Aisne : les Fonderies de Sougland, une entreprise centenaire à la pointe de l’innovation

Il est 8 h 30 et déjà les Fonderies de Sougland, installées, à Saint-Michel, sont en ébullition. Si pour beaucoup l’heure est encore au café fumant, les fondeurs sont eux à pied d’œuvre depuis 4 heures du matin. Habillés à la façon de cosmonautes industriels, deux artisans se préparent à la prochaine coulée. La matière en fusion est sortie de son âtre, elle est ensuite transportée jusqu’aux moules.

« On ajoute de la silice pour agglomérer les déchets ce qui permet ensuite de les retirer facilement », explique Martine Martin, chargée de communication des Fonderies de Sougland. Sur la ligne, l’un s’occupe de la manipulation du contenant pendant que l’autre supervise la coulée. « Cela demande beaucoup d’expérience, il faut que tout se déroule de façon fluide », ajoute-t-elle. Ce ballet où se mêle agilité, dextérité et savoir-faire est le point d’orgue des visites découvertes du site.

Faire connaître ses métiers et susciter des vocations

Labellisées "Entreprise du patrimoine vivant", les Fonderies ont eu envie de s’ouvrir au grand public pour faire connaître la diversité de leurs métiers, mais aussi susciter des vocations. « Nous avions l’habitude d’accueillir des visiteurs lors des journées Savoir-faire de Thiérache organisées par la Maison des entreprises de Thiérache et de la Serre (Mets). Et puis en 2019 nous a été décerné le label "France savoir-faire d’excellence" qui regroupe une centaine d’entreprises en France », résume Yves Noirot, Directeur général des Fonderies de Sougland. Une certification qui a entraîné une formation dispensée par l’association Entreprise et Découverte qui a pour objectif de valoriser et promouvoir le tourisme de savoir-faire.

En 2020, malgré la crise sanitaire, la structure a accueilli plus de 200 personnes. « Nous reprendrons les visites à la rentrée, mais nous sommes déjà très sollicités », ajoute le dirigeant. À tel point que l’entreprise et le Familistère de Guise réfléchissent actuellement à la création d’un circuit commun. « Leur fonderie n’est plus en activité, mais nos histoires se rejoignent », rappelle Martine Martin qui accueillait avant la Covid des groupes d’une quinzaine de personnes deux à trois fois par semaine.

Savoir-faire, polyvalence et créativité

Peu habitués au contact avec le public, les salariés des Fonderies ont appris à apprécier ces incursions dans leur quotidien. « Il y a quelque chose de très valorisant dans ces visites. Les gens découvrent nos métiers, cela les rend attractifs et il y aussi tout un côté de transmission de nos compétences que j’aime beaucoup. C’est ce que j’essaye aussi de faire avec les apprentis », sourit Cédric Bourgeois, responsable moulage.

Devant lui, une pièce de moteur à destination de la marine américaine attend de passer entre ses mains expertes. « C’est très complexe, on n’a pas le droit à l’erreur. On y pense tout le temps, y compris le week-end. Il faut être certain que tout soit à sa place exacte. On ne peut pas faire ce métier si l’on n’est pas passionné », ajoute celui qui travaille régulièrement avec la R&D.

Loin de se complaire dans leur glorieux passé, les Fonderies de Sougland misent avant tout sur l’innovation et l’amélioration continue. Vitrine de l’Industrie du futur, labellisée French Fab, l’entreprise consacre jusqu’à 7% de son chiffre d’affaires à la R&D et s’est même adjoint les services d’une chercheuse. « C’est une vraie curiosité pour une structure de 70 personnes, mais c’est là toute la différence. On peut à la fois être entreprise du Patrimoine vivant et regarder vers l’avenir », observe Yves Noirot.

Travaillant pour des secteurs aussi divers que l’industrie navale, la chimie, la mécanique, le ferroviaire ou encore la sidérurgie, les Fonderies de Sougland doivent leur succès à cette diversification, à leur choix de produire de petites séries et à leur obsession pour la satisfaction client. 

« Ici, il y a une vraie culture de la solution, nous travaillons avec nos clients et avec les équipes opérationnelles de la fonderie pour trouver ensemble la meilleure voie et faire un chiffrage au plus juste », note de son côté Jean-François Cousin, responsable du bureau d’études. « Nous ne pouvons pas rivaliser avec les prix pratiqués en Chine par exemple, mais nous ne sommes pas sur la même offre. Il y a ici une vraie valeur ajoutée », pointe-t-il.

Une entreprise engagée

En plus de la maîtrise de plus de 300 nuances de fontes et d’aciers, les Fonderies de Sougland continuent à innover en proposant des formules plus résistantes mais aussi plus durables. Une orientation en faveur de l’environnement prise de longue date par l’entreprise certifiée ISO 14001 depuis plus de 20 ans et membre de la communauté du Coq Vert. 

« Nous proposons à nos clients de collecter leurs pièces pour les recycler. Elles sont refondues ici », explique Martine Martin avant de pointer le remplacement des fours – tous à induction à présent- ou encore le projet de réutilisation de chaleur produite dans l’atelier pour chauffer une partie du site.

« Ce n’est pas du marketing ou de communication, tout cela fait partie de notre plan stratégique, nous nous engageons par conviction. C’est exactement comme notre ouverture au public : c’est un acte de transparence », conclut Yves Noirot également ambassadeur Coq Vert. Une philosophie qui répond aux attentes des jeunes talents, mais aussi de plus en plus à celles des acteurs économiques.