Les femmes trouvent leur place dans le bâtiment
Depuis les années 2000, le secteur du bâtiment tente de conjurer les préjugés en attirant davantage de femmes. Grâce à un matériel plus performant et plus léger, il n'est plus nécessaire d'être un homme pour être maçon, carreleur ou ouvrier. La mobilisation des syndicats professionnels, Fédération française du Bâtiment, Capeb et Fédération nationale des Travaux Publics, comme des entreprises, porte progressivement ses fruits. Sous le prisme lorrain, la tendance est aussi à un relatif accroissement des effectifs féminins.
On peut tenter l’expérience. Sans doute, si l’on se rendait aujourd’hui dans un établissement scolaire de la région nancéienne et que l’on interrogeait les lycéennes quant à leurs aspirations professionnelles, très peu d’entre elles citeraient les métiers du bâtiment ou des travaux publics. La branche est vue, à juste titre, comme un milieu majoritairement masculin. De plus, la pénibilité supposée des tâches effectuées sur les chantiers laisse à penser que la force physique est un prérequis obligatoire aux postes. Cela tient, sans doute, à l’image populaire du BTP dans l’esprit du grand public… laquelle véhicule son lot de préjugés. Car si le pourcentage de femmes présentes dans le secteur a bien progressé depuis 20 ans, elles sont encore rares sur les chantiers : actuellement 12,4 %, selon la Fédération française du Bâtiment. Cette donnée croît régulièrement : 8,6 % en 2000, 9,9 % en 2005, 11,1 % en 2010 et 11,7 % en 2014. En Lorraine, on les estime à quelque 10 % d’un total des 40 000 salariés. Le BTP a un atout, qui montre son attractivité : sa pluralité de métiers. Ce qui laisse supposer une place importante aux femmes voulant y évoluer. On le voit en scrutant les offres d’emploi relatives au bâtiment : de nombreuses offres non pourvues concernent des postes d’ingénieurs et d’encadrement de chantiers.
Rajeunir les effectifs
Or, cela tend à augmenter la professionnalisation de la branche. Ce niveau d’études est favorable aux femmes. On en recense 78 % d’employées, techniciennes et agents de maîtrise, 13 % d’ingénieurs et assimilés cadres et 9 % d’ouvrières. Sur le global masculin/féminin, ces données sont respectivement de 45,7 %, 19,4 % et 1,6 %. C’est un atout mis en avant par les professionnels du secteur. À l’heure où les femmes sont en première ligne des temps partiels et des bas salaires, des opportunités rémunératrices et pérennes existent pour elles dans le BTP. 1,6 % d’ouvrières. Le chiffre interpelle. Et met en lumière un frein majeur : celui de la pénibilité des travaux. Pourtant, les conditions d’exécution s’améliorent sans cesse, grâce aux évolutions logistiques et matérielles, touchant la mécanisation, les engins de levage, les matériaux, les conditionnements. La force n’est plus seulement utilisée, l’habileté la rejoint. Le bâtiment compte 32 métiers : grutier, maçon, carreleur, électricien, couvreur-zingueur, peintre, plombier… se déclinent au féminin. Pour la branche, il s’agit également de rajeunir ses effectifs. 24 % des salariées du BTP ont entre 51 et 60 ans. Seulement 18 % moins de 30 ans. Ici, les femmes représentent 4 % des effectifs en formation par l’apprentissage. Elles choisissent en majorité les métiers liées à la peinture. Du côté de l’entrepreneuriat, 27 % d’une TPE/PME sur deux sont dirigées ou codirigées par une femme. Quand on sait que 30 % des entreprises seront à reprendre dans les dix ans à venir, on mesure l’opportunité qu’elles ont d’entrer dans l’entrepreneuriat et pour le secteur du Bâtiment de s’approcher encore un peu plus de la parité hommes et femmes. C’est là un long parcours.