apple, toujours soucieux de ne pas se laisser dicter son agenda par les effets de mode, n'a pas pu échapper aux questions sur l'IA générative.

"Nous travaillons bien sûr dessus. Je ne vais pas rentrer dans les détails (...) mais vous pouvez être sûr que nous investissons plus qu'un peu dans ce domaine", a indiqué Tim Cook, le patron de la marque à la pomme.

Apple est attendu notamment du côté de Siri, son assistant vocal qui a peu évolué depuis des années. Amazon a récemment annoncé l'ajout progressif de capacités d'IA générative à son équivalent, Alexa.

"Personne n'est en retard sur un marché qui débute à peine, qui va nécessiter des investissements, et qui va commencer par les entreprises avant d'arriver véritablement chez les consommateurs", estime Carolina Milanesi, analyste de Creative Strategies.

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