Les finances publiques locales retrouvent leur niveau d’avant la crise
La Cour des comptes constate que les collectivités locales ont vu leur situation financière s’améliorer nettement en 2021, même si toutes n’en ont pas bénéficié de la même façon.
Dans
un contexte de forte reprise économique et grâce aux mesures
de soutien et de relance exceptionnelles mises en place par l’État,
la situation des finances publiques locales a connu une réelle
embellie en 2021, après une année marquée par la crise sanitaire
en 2020. Tel est le rapport global qu’a dressé, le
12 juillet dernier, la Cour des comptes sur la
situation financière et la gestion des collectivités territoriales
et de leurs établissements publics, en 2021. L’épargne brute des
collectivités a ainsi atteint l’an passé un niveau supérieur à
celui d’avant crise, et l’investissement local a de nouveau
progressé.
Forte
progression des recettes, supérieure à celle des charges
Dans
un contexte de réforme de la fiscalité locale et des impôts de
production, cette embellie est avant tout liée à une forte
progression des recettes des collectivités territoriales.
Bénéficiant du fort rebond de l’activité économique, les
produits réels de fonctionnement ont, en effet, augmenté de plus de
5% en 2021, atteignant un niveau supérieur de 3% à celui d’avant
crise.
La
forte baisse des impôts fonciers et de production des entreprises a
été absorbée par les compensations prévues par l’État, et les
départements ont notamment bénéficié d’une forte hausse des
droits de mutation à titre onéreux. Les recettes tarifaires et
domaniales, qui avaient été très affectées par la crise sanitaire
en 2020, ont enregistré un fort rebond en 2021, sans toutefois
retrouver leur niveau d’avant crise. Enfin, les dotations de l’État
ont également aussi progressé l’an passé, et «la
moindre mobilisation des filets de sécurité par rapport à 2021
s’est accompagnée d’une nouvelle hausse du fonds de compensation
de la TVA et d’une augmentation de la part de la TVA versée aux
régions», constatent les magistrats financiers dans leur
rapport.
En
parallèle, les charges réelles de fonctionnement des collectivités
locales ont globalement progressé de 2,6%. La hausse a été
particulièrement marquée pour les achats de biens et de services
(+5,7%) et les dépenses de personnel (+2,8%).
Un
niveau d’épargne inédit
Le fait que la hausse des produits de fonctionnement a été supérieure à celle des charges en 2021 s’est traduit par un niveau d’épargne inédit de la part des collectivités locales. Il s’est établi à 41,1 milliards d’euros, soit 2,4 milliards d’euros de plus qu’avant la crise. Dans un contexte de relance de l’activité et de soutien de l’État à l’investissement économique local, les dépenses d’investissement ont enregistré une nouvelle hausse en 2021, une situation assez inhabituelle hors période électorale.
Autre particularité :
la mobilisation de l’emprunt a été très supérieure au besoin en
financement, ce qui a fait augmenter le niveau global de la dette des
collectivités locales de 2,2 milliards d’euros. «Cette
forme de mise en réserve relève, au moins en partie, d’une
épargne de précaution en période de taux bas. Certaines
collectivités ont ainsi souhaité thésauriser plutôt que
d’utiliser pleinement leurs ressources ou de diminuer leurs impôts,
afin de se prémunir contre de futurs aléas», relèvent
les rapporteurs. Les récentes réformes fiscales ayant rendu leurs
recettes plus sensibles à la conjoncture économique, il semblerait
que les collectivités profitent de cette année faste pour se
constituer une épargne de sécurité, en prévision d’années plus
difficiles.
Une
embellie générale mais inégale
Toutes
les catégories de collectivités n’ont pas bénéficié de cette
embellie de la même façon. La situation financière
particulièrement favorable du bloc communal lui a permis de
reconstituer en 2021 un niveau d’épargne brute global supérieur à
celui d’avant crise. Mais les résultats sont toutefois hétérogènes
selon la taille des communes. Ainsi, celles de plus de 100 000
habitants, davantage fragilisées par la crise, n’ont pas retrouvé
leur niveau d’épargne brute de 2019.
La
situation financière des départements s’est quant à elle
nettement améliorée en 2021. Les droits de mutation à titre
onéreux ont atteint un niveau exceptionnel (+27%), alors que les
dépenses sociales ont enregistré une hausse très modérée (+1,5%)
– celles relatives au RSA ont même légèrement diminué (-0,1%).
La hausse des recettes (+6,5%) ayant été plus importante que celle
des dépenses (+1,4%), l’épargne globale des départements a fait
un bond de 10%. Reste que cette embellie pourrait n’être que
conjoncturelle du fait de la forte exposition des budgets
départementaux à la conjoncture économique et immobilière.
Renouant
avec la tendance générale des dernières années, brièvement
interrompue par la crise, les régions ont elles-aussi vu leur
situation financière s’améliorer, l’an passé. Leur épargne
brute s’est reconstituée et leur recours à l’emprunt a été
moindre qu’en 2020 (-18,3%). Le ratio de désendettement des
régions varie de deux à dix ans et les situations atypiques
constatées en 2020 – dans les régions les plus touristiques,
notamment – ont été corrigées.
Quelle
contribution au redressement des finances publiques ?
Les modalités de contribution du secteur public local au redressement des finances publiques seront à l’ordre du jour de la prochaine loi de programmation des Finances publiques. Une décision qui va s’inscrire «dans un contexte économique incertain, caractérisé en particulier par un niveau d’inflation élevé», soulignent les magistrats de la Cour des comptes. La deuxième partie de leur rapport (fascicule 2), qui sera publié l’automne prochain, apportera un éclairage sur l’évolution de la situation financière des collectivités territoriales au regard des constats observés en 2021, de la réforme du panier fiscal et de l’impact, sur les dépenses et sur les recettes, de ce nouveau contexte inflationniste.