Les élections sénatoriales, un test sans suspense mais pas sans enjeux
A trois semaines des élections sénatoriales, rien ne semble menacer la domination de la droite et du centre sur la chambre haute, où le camp présidentiel restera minoritaire à l'orée...
A trois semaines des élections sénatoriales, rien ne semble menacer la domination de la droite et du centre sur la chambre haute, où le camp présidentiel restera minoritaire à l'orée d'âpres batailles sur le budget et l'immigration.
Une campagne éclair, à bas bruit et à la fin, c'est la droite qui gagne. Comme tous les trois ans, la moitié du Sénat sera renouvelée le 24 septembre. Soit 170 sièges dans une quarantaine de départements, de l'Indre-et-Loire aux Pyrénées-Orientales, sans oublier ceux d'Ile-de-France et d'Outre-mer.
Les prétendants ont jusqu'à vendredi 18H00 pour déposer leurs candidatures, qui seront départagées par 79.000 grands électeurs - essentiellement des conseillers municipaux.
Deux modes de scrutin cohabitent au sein de cette "chambre des territoires", qui n'aime rien tant que cultiver sa différence: dans les départements où sont élus un ou deux sénateurs, l'élection a lieu au scrutin majoritaire à deux tours (un tour le matin, l'autre l'après-midi); et dans les autres départements, elle a lieu au scrutin proportionnel de liste à un tour.
Solidement ancrés en dépit de la perte de quelques grandes villes en 2020, les Républicains (145 sièges) abordent l'échéance sereinement. Leur patriarche Gérard Larcher n'en attend d'ailleurs "pas de bouleversement". En lice pour un sixième mandat dans son fief des Yvelines, le président du Sénat entend également se maintenir au "plateau", après avoir occupé 12 ans la fonction.
"Le Sénat est la seule institution stable dans un contexte d’absence de majorité" à l'Assemblée, a-t-il d'ailleurs vanté samedi dans Le Parisien.
Il aura pour cela besoin de conserver l'appui de l'Union centriste (57), qui fait peu de doute même si ce groupe dominé par l'UDI compte une poignée d'élus Modem, en théorie dans le camp de l'exécutif. Signe de cette entente cordiale, droite et centre feront liste commune dans le Maine-et-Loire et le Pas-de-Calais, entre autres.
La gauche aussi fait bloc, avec l'espoir d'engranger ses gains après la prise de plusieurs métropoles. Socialistes (64), communistes (15) et écologistes (12) partent ainsi unis - tantôt à deux, tantôt à trois - dans une bonne quinzaine de départements dont Paris et l'Isère.
Un accord sans la France Insoumise, qui enrage de rester absente du Palais du Luxembourg alors qu'elle domine ses alliés de la Nupes à l'Assemblée.
Sauver les meubles
A l'autre bout de l'hémicycle, l'extrême droite (2 non-inscrits) aimerait grappiller quelques sièges. En dépit de son recul aux dernières municipales, le Rassemblement national mise sur son implantation dans le Nord et l'Est pour empocher les suffrages d'élus sans étiquette. Mais le seuil des dix sénateurs pour constituer un groupe paraît hors d'atteinte.
Les soutiens d'Emmanuel Macron tenteront à l'inverse de sauver les meubles. Un cadre de Renaissance reconnaît que les dernières élections locales "n'ont pas été formidables" pour son parti, contraint à des alliances à géométrie variable en fonction des inimitiés des uns et des autres. Le "rassemblement des démocrates" compte toutefois assez de membres (24) pour se maintenir. Leur chef de file François Patriat n'en doute pas: "Notre groupe perdurera", a-t-il affirmé samedi sur France Culture, assurant même pouvoir "gagner quelques sièges".
Ses partenaires d'Horizons, rassemblés sous la bannière des Indépendants (14) voudront eux aussi conserver leur chapelle. Et peut-être afficher leurs propres couleurs, quitte à lever un coin de voile sur les ambitions de leur leader Edouard Philippe.
A moins qu'ils n'aient encore besoin de l'appoint de quelques élus radicaux, dont la famille politique plus que centenaire dispose toujours d'un groupe (14) malgré ses divisions historiques.
Une fois les résultats connus, les nouveaux sénateurs entreront en fonction le 2 octobre. La première semaine sera consacrée à la répartition des postes: président, vice-présidents, questeurs, secrétaires et commissions.
Les choses sérieuses pourront alors commencer, avec l'examen des budgets de l'Etat et de la Sécurité sociale au retour des vacances de la Toussaint, et peut-être le projet de loi sur l'immigration maintes fois reporté depuis un an.
Des textes à quitte ou double pour l'exécutif, qui ne dispose pas de l'arme du 49.3 pour passer en force au Sénat et devra donc composer avec l'opposition de droite pour éviter ce que M. Larcher qualifiait avant l'été de "risque d'accidentologie".
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