Les DRH en mode adaptation continue

Simplification administrative en passant par l’emploi des seniors et le nécessaire transfert des compétences ou encore le financement de la formation et l’accompagnement des reconversions ! Ce sont aujourd’hui les priorités affichées des directeurs de ressources humaines d’après l’enquête nationale de l’ANDRH (Association nationale des directeurs de ressources humaines) parue à la mi-novembre. Des préoccupations qu’Audrey Mortas, la présidente de l’ANDRH Lorraine Centre depuis juin (elle a succédé à Frédéric Lemoine) connaît bien comme l’ensemble de ses consœurs et collègues. 

«Elles sont présentes depuis de nombreuses années mais aujourd’hui elles sont de plus en plus préoccupantes.» Dans son bureau de M-Energies sur le Dynapôle de Ludres, la DRH de cet énergéticien régional spécialisé dans la transition énergétique version entretien et dépannage d’équipements de chauffage, l’assure «cela devient de plus en plus compliqué.» L’enquête nationale révèle que la simplification administrative de la vie des entreprises s’affiche comme l’attente prioritaire des DRH (à hauteur de 67 %). 

«Il est certain que pour les petites structures ce poids administratif est fortement ressenti. Entre la complexité du Code du travail, des règles sur la durée du travail ou encore des difficultés d’embauche de certaines catégories de main-d’œuvre, c’est difficile.» 

L’urgence est également présente au niveau de l’emploi des seniors avec une volonté de simplification des reconversions. 77 % des DRH sont favorables à la création d’un CDI Senior. «La simplification des dispositifs de reconversion professionnelle et la mise en place d’un contrat d’alternance quel que soit l’âge sont des pistes qui sont à explorer. Cela permettrait de palier certaines difficultés de recrutement et surtout participer au maintien dans l’emploi.»

Le DRH, souvent seul

Autre priorité mise en avant par les DRH, la santé et les conditions de travail. Dans l’enquête nationale de l’ANDRH, ce volet s’affiche comme nécessitant une vigilance accrue. 

«Les questions de santé au travail montent en puissance dans les priorités RH avec notamment un accent mis sur l’usure professionnelle et l’absentéisme. 40 % des DRH ont mis en place des actions pour traiter l’absentéisme, incluant des suivis des absences de longue durée et des entretiens de ré-accueil», stipulait l’ANDRH lors de la parution de son enquête en fin d’année dernière. Des préoccupations majeures et un contexte conjoncturel général qui n’aide pas. 

«Nous faisons tous face à une réalité économique qui est difficile et d’un autre côté, les attentes des collaborateurs ou des potentiels candidats sont fortes. Dans cette spirale, le DRH est un peu seul entre la stratégie générale de l’entreprise, le financement et les attentes des collaborateurs. Dans bon nombre de situations, nous sommes à la fois assistante sociale et psychologue. Il est certain que depuis la crise sanitaire de la Covid-19, les codes ont complètement changé, les responsables de ressources humaines ont su s’adapter en modifiant leur stratégie.» 

Quête de sens, équilibre vie professionnelle-vie privée, appétences nouvelles de la jeune génération qui deviennent de plus en plus intergénérationnelles, ce qui était encore hier considéré comme de simples tendances apparaissent être devenues la règle. Exemple typique avec le télétravail. Si bon nombre de structures, dont notamment les grands groupes, ont fait un retour arrière fulgurant sur le sujet, «il n’est pas envisageable aujourd’hui de ne pas le proposer dans une offre de recrutement. Il demeure indéniable qu’il ne doit pas être utilisé à outrance, il est nécessaire de garder du lien physique, de travailler en équipe. L’Homme demeure un animal social», assure la présidente de l’ANDRH Lorraine Centre.

Situation irrationnelle

Cette mutation générale, souvent perçue comme irrationnelle, les managers en ont pris conscience. Travailler sur l’attractivité de l’entreprise (la fameuse notion de marque employeur), répondre aux attentes des collaborateurs en leur proposant un accompagnement sur le long terme en leur donnant un cap tout en étant en adéquation avec leurs valeurs (notamment sociale et environnementale), s’affichent comme les leviers à actionner.

«Le maître-mot demeure la personnalisation et la mise en place d’un bon climat social au sein de l’entreprise. Les gens doivent être valorisés. Il faut remettre l’humain au centre !» De l’humain aujourd’hui qui se doit de cohabiter avec une intelligence artificielle omniprésente. Le volet RH n’échappe pas à la règle. 

«L’IA sera le fil rouge de l’année 2025 pour l’ANDRH Lorraine Centre. Il est indispensable de prendre ce virage. Un important travail de démystification, de décryptage, de mise en pratique et notamment avec une vision juridique de la chose sera mené auprès de nos adhérents.» Un nouveau challenge à relever pour les DRH, et vite...