Les élus locaux s’opposent à la fermeture de Tioxide

A l’automne prochain, le site calaisien fermera ses portes.
A l’automne prochain, le site calaisien fermera ses portes.
D.R.

A l’automne prochain, le site calaisien fermera ses portes.

L’annonce de la fermeture de l’usine Tioxide à Calais a fait bouger les lignes de la politique locale. Dans une lettre publique au groupe Huntsman, qui détient le site calaisien, le président de Région, Xavier Bertrand, et le maire de Calais, Natacha Bouchart, réclament un remboursement d’aides perçues au cours de ces dernières années.

La Région des Hauts-de-France a demandé au groupe de chimie Huntsman de rembourser les 500 000 euros perçus pour la construction d’une unité de production d’engrais ainsi qu’un émissaire en mer, ayant coûté plus de 11,4 millions d’euros à la Région. Autre dépense publique que les élus veulent récupérer, “toutes les sommes indûment perçues par [le] groupe dans la mesure où [Huntsman] quitt[e] le territoire régional”. Un bras de fer juridique va s’organiser autour de la question, puisque, comme Xavier Bertrand l’a expliqué à nos confrères de l’AFP, Daniel Percheron, l’ancien président de la Région, “n’avait pas prévu à l’époque une clause qui conditionnait l’infrastructure au maintien de l’emploi sur une période de cinq à dix ans”. Mais le président de la Région ne s’avoue pas vaincu pour autant : “On peut jouer sur d’autres éléments. Quand on est dans une relation contractuelle, il y a tout un champ qui s’appelle l’intention affichée ou dissimulée.” Les deux signataires de la lettre ouverte avancent aussi que le départ du groupe Huntsman “entraînera automatiquement une reconsidération de tous les précédents engagements contractuels conclus entre Huntsman et la Région”.

Longue histoire

L’entreprise Tioxide est présente à Calais depuis 1967. En 2015, le groupe Huntsman avait fermé la section noire de l’usine, licenciant 150 personnes. Au troisième trimestre 2017, c’est au tour de la section blanche, et donc au site tout entier de fermer ses portes, avec les premiers licenciements prévus en septembre. Ceci dans le but de “mieux optimiser [les] structures de production”, selon Simon Turner, président de la section chez Huntsman. Ce, dans le cadre d’un “plan d’amélioration d’activité” de la division à laquelle appartient Tioxide Calais, la section “pigments et additifs”. Il employait encore 108 salariés. Au plus haut de son activité, le site calaisien employait 650 travailleurs. Selon Pascal Duquenne, délégué syndical CFE-CGC Chimie, l’investissement public de plus de 10 millions d’euros dans l’émissaire en mer – sorte de tuyau permettant de rejeter les effluents de l’entreprise en mer – n’aura servi que sur une très courte durée : “Je crois que, malheureusement, les contribuables de la région auront payé dans le cadre du projet Calais port 2015 un tuyau à 11,4 millions qui n’aura duré que quelques mois.” Le délégué syndical souligne par la même occasion qu’il reste à “établir un calendrier pour définir des solutions de reclassement des personnels de l’usine”, dont 80% ont plus de 45 ans. Les derniers bénéfices annuels d’Huntsman s’élèvent à 90 millions de dollars.