Consommation

Les Français consomment "responsable" pendant la crise

Favoriser le bio, le local...L’envie de consommer responsable a évolué avec la crise sanitaire. Mais, les Français continuent d’acheter des produits importés. C’est ce qui ressort du second baromètre sur la "Transition Alimentaire", réalisé par Opinion Way pour Max Havelaar France et publié fin 2020.

Aujourd’hui, 51% des Français fréquentent les marchés, contre 43% avant la pandémie. (c)AdobeStock
Aujourd’hui, 51% des Français fréquentent les marchés, contre 43% avant la pandémie. (c)AdobeStock

Le contexte de crise a bouleversé les pratiques de consommation des Français, et les a amenés à réfléchir sur leurs habitudes. Il a encouragé 73% d’entre eux à vouloir consommer responsable. Selon un sondage réalisé par Opinion Way pour Max Havelaar France*, ONG qui œuvre pour un commerce équitable, 62% des interrogés ont pris conscience de l’importance de certains comportements vertueux comme le zéro emballage et la consommation locale, la consommation équitable. Avec le confinement, 66% ont, par ailleurs, réalisé qu’il est possible de limiter sa consommation.


Se nourrir d’abord. Dans le contexte sanitaire actuel, 79% des Français privilégient davantage la consommation responsable dans le secteur alimentaire, qui résiste par rapport à son niveau d’avant crise (-2 points). C’est presque deux fois plus que l’achat des produits d’hygiène-beauté, eux en retrait (-9 points, 42 %), d’entretien (-8 points, 36 %) et de l’habillement (-9 points, 27 %). « La consommation alimentaire responsable se maintient dans le choix des produits et, nouveauté, dans une préférence croissante pour les points de vente direct producteurs », souligne Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar France.

Un attachement paradoxal aux produits importés
La pandémie a permis de prendre conscience de l’importance de consommer local. En ce sens, 78% des Français expriment leur envie de consommer des produits 100% territoriaux. Soit une hausse de 24% par rapport à la première période de confinement, au printemps 2020. 58% réalisent toutefois que plusieurs produits consommés quotidiennement sont importés. Et une large majorité d’entre eux (93%) peinent à imaginer en abandonner, au moins un. Parmi ces produits : le quinoa (+ 5 points par rapport au premier confinement), les épices (+4), les bananes ou le café (+1). 

  Les Français changent leur lieux d’achat
Avant la crise, les consommateurs avaient recours fréquemment aux enseignes généralistes pour réaliser leurs achats responsables. Cette édition du baromètre révèle une nouvelle tendance : aujourd’hui, 51% des Français fréquentent les marchés, contre 43% avant la pandémie, 27% récupèrent leurs courses auprès des producteurs (+7 points) et une proportion similaire se fournit chez les enseignes bio (+4 points). Pour 44% des Français interrogés, ce changement des lieux de fréquentation est étroitement lié à la recherche de produits responsables de haute qualité. 34% visent la proximité, tandis que 31% se préoccupent de la diversité de ces produits.

Des freins persistent
Le prix reste le premier critère pris en compte, par 59% des sondés lors de leurs courses alimentaires. 72% le considèrent comme étant le premier frein aux achats de produits responsables (+3 points). Et la tendance devrait se renforcer : 19% des Français anticipent une hausse de prix de ce type de produits à l’avenir. Autre frein, l’implication des consommateurs : 49% des sondés pensent s’être suffisamment engagés en faveur de la consommation responsable. Environ 70% estiment que consommer 100% ou presque de manière responsable nécessite beaucoup d’efforts et plusieurs changements à effectuer au quotidien. Et 79% trouvent que la consommation responsable souffre de certaines pratiques dévastatrices , comme l’usage du plastique dans l’emballage des produits bio, par exemple.

Globalement, les changements des habitudes des Français en termes de consommation responsable ont bien évolué pendant la crise sanitaire. Il reste toutefois à suivre leur dynamique à long terme, afin de vérifier leur pérennité, de s’assurer qu’il ne s’agit pas simplement d’une tendance occasionnelle liée à la pandémie.


* Baromètre réalisé auprès d'un échantillon de 2034 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, constitué selon la méthode des quotas. Les interviews ont été réalisées en ligne du 16 au 22 octobre 2020.