RSE

Les entreprises à mission : un modèle d'avenir pour le Medef Somme

Quatre cent cinquante personnes ont répondu présent à la Garden party du Medef Somme, qui s’est déroulée le 23 septembre au Château de Flixecourt. L’instance patronale avait retenu pour cette édition 2021 une thématique qui lui tient à cœur et dont elle a fait l’un de ses chevaux de bataille : "Enjeux sociaux et environnementaux : les entreprises à mission, un modèle d’avenir".

Stéphan de Butler, Pierre-David Vignolle, Michel Meunier, Eroll Cohen et Frédéric Delloye, fervents défenseurs de l'entreprise à mission. (c)Teddy Henin
Stéphan de Butler, Pierre-David Vignolle, Michel Meunier, Eroll Cohen et Frédéric Delloye, fervents défenseurs de l'entreprise à mission. (c)Teddy Henin

À la tribune pour débattre de ce sujet ô combien d’actualité, des experts en la matière : Michel Meunier, dirigeant "entrepreneur responsable" de Janus France (menuiserie, serrurerie, vitrerie, implantée dans l’Oise et la Somme) l’avocat du cabinet Leplay Errol Cohen, auteur de La société à mission – la loi PACTE : enjeux pratiques de l’entreprise réinventée et Frédéric Delloye, patron de l’entreprise à mission nordiste Anaïk, spécialisée dans les cadeaux d’entreprise. Des échanges orchestrés par l’avocat Pierre-David Vignolle, du cabinet amiénois Le chemin moderne, qui ont visiblement retenu toute l’attention, et suscité l’approbation, de l’assistance, heureuse de renouer avec le présentiel.

La soirée a débuté par une allocution, à distance, du président du Medef national, Geoffroy Roux de Bézieux : « Beaucoup de nos concitoyens se sont aperçus durant cette crise sanitaire que l’entreprise était bien plus qu’un lieu de création de richesses et de profit. Les entreprises, essentielles, ont su au cours de l’année écoulée se réinventer, en prenant en compte la santé de leurs salariés. Leur image s’en est trouvée fortement redorée : près de 80% de Français ont une vision positive de l’entreprise. »

Avec comme conséquence des attentes renforcées, notamment en ce qui concerne la transition écologique. « C’est le défi des entreprises, mais aussi le nôtre », a assuré Geoffroy Roux de Bézieux qui a inscrit en janvier 2019 [ndlr, avant que ne soit entérinée la loi Pacte] dans les statuts du Medef une raison d’être : "Agir ensemble pour une croissance responsable". L’idée étant d’entraîner les entreprises, même de petite taille, dans cette dynamique, « mais qu’elles en aient conscience ou non, toutes ont une raison d’être », a-t-il estimé.

L’entreprise ne se mesure plus à sa seule croissance financière

Le Medef Somme s’inscrit lui aussi dans cette démarche, « avec une vraie sensibilité depuis quelques années déjà sur les sujets afférents à la RSE et la volonté de mieux appréhender les enjeux de demain en nous enrichissant des expériences de chacun. Ce n’est pas évident de passer du concept à l’action, il faut savoir comment agir sur le curseur », a rappelé son président Stephan de Butler. Un curseur qu’ont su pousser au bon niveau les intervenants invités à partager leur expérience.

Le sens : c’est le concept central des entreprises à mission, largement remis sur le devant de la scène économique tout au long de l’année écoulée et qui bouleverse l’approche traditionnelle du rapport au travail. Il ne s’agit plus de mesurer la performance d’une entreprise à l’aune de sa réussite financière, mais prendre en compte d’autres éléments à impact positif, sur les plans sociaux, sociétaux et environnementaux.

Une voie qui ne date pas d’hier : « En 1833 déjà, la loi stipulait que les entreprises devaient prendre en considération les enjeux sociaux et environnementaux. Deux ans plus tard, possibilité est donnée aux entreprises de créer une raison d’être, qui sont les moyens et principes injectés dans votre activité », a rappelé Errol Cohen.

L’entreprise à mission : partage des valeurs et co-construction

C’est ce chemin qu’a fait prendre à sa société Michel Meunier. « Nous avons défini notre raison d’être, et nos valeurs : il n’y a pas d’outil plus puissant pour un dirigeant que de manager ses collaborateurs par les valeurs, a-t-il affirmé. La première invoquée chez nous par les salariés, et la plus essentielle à leurs yeux pour donner du sens à leur travail : la qualité. Ils sont aussi fiers de notre engagement pour l’environnement et notre objectif d’ici à 2030 est d’atteindre la neutralité carbone pour nos activités. »

« Devenir entreprise à mission est une démarche qui incite à la réflexion et que tout chef d’entreprise peut mener. Elle se décline en trois axes : il s’agit d’abord de se questionner sur son environnement, de regarder tout ce que l’on a déjà accompli et enfin de se pencher sur la vision et le projet d’entreprise, qui se construit avec son équipe », a témoigné Frédéric Delloye.

« L’entreprise à mission implique l’ensemble des parties prenantes, et se co-construit avec les salariés, mais aussi avec les clients, les fournisseurs, le territoire… Ce qui crée très vite un sentiment fort d’appartenance », a appuyé Errol Cohen qui a également indiqué que 90% des entreprises à mission étaient des TPE/ PME.

« Nous devons passer d’une société de compétition à une société de coopération »

Autre point essentiel fortement corrélé au sens : l’attractivité. « Vous attirez les talents lorsque vous avez la capacité de donner aux collaborateurs ce fameux sens », a repris Michel Meunier, intimement convaincu que demain « les jeunes ne vont plus perdre leur vie à la gagner », la jeune génération étant plus sensible aux engagements et valeurs d’une entreprise qu’au salaire proposé.

Ces changements de paradigme posent une question de fond : la place de l’entreprise dans la société. « L’entreprise est un mouvement qui vient de l’intérieur, en devenant entreprise à mission, vous créez un alignement parfait entre l’actionnaire, l’équipe dirigeante et les collaborateurs. Et c’est cette cohérence qui permet l’interaction avec l’extérieur et qui rend l’entreprise cohérente et compréhensible », a analysé Frédéric Delloye.

« Il ne faut pas confondre la fin et les moyens et depuis un siècle, on fait croire au chef d’entreprise que la finalité, c’est de gagner de l’argent alors que c’est de servir le bien commun et l’intérêt général. Nous devons passer d’une société de compétition à une société de coopération », a affirmé de son côté Michel Meunier.

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