Climat des affaires

Les dirigeants attentistes, leur confiance dans l’emploi se dégrade

En ce début d’année, dans un contexte de demande fragilisée, les chefs d’entreprise restent prudents concernant l’activité économique. Leur confiance en matière d’emploi s’érode, s’établissant au plus bas depuis près de trois ans.






Sur l’ensemble de l’année 2023, le PIB n’a progressé que de 0,9 %, contre 2,5 % en 2022.
Sur l’ensemble de l’année 2023, le PIB n’a progressé que de 0,9 %, contre 2,5 % en 2022.

Des chefs d’entreprise plutôt attentistes face au refroidissement de l’activité économique, c’est ce qui ressort des dernières données de l’Insee, publiées le 25 janvier dernier. L’institut de statistique annonce une stabilité du climat des affaires. L’indicateur qui le synthétise, obtenu à partir des réponses des dirigeants d’entreprise des principaux secteurs marchands, se maintient à 98 ce mois de janvier, identique à décembre 2023. Et il demeure encore légèrement en deçà de sa moyenne historique de long terme (100). Toutefois, cette stabilité cache des tendances divergentes. Les secteurs d’activité les plus «optimistes» sont le bâtiment, les services et le commerce de détail, où les dirigeants se montrent confiants dans la poursuite de la croissance de leur activité. Dans l’industrie, le climat des affaires reste stable, note l’Insee. En revanche, le ressenti des dirigeants sur le recrutement s’assombrit. Le climat de l’emploi s’effrite à 99, perdant un point entre janvier et décembre, pour ainsi atteindre «pour la première fois depuis avril 2021» un niveau inférieur à sa moyenne de long terme. Cette baisse de confiance découle principalement de moins bonnes perspectives concernant l'évolution future des effectifs dans les services, à l’exception des agences d’intérim, note l’Insee.
Léger mieux dans les services

Dans le secteur des services, le climat des affaires a été un peu plus favorable en janvier, l’indice dédié s’améliore d’un point par rapport à fin 2023, à 101, légèrement au-dessus de sa moyenne historique de long terme. Le moral des patrons de ce secteur se révèle globalement mieux orienté, avec des soldes d’opinion qui s’améliorent concernant la demande prévue et l’incertitude économique ressentie. Quant à l’évolution de l’emploi, bien que les difficultés de recrutement persistent, celles-ci s’atténuent par rapport à octobre 2023. Mais, les projections d’investissement pour les trois prochains mois se replient. Tandis que la situation de trésorerie se redresse légèrement.
Avec des évolutions contrastées

Les résultats des enquêtes font ressortir des disparités marquées au sein des services, en fonction des sous-secteurs. Le transport et les activités immobilières enregistrent un léger mieux, mais le niveau de confiance reste dégradé par rapport à la moyenne. Les activités spécialisées, scientifiques et techniques connaissent une amélioration, tandis que l’information-communication maintient sa stabilité (les deux se situant au-dessus de la moyenne). En revanche, dans les services administratifs et de soutien aux entreprises, le climat se dégrade fortement. L’hébergement-restauration affiche lui aussi un recul important après une progression en décembre 2023, en dessous de la moyenne. Ces réponses des dirigeants sur l’évolution des affaires s’inscrivent dans un environnement économique particulier. L’Insee a annoncé une croissance nulle au dernier trimestre de 2023. Une mauvaise performance que l’institut de statistique attribue à la faiblesse de la demande intérieure. En cause : une nette chute de l'investissement, aussi bien celui des ménages que des entreprises (- 0,6 %), ainsi que de la consommation (- 0,1 %, après + 0,5 % en T3), pénalisée par l’inflation. Au final, sur l’ensemble de l’année 2023, le PIB n’a progressé que de 0,9 %, contre 2,5 % en 2022. Pour 2024, la Banque de France table sur le même taux de croissance que l’an passé.

«Le ressenti des dirigeants sur le recrutement s’assombrit. Cette baisse de confiance découle principalement de moins bonnes perspectives concernant l'évolution future des effectifs dans les services, à l’exception des agences d’intérim.»

Aïcha BAGHDAD et B.L