Savoir-faire

Les Forges d’Albert se développent sur le marché du nucléaire

L’entreprise centenaire d’Albert travaille à 60% pour le marché du nucléaire. Un marché porteur et stratégique, si bien que les Forges d’Albert vont investir dans de nouvelles machines, aidés par France Relance.

Maël Haidous dirige les Forges d’Albert depuis quatre ans. ©Aletheia Press/ E.Castel
Maël Haidous dirige les Forges d’Albert depuis quatre ans. ©Aletheia Press/ E.Castel

Le bruit du pilon raisonne dans l’usine. Les forgerons réalisent à l’œil des galets d’acier et des barres rondes, rectangulaires ou carrés, en acier ou en inox, chauffées à 1 000 degrés. Les pièces peuvent peser jusqu’à 200 kilos. Un métier précis, physique, réalisés par six forgerons, et deux personnes qui travaillent à l’usinage. Quatre autres salariés travaillent dans les bureaux.

Marché porteur du nucléaire

Les Forges d’Albert existent depuis plus de 110 ans. Auparavant en plein centre-bourg, l’usine a déménagée au début des années 2000, « pour des raisons évidentes de voisinage », sourit le dirigeant, Maël Haidous. 

Appartenant au groupe familial Alliance industrielle Romagny (Air), basé dans la Loire, depuis 2009, l’entreprise travaille aujourd’hui à 60% pour le marché du nucléaire, notamment pour des clients allemands et britanniques, et à 20% pour le secteur du pétrole et du gaz, le reste est consacré à l’énergie et des industries diverses.

L’entreprise travaille à 60% pour le marché du nucléaire, en produisant notamment des tubes comme ici. ©Aletheia Press/ E.Castel

Anticipant un marché du nucléaire porteur, Maël Haidous avait investi dans de nouvelles machines en 2019, « notamment un nouveau four de traitement thermique ». L’année dernière, il décroche un gros appel d’offre pour produire des milliers de pièces. 

C’est la première fois que l’entreprise participe à un projet sur le long terme. « Habituellement, entre le moment de la commande et le process, il y a entre deux et quatre semaines, cette fois-ci, cette commande s’étale sur plusieurs mois.»

Il a fallu établir un calendrier prévisionnel, des plannings, et des suivis hebdomadaires avec les clients, car « dans le nucléaire, il faut expliquer précisément le process avec une documentation très précise, suivre tout un tas de contraintes administratives etc. », précise le dirigeant.

La commande a été passée en juillet 2020, et « on aura fini de livrer en novembre 2022 », complète-t-il. À cela s’ajoute des quantités additionnelles, « car quand ils construisent des centrales nucléaires, les métrés évoluent sans cesse et souvent à la hausse ». Si bien qu’il prévoit une augmentation du chiffre d’affaires par rapport à l’année dernière. « Entre 2,5 millions d’euros et 2,8 cette année, contre 2,1 millions en 2021. »

Une aide jusqu’à 400 000 euros

Pour faire face à ce nouveau développement dans le nucléaire, les Forges doivent à nouveau investir dans des machines, notamment « un nouveau charriot d’élévation pour la forge, de l’équipement pour la bâche à eau, et enfin de nouvelles machines d’usinage », explique Maël Haidous. 

Les devis sont en cours, et pour cela, l’entreprise pourrait bénéficier d’une aide allant jusqu’à 50% des investissements de la part de France Relance, soit 400 000 euros. « Nous avons deux ans pour faire ces investissements », précise le dirigeant.

Mais ce n’est pas le seul enjeu… Ces derniers mois, l’entreprise fait face à l’augmentation du prix des matières premières, « le prix de l’acier a doublé par rapport à deux-trois ans en arrière, nous avons donc dû réévaluer à la hausse nos prix, puisque l’on achète plus cher », conclut le dirigeant.