Les Français et le numérique : la confiance stagne
Alors que les usages numériques des Français atteignent désormais des niveaux très élevés, leur confiance en Internet stagne. Tels sont les principaux enseignements de la nouvelle édition du Baromètre ACSEL-Harris Interactive sur la confiance des Français dans le numérique.
C’est un des leviers essentiels au développement des usages numériques. Or, après plusieurs années de croissance, la confiance des Français en Internet tend à stagner. C’est ce qui ressort des résultats de la 9e édition du Baromètre de la confiance des Français dans le numérique, une étude réalisée fin 2021 par l’institut Harris Interactive pour l’Association de l’économie du numérique (ACSEL).
Le
niveau global de confiance en Internet ne progresse plus
Les
usages numériques des Français ont connu un fort développement ces
dernières années. La grande majorité des personnes interrogées
ont ainsi déclaré avoir recours à l’e-administration (94%),
l’e-commerce (93%), l’e-banking (91%), les réseaux sociaux
(87%), les messageries instantanées (83%) et des services utilisant
l’intelligence artificielle (70%). Ils sont en revanche une
minorité (25%) à utiliser un coffre-fort numérique.
En
parallèle, les résultats de cette étude montrent que le niveau de
confiance des Français dans le numérique n’augmente plus. Il
s’établit par ailleurs à des niveaux très différenciés selon
les usages. Ainsi, le niveau de
confiance est bien plus fort en ce qui concerne
l’e-administration (70%), l’e-banking (68%) et l’e-commerce
(61%) que pour les réseaux sociaux (35%). Et au final, la confiance
globale des Français vis-à-vis de l’usage d’Internet stagne :
43% des personnes interrogées ont déclaré avoir «globalement
confiance», contre 51% qui «n’ont pas
confiance». Ce niveau est même en régression chez les
seniors (65 ans et plus) où seuls 34%
font
«globalement
confiance»
à Internet.
Les
escroqueries en ligne alimentent la défiance
Comment
expliquer cette défiance ? La principale cause tient aux
risques d’escroquerie en ligne. Hameçonnage, fraude bancaire,
usurpation d’identité et autres arnaques… 64% des personnes
interrogées jugent que ces escroqueries sont de plus en plus
fréquentes. Et 42% d’entre elles affirment avoir subi des
conséquences négatives, à la
suite d’une arnaque en ligne. À noter que,
proportionnellement, les plus jeunes sont plus nombreux que les
autres à reconnaître avoir été impactés négativement.
Seuls six internautes sur 10 se sentent «bien informés et plutôt bien protégés» contres ces escroqueries. L’authentification forte est jugée comme le moyen le plus efficace de lutte contre la cybercriminalité, devant l’information sur les pratiques cybercriminelles, et l’authentification par reconnaissance faciale ou empreinte digitale. En termes de confiance, les sites des organismes publics arrivent en tête des services en ligne, à commencer par le site Ameli de l’assurance maladie et celui des impôts, devant les sites des banques, des professions réglementées, de la Poste, des fournisseurs d’énergies et des assurances.
Le
défi de l’identité et de l’authentification numériques
En ce qui concerne l’identité numérique certifiée (par le biais d’un certificat électronique), elle rassure 69% des internautes, qui la jugent utile pour la sécurité, en particulier pour les sites des administrations et des banques et pour les téléconsultations médicales. 70% des personnes interrogées ont déclaré avoir confiance dans FranceConnect, la solution proposée par l’État français pour sécuriser et simplifier la connexion à plus d’un millier de services en ligne.
En revanche, 31% estiment
que l’identité numérique certifiée constitue une menace pour les
libertés publiques et qu’il faut pouvoir rester anonyme sur
Internet. Et
pour ce qui est de leurs données personnelles, les Français
semblent prêts à accepter de les transmettre dès lors qu’il
s’agit de se simplifier la vie grâce à des services en ligne :
démarches administratives, suivi médical, livraison, solution qui
leur permet d’éviter un déplacement…
Une
appétence pour les nouveaux usages numériques
Les
résultats de cette étude montrent également que bon nombre de
Français font preuve d’un réel intérêt pour les nouveaux usages
numériques, tels que les cryptomonnaies, l’e-santé et le
métavers.
On
observe ainsi une hausse de la confiance dans tous les nouveaux
moyens de paiement, y compris par téléphone, et en particulier dans
le paiement par empreinte digitale (73%), par reconnaissance faciale
(64%) et le paiement sans contact (62%). De plus, 29% des personnes
sondées ont déclaré être prêtes à investir ou à acheter des
cryptomonnaies, et 27% à réaliser des paiements avec une
cryptomonnaie. C’est parmi les moins de 35 ans que cet intérêt
pour ces nouvelles monnaies est le plus marqué.
Par
ailleurs, neuf internautes sur 10 ont déjà eu au moins une
expérience dans le domaine de l’e-santé. La pratique la plus
répandue est la prise de rendez-vous médical en ligne, devant
l’utilisation du compte Ameli (en raison notamment de la pandémie),
la consultation de sites de santé ou de bien-être, et la
réalisation de démarches en ligne. En revanche, seules 27% des
personnes interrogées ont eu une expérience de téléconsultation
médicale, ce qui peut en partie s’expliquer par le fait que 45%
d’entre elles estiment qu’il est risqué d’utiliser des
nouvelles technologies en matière de santé.
Le
métavers suscite également pas mal d’intérêt de la part des
Français, puisque 38% disent avoir envie d’essayer d’évoluer
dans ce nouvel univers. On observe toutefois un net clivage en
fonction de l’âge : le nombre de personnes intéressées
monte à 69% chez les 15-24 ans, et tombe à 14% chez les plus de 65
ans. Aller dans le métavers, oui, mais pour quoi faire ?
L’activité qui arrive en tête des réponses est de « faire
des achats » dans cet univers virtuel, devant «suivre
des cours» et «participer à des réunions
publiques».