Les femmes islandaises en grève pour l'égalité salariale

Des dizaines de milliers de femmes, dont la Première ministre Katrín Jakobsdóttir, ont cessé le travail mardi en Islande pour demander l'égalité salariale et protester...

La Première ministre islandaise Katrin Jakobsdottir arrive au palais de l'Alhambra à Grenade en Espagne, le 5 octobre 2023, avant un dîner officiel lors du sommet de la Communauté politique européenne © JORGE GUERRERO
La Première ministre islandaise Katrin Jakobsdottir arrive au palais de l'Alhambra à Grenade en Espagne, le 5 octobre 2023, avant un dîner officiel lors du sommet de la Communauté politique européenne © JORGE GUERRERO

Des dizaines de milliers de femmes, dont la Première ministre Katrín Jakobsdóttir, ont cessé le travail mardi en Islande pour demander l'égalité salariale et protester contre les violences faites aux femmes.

L'Islande est classée au premier rang mondial pour l'égalité entre les genres, selon les classement du Forum économique mondial (WEF), mais les organisatrices du mouvement soulignent la nécessité pour leur pays d'aller plus loin et de montrer l'exemple.

"Nous sommes parfaitement conscients que nous n'avons pas atteint l'égalité entre les hommes et les femmes et que, même si la situation est meilleure qu'ailleurs, il n'y a aucune raison de s'arrêter là", dit à l'AFP Steinunn Rögnvaldsdóttir, l'une des organisatrices de cette journée baptisée "Kvennafrí" ("Journée libre pour les femmes"). 

Cette journée a été organisée à six reprises depuis 1975 en Islande mais ce n'est que la deuxième fois que la grève sera observée toute la journée, ajoute-t-elle.

Les fois précédentes, les femmes cessaient le travail au moment de la journée où elles n'étaient plus rémunérées par rapport aux hommes.

En Islande, l'écart salarial moyen entre hommes et femmes était de 10,2% en 2021, selon l'agence nationale des statistiques.  

Quelque 90% des femmes avaient participé en 1975 et "à l'époque, c'était radical", relève Mme Rögnvaldsdóttir.

La Première ministre a annoncé qu'elle montrerait l'exemple.

"Elle ne s'acquittera pas de ses fonctions officielles (...) et la réunion du cabinet prévue aujourd'hui a été reportée à demain", a indiqué le cabinet de Mme Jakobsdóttir à l'AFP son cabinet.

Cadeau pour la belle-mère

Un grand rassemblement a débuté à 14H00 à Reykjavik où la place principale apparaissait bondée, selon les images des médias islandais. Des rassemblements étaient prévus dans une vingtaine de communes du pays.

La ville de Reykjavik, dont 75% des salariés sont des femmes, a annoncé que 59 crèches et écoles maternelles seraient fermées et que l'ensemble des services municipaux fonctionneraient au ralenti. Les salaires des fonctionnaires grévistes seront versés.

Les organisatrices du mouvement s'attendent à ce que les hommes prennent en charge ce mardi le travail non rémunéré qui incombe souvent aux femmes.

"Nous attendons des maris, des pères, des frères et des oncles qu'ils assument les responsabilités liées à la famille et au foyer, par exemple : préparer le petit-déjeuner et le tupperware pour le déjeuner, se souvenir des anniversaires des proches, acheter un cadeau pour la belle-mère, prendre rendez-vous chez le dentiste pour l'enfant, etc.", énumèrent les grévistes sur leur site.

"Il faut que nous soyons toujours sur nos gardes quand il s'agit de nos droits", dit à l'AFP Lína Petra Thórarinsdóttir, 45 ans, en charge du tourisme à Business Iceland, une agence de promotion du pays.

"En Islande, nous sommes fières de ce que nous avons accompli et je suis reconnaissante envers les femmes qui étaient là avant nous". 

Elle dit vouloir continuer jusqu'à ce que l'égalité totale entre hommes et femmes soit atteinte, à tous les niveaux. 

Les grévistes veulent aussi, avec cette journée, soulever les problèmes liés aux violences de genre. 

"Nous voyons que 40% des femmes ont subi ou vont subir des violences dans leur vie. Cette grève est à la fois pour l'égalité salariale mais aussi contre les violences contre les femmes et les personnes non binaires", selon Mme Thórarinsdóttir.

Le mouvement promettait également d'être largement soutenu par les femmes contraintes de travailler ce mardi.

Fjóla Helgadóttir, 41 ans, travaille en tant qu'infirmière et dit ne pas pouvoir faire grève. "J'aurais aimé participer (...) aujourd'hui, mais comme nous travaillons dans un service d'urgence pour enfants, nous devons fournir ce service", a-t-elle expliqué à l'AFP, soulignant que la cause est "extrêmement importante".

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