Environnement
Les Français plébiscitent l'eau du robinet... sans la connaître
Entre motivation économique et conscience écologique, les Français, confiants dans sa qualité, plébiscitent l'eau du robinet. Mais ils demeurent mal informés sur ce bien précieux.
Pas moins de 85% des Français font confiance à l'eau du robinet, une proportion en croissance, d'après la 25e édition du baromètre annuel de Kantar, "Les Français et l'eau", réalisé pour le Centre d'information sur l'eau (Cieau). Sur cette base indispensable, les usages de consommation ont évolué vis à vis de ce bien jugé précieux sur le plan écologique et économique : aujourd'hui, 48% seulement des Français déclarent boire de l'eau en bouteille tous les jours ou presque, en baisse de trois points par rapport à 2019. Pour l'essentiel, ils invoquent une question de goût pour expliquer leur choix.
A contrario, les adeptes de l'eau du robinet ont augmenté (dans les mêmes proportions) : ils sont aujourd'hui 68% à déclarer en boire tous les jours ou presque. Et s'ils refusent la bouteille, c'est avant tout pour des motivations économiques, évoquées par 64% d'entre eux (en augmentation). Les raisons écologiques, elles, sont avancées par 60% des sondés.
De manière plus globale, c'est la quasi-totalité de la population qui se sent concernée par le sujet de la maîtrise de la consommation d’eau : 86% des personnes se déclarent attentives au sujet. Lequel s'avère « une affaire de sensibilité écologique, mais les considérations financières comptent aussi », note l'étude. Dans 39% des cas, il s'agit de réaliser des économies. Dans 62%, de préserver les ressources en eau en France ou de sauvegarder la planète.
Parmi les gestes principalement adoptés figurent, en tête, le fait de remplacer le bain par une douche, l'attention portée aux fuites d'eau, le fait d'éviter de jeter dans l’évier ou dans les toilettes lingettes, huile, produits toxiques...
Combien cela coûte ?
À la base de ces comportements, une conviction toujours plus largement partagée : les Français se montrent de plus en plus conscients du fait que leurs comportements de tous les jours ont des répercussions sur la dégradation des ressources en eau. Ils sont 68% à l'affirmer en 2020, contre 59% en 2019. Dans le même sens, ils sont huit sur dix à établir un lien entre changement climatique et qualité et quantité d'eau. D'après l'étude, aujourd'hui, l'opinion semble « un petit peu moins mobilisée sur le sujet de la disponibilité de la ressource (…). La persistance de la crise sanitaire a peut-être ramené les considérations environnementales à un second plan ».
Toutefois, cette prise de conscience a largement progressé sur le long cours (depuis 20 ans). Reste que conscience ne rime pas avec connaissance. Car l'étude pose aussi un autre constat : sur de nombreuses thématiques, les Français sont en réalité très mal informés sur le sujet de l'eau.
Par exemple, les deux tiers des sondés ne savent pas combien leur coûte l'eau. Au niveau de son utilisation, 61% déclarent se servir directement de l'eau chaude pour les besoins alimentaires (cuisiner, faire du thé…). Pourtant, ce type d'utilisation est fortement déconseillé, car elle favorise le développement des germes et la dissolution des métaux si l'eau a stagné. Quant au fonctionnement de l’assainissement des eaux usées, il demeure largement méconnu : seuls 40% des Français savent que dans le pays, les eaux usées sont collectées puis nettoyées dans une usine de dépollution, avant d’être réinjectées dans le milieu naturel.
Repères : la facture d’eau
Selon les chiffres de l'Observatoire des services publics d'eau et d'assainissement, publiés fin novembre, pour une consommation de 120 mètres cube par an, en 2020, l’eau coûtait en moyenne 4,19 euros le m3 (2,11 euros/ m3 pour l'eau potable et 2,08 euros/ m3 pour l'assainissement). Ce qui représente une facture d'eau annuelle de près de 503 euros.
B.L.