Les exportations chinoises ont piqué du nez en 2023

Les exportations de la Chine ont connu l'an dernier un repli, le premier depuis 2016, au moment où tensions géopolitiques avec les Etats-Unis et demande mondiale atone pénalisent un moteur...

Vue aérienne de voitures chargées sur un bateau pour l'exportation au port de Lianyungang, dans la province chinoise du Jiangsu, le 5 décembre 2023 © STR
Vue aérienne de voitures chargées sur un bateau pour l'exportation au port de Lianyungang, dans la province chinoise du Jiangsu, le 5 décembre 2023 © STR

Les exportations de la Chine ont connu l'an dernier un repli, le premier depuis 2016, au moment où tensions géopolitiques avec les Etats-Unis et demande mondiale atone pénalisent un moteur clé de la deuxième puissance économique.

Les exportations sont historiquement un important levier de croissance pour le géant asiatique et leur performance a un impact direct sur l'emploi pour des milliers d'entreprises du secteur. 

L'année 2023 a notamment été marquée par neuf mois de repli des ventes de produits et services chinois pour l'étranger. 

Depuis novembre, les exportations repartent à la hausse et elles ont même accéléré en décembre sur un an (+2,3%), selon les chiffres publiés vendredi par les Douanes chinoises. 

Mais cette hausse est à relativiser car la comparaison se fait avec décembre 2022 lorsque les restrictions sanitaires contre le Covid-19 pénalisaient l'activité en Chine.

La menace de récession en Europe, combinée à une inflation élevée, contribue désormais à affaiblir la demande internationale en produits chinois.

Les tensions géopolitiques et la volonté de certains pays occidentaux de réduire leur dépendance à la Chine ou de diversifier leurs chaînes d'approvisionnement expliquent également cette baisse.

Les exportations chinoises sont confrontées à "un environnement extérieur dont la complexité, la sévérité et l'incertitude augmentent", a souligné devant la presse Wang Lingjun, un responsable des Douanes.

Tensions géopolitiques

Sur l'ensemble de l'année 2023 la totalité des exportations du géant asiatique se contractent (-4,6%), d'après les chiffres en dollars des Douanes. 

Il s'agit d'une première depuis 2016.

En 2022, les ventes de produits et services chinois dans le monde avaient encore progressé de 7%.

Le commerce entre la Chine et les Etats-Unis a suivi la même tendance pour connaître sa première contraction depuis 2019, dans un contexte de tensions géopolitiques entre Pékin et Washington.

En 2023, les deux premières puissances économiques ont échangé pour 664,4 milliards de dollars de biens et services, en baisse de 11,6% sur un an. 

La dernière contraction annuelle remontait à 2019, conséquence de la guerre commerciale lancée contre Pékin par l'ancien président américain Donald Trump.

Les échanges commerciaux entre les deux pays ont par la suite bondi durant la pandémie, la Chine étant alors le principal fournisseur mondial de produits contre le Covid-19.

En 2022, le commerce entre Pékin et Washington avait atteint un niveau record à 759,4 milliards de dollars.

A l'inverse, les échanges commerciaux entre la Chine et la Russie ont atteint un niveau record en 2023.

Reprise fragile

Les deux pays voisins, se sont notoirement rapprochés sur les plans politique et économique depuis l'invasion russe de l'Ukraine engagée en 2022, que Pékin n'a pas condamnée.

L'an dernier, Chine et Russie ont ainsi échangé pour 240,1 milliards de dollars de biens et services, selon les Douanes chinoises. Ce chiffre est en hausse de 26,3% sur un an.

Pékin et Moscou avaient fixé à 200 milliards de dollars leur objectif annuel, ce qui constituait déjà un record historique. Ce seuil a été franchi en novembre.

La publication des chiffres du Commerce intervient avant ceux très attendus de la croissance la semaine prochaine.

Pékin visait pour 2023 une hausse "d'environ 5%" du Produit intérieur brut (PIB), un objectif qui pourrait être difficile à atteindre, estiment certains économistes.

En 2022, le PIB du géant asiatique avait progressé de 3%, loin de l'objectif officiel de 5,5%, et à l'un des rythmes les plus faibles enregistrés par le pays depuis quatre décennies.

Signe de la fragilité de la reprise, la Chine était en déflation en décembre pour le troisième mois consécutif, selon des données officielles publiées vendredi. 

Cette situation tranche avec l'inflation en cours dans les grandes économies. 

La déflation "traduit le ralentissement de la demande intérieure" dans un contexte de crise de l'immobilier et de chômage notamment chez les jeunes, estiment dans une note les analystes de la banque d'affaires Goldman Sachs. 

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