Hauts-de-France
Les défaillances d’entreprise se multiplient
Avec une hausse de 78% sur un an, les Hauts-de-France ont enregistré en 2022 l’évolution la plus marquée du nombre de défaillances d’entreprise parmi l’ensemble des régions françaises. Même si les TPE concentrent 93% des défauts, ceux impliquant des PME a dépassé le niveau pré-Covid.
Une première place au classement des régions françaises dont les Hauts-de-France se seraient bien passé. Avec 3 527 dossiers recensés en 2022, le nombre de défaillances d’entreprise y a en effet bondi de 78% sur un an, bien au-dessus de la moyenne nationale (+50%) d’après les statistiques que vient de publier le cabinet Altares. Avec une telle progression, les Hauts-de-France devancent l’Occitanie (+67,9%) et la Corse (+65,8%). A l’inverse, l’Ile-de-France (+35,3%), la Provence-Alpes-Côte d’Azur (+37,9%) et la Bourgogne Franche-Comté (+48,6%) sont les trois régions de France métropolitaine qui ont le mieux résisté sur ce front.
La distribution et la construction dans le dur
Les cinq départements des Hauts-de-France ont connu des fortunes diverses. Sur les 3 527 défaillances observées, près de la moitié sont ainsi concentrées dans le Nord (1752 défaillances, en hausse de 76% sur un an). Le Pas-de-Calais enregistre pour sa part 797 procédures collectives (+82%), la Somme 241 (+88%) et l’Aisne 349 (+98%). Affichant la performance la moins dégradée, avec une augmentation de 57%, l’Oise a quant à elle comptabilisé 388 défaillances.
Selon une autre étude récente du courtier-conseil en garantie et financement du poste client, cautions et risques politiques AU Group et du cabinet EY, les cinq principales défaillances ont impliqué en 2022 Luderix International (plus connu sous le nom de PicWicToys), Geoxia Nord Ouest (construction de maisons individuelles), Oui Energy (commerce d’électricité), Carelide (préparation de fibres textiles et filature) et Seissigma – Maisons Pierre (promotion immobilière de logements).
Davantage d’emplois menacés
Certes, le fait que le nombre total de défauts demeure inférieur à son niveau de 2019 (-9%) vient quelque peu tempérer ce sombre bilan régional. Pour autant, deux indicateurs reflètent une évolution inquiétante. Déjà, 245 PME ont défailli l’an dernier (+58%), soit davantage qu’avant le début de la crise sanitaire (219 en 2019). De plus, le nombre d’emplois menacés par les ouvertures de procédures collectives ne cesse de croître, pour s’établir à 14 300 en 2022.
Or, aucune inflexion ne se dessine pour 2023, à en croire les projections des professionnels. A l’échelle nationale, Allianz Trade anticipe par exemple une nouvelle augmentation des défaillances de l’ordre de 40% cette année. Dans ce cadre, Altares prévient que le seuil de 4 000 défauts pourrait être approché dans les Hauts-de-France d’ici fin décembre. Une perspective qui doit inciter les dirigeants d’entreprise en difficulté à recourir le plus en amont possible aux dispositifs de prévention et de conciliation pour éviter une issue fatale.
La procédure de rééchelonnement des PGE prorogée
D’après Altares, 4 600 défaillances auraient été évitées dans la région en 2022 grâce notamment aux dispositifs d’aides publiques déployés pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire puis de la guerre en Ukraine. Un autre mécanisme pourrait lui aussi limiter la casse dans les prochains mois : la procédure de rééchelonnement des Prêts garantis par l’Etat (PGE). En vigueur depuis le 19 janvier 2022, mais relativement peu connue, celle-ci vient d’être prorogée jusqu’au 31 décembre 2023. Dédiée aux TPE et PME, elle vise à obtenir, «en cas de difficulté avérée», l’allongement du calendrier de remboursement du PGE, avec maintien de la garantie de l’État. Pour espérer en bénéficier, les entreprises doivent en faire la demande auprès de la Médiation du crédit.