Les entreprises et les municipales…
Les 15 et 22 mars prochains auront lieu les élections municipales. Le grand barnum démocratique pour renouveler les exécutifs locaux est déjà bel et bien lancé. Au-delà des problématiques et projets inhérents à chaque territoire, une question se fait récurrente. Comment concrétiser et donc financer les idées inscrites sur le papier glacé d’un programme électoral, à hauteur d’une ville, d’un village ? Pas simple pour les futurs édiles, comme pour les actuels d’ailleurs. Car l’échelon municipal, pilier de notre système républicain, doit répondre à une double équation : gérer le manque à gagner lié à l’exonération de 80 % des contribuables de la taxe d’habitation voulue par le gouvernement et la demande pressante de ce même gouvernement aux collectivités territoriales de réduire leurs dépenses. Rajouter les exigences croissantes des administrés. Au passage, une commune, c’est une kyrielle de services publics : l’accès aux crèches, l’éducation, les seniors, la culture, les subventions aux associations, le sport… Pour remplir leurs caisses, les localités s’appuient sur deux sources principales : les dotations de l’État et les recettes fiscales. La contribution prioritaire de l’État est la dotation globale de fonctionnement (DGF) : une part forfaitaire correspond à un tronc commun perçu par toutes les collectivités bénéficiaires et une part est reversée aux collectivités les plus défavorisées. Or, depuis plusieurs années, ces recettes s’amenuisent. Une commune a un autre levier. La fiscalité locale. Un baril de poudre en période électorale. On trouve là les impôts locaux et une palette d’impôts et taxes (droits de mutation à titre onéreux, taxe d’enlèvement des ordures ménagères, taxe sur les certificats d’immatriculation, taxe de séjour, taxe d’apprentissage…). Les seuls impôts locaux pèsent 40 % des recettes de fonctionnement. Cela permet aux collectivités de garder leur autonomie financière. Les communes bénéficient le plus de l’impôt local : 60 % de leurs recettes. Ces impôts locaux ce sont la fameuse taxe d’habitation, deux taxes foncières sur le bâti et le non bâti. Enfin, 4e ressource locale : les impôts économiques regroupant la cotisation foncière des entreprises, la cotisation sur la valeur ajouté des entreprises, les impositions forfaitaires sur les entreprises de réseaux et la taxe sur les surfaces commerciales. Les entreprises restent force vive de nos territoires, en termes économique et social. Car si elles contribuent – fortement – à remplir les caisses de l’État et des collectivités, elles sont aussi pourvoyeuses d’emplois en urbanité et en ruralité. Plus que jamais, les chefs d’entreprise auront leur mot à dire dans les débats à venir. Certains vont franchir le Rubicon pour se présenter au suffrage universel. Ils seront alors doublement acteurs de leurs territoires.
49 %
C’est la proportion des entreprises françaises installées à l’étranger ayant choisi de le faire aux États-Unis, selon le baromètre 2018 établi par Pramex et Banque Populaire. Principalement sur la côte Est, où New York et Boston concentrent 40 % des implantations. En Europe, l’Espagne est devenue la première destination des projets d’investissement des entreprises hexagonales, devançant le Royaume-Uni (8,4 % contre 7,1 %). Londres attire plus de 7 % de ces projets. En 4e position, l’Allemagne confirme son rôle de partenaire majeur des sociétés françaises (6,9 %), suivie de près par la Chine (6,2 %). L’Italie, le Canada, Hong Kong et Singapour sont les autres lieux prisés de destination économique. En un an, le nombre d’implantations de start-up françaises à l’étranger a bondi de 25 %. Le plus souvent, cela se traduit sous la forme d’un bureau commercial, à 69 %. Seules 10 % des entreprises mettent en place un site de production locale. Les néo entreprises se montrent à présent presqu’aussi audacieuses que les expérimentées. 32 % des projets d’implantation sont réalisés par des sociétés primo-investisseurs, formées pour la moitié de start-up. Par contre, les opérations de fusions-acquisitions restent, pour 75 % d’entre elles, la caractéristique des entreprises de taille intermédiaire. Cela s’explique aisément. Un projet de croissance externe demande à la fois des fonds financiers et une structure installée. En moyenne, les entreprises françaises se lançant dans ce type d’opérations disposent déjà de six filiales à l’international et maîtrisent les rouages des marchés internationaux. La concentration des implantations aux États-Unis et en Europe de l’Ouest augmente (67 % des projets). Cela confirme une stratégie d’internationalisation vers des pays à l’écosystème financier puissant et au fort niveau de PIB. Partir à la conquête du monde économique, certes, mais pas n’importe où et n’importe comment. Impossible n’est toujours pas français, mais avec réalisme et pragmatisme. Il est une chose certaine, un nombre croissant de start-up, PME et ETI françaises développent une ambition de croissance hors de notre périmètre national. De moins en moins, le mot export suscite de crainte chez les entrepreneurs. La jeune génération de gérants, biberonnée aux échanges de par le monde via internet, y est pour beaucoup. Ces jeunes pousses s’implantent à l’étranger, en moyenne, dès leur quatrième année d’existence. «Voir c’est savoir, vouloir c’est pouvoir, oser c’est avoir.», selon la citation d’Alfred de Musset.