Les enjeux de la RSE pour les entreprises
La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est une démarche par laquelle les entreprises intègrent volontairement des préoccupations sociales, environnementales, éthiques et économiques dans leurs activités et leurs interactions avec leurs parties prenantes. Elle représente un enjeu stratégique majeur pour les entreprises en raison des attentes croissantes des consommateurs, des investisseurs, des salariés et des régulateurs.

En effet, les entreprises engagées dans des pratiques responsables renforcent leur crédibilité auprès des consommateurs et des partenaires. Cette réputation pourra contribuer à fidéliser la clientèle et à attirer de nouveaux clients. Il s’agit d’un enjeu de réputation et d’image de marque.
A ce sujet, le
législateur a souhaité sécuriser la fiabilité des informations en
matière de durabilité* en confiant aux commissaires aux comptes une
nouvelle mission : celle de certificateur Durabilité dans le
cadre de la règlementation CSRD**. Cette directive a rendu
obligatoire dès 2024 la production et la publication d’informations
normées autour de trois piliers (Environnement, Social, Gouvernance)
pour les EIP (établissements de crédit, des entreprises d’assurance
et de réassurance, des institutions de prévoyance, des mutuelles,
des sociétés dont les titres sont admis aux négociations sur un
marché réglementé..). Depuis le 1er janvier 2025, cette obligation
s’applique plus largement à toutes les entreprises qui dépasseront
deux des trois seuils suivants : Chiffre d’affaires > 50M€,
Total Bilan >25M€, effectif >250 salariés.
Une obligation de transparence en matière d’informations de durabilité
Le législateur, à travers ce dispositif, place l’obligation de transparence en matière d’informations de durabilité au même niveau que l’obligation de publication des informations financières et comptables. Il s’agit, en quelque sorte, d’une «comptabilité verte» avec un cadre normé et exigeant. Cet engagement en responsabilité est relayé par un effet de ruissellement prévu par les textes qui imposent une analyse de matérialité d’impact (financier, environnemental et social) à l’ensemble de la chaine de valeur de l’entreprise (des fournisseurs jusqu’au client final). La RSE devient ainsi un enjeu règlementaire qui nécessite la mobilisation de moyens humains et financiers ainsi qu’une véritable structuration en interne.
Sur le plan des ressources humaines, les collaborateurs, et notamment les jeunes générations, sont de plus en plus sensibles aux valeurs et aux engagements de leurs employeurs. Une stratégie RSE pertinente et assumée peut améliorer la motivation, la productivité et la recherche de sens chez les collaborateurs. Il y a donc un véritable enjeu dans la fidélisation et l’attractivité des talents.
Dans le même temps,
une réflexion collective autour d’une dynamique sociale, sociétale
et environnementale stimule l’innovation vers des produits ou
services différents avec des priorités nouvelles (optimisation des
ressources, efficacité énergétique, réduction des déchets, cycle
de vie du produit, impact carbone…). La RSE est un levier puissant
pour les entreprises qui souhaitent non seulement améliorer leur
performance économique mais également répondre aux enjeux
sociétaux et environnementaux.
Une opportunité plutôt qu'une contrainte
Cependant, elle exige une approche cohérente, transparente et alignée sur les attentes des différentes parties prenantes. A titre d’exemple, il est de plus en plus fréquent d’observer l’apparition d’indicateurs RSE dans les dossiers de recherche de financement et dans les appels d’offres comme critères différenciants dans le choix des partenaires. Les financeurs, les institutionnels ou encore les acteurs majeurs du commerce, de l’industrie et du service ont une responsabilité majeure dans l’animation de cette dynamique.
Enfin, la compétitivité et la rentabilité restent des objectifs prioritaires compte tenu du contexte économique, géopolitique, européen et mondial et ce, face à une règlementation davantage perçue comme un fardeau plutôt qu’une opportunité pour de nombreux acteurs économiques européens.
Bien que la contrainte règlementaire progresse, le véritable enjeu est de prendre conscience qu’il s’agit d’un sujet de société, à considérer non pas comme une contrainte mais comme une opportunité, afin de mener une transition vers des stratégies et des modèles d’affaires nouveaux tenant compte de nouvelles préoccupations.
Grégoire Monfort - Associé - Cabinet Aequitas La Madeleine, Douai, Lens
*Durabilité - Le concept de durabilité a été défini en 1987 dans le rapport Brundtland comme étant : «La satisfaction des besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins.»
**Coporate Sustainability Reporting Directive - La CSRD est une directive européenne du 14 décembre 2022 publiée au journal officiel dans le cadre du “Green Deal” européen. Cette directive a été transposée en droit français par l’ordonnance du 6 décembre 2023 et applicable depuis le 1er janvier 2024 pour les EIP (établissements de crédit, des entreprises d’assurance et de réassurance, des institutions de prévoyance, des mutuelles, des sociétés dont les titres sont admis aux négociations sur un marché réglementé..).