Emploi

Les communautés de communes du Pays du Coquelicot et de la Haute Somme testent la réforme du RSA

Mi-avril, Thibaut Guilluy, Haut-commissaire à l'inclusion dans l'emploi et à l'engagement des entreprises, le préfet Étienne Stoskopf et Stéphane Haussoulier, président du Département de la Somme ont lancé officiellement l’expérimentation de la nouvelle formule du RSA à Albert. La Somme fait partie des 18 territoires pilotes chargés de tester cet « accompagnement rénové ».

Stéphane Haussoulier, Thibaut Guilluy, Étienne Stoskopf et Laetitia Creton, directrice départementale de la DDETS Somme. ©Aletheia Press/ D. La Phung
Stéphane Haussoulier, Thibaut Guilluy, Étienne Stoskopf et Laetitia Creton, directrice départementale de la DDETS Somme. ©Aletheia Press/ D. La Phung

En décembre dernier, le Gouvernement annonçait la liste des 18 territoires retenus pour tester la future réforme du RSA qui doit accompagner la création de France Travail. Parmi eux, les communautés de communes du Pays du Coquelicot et de la Haute Somme, qui comptent 1 500 allocataires. « Ce test concerne 100% du public », explique Benoit Petit, directeur territorial Aisne/ Somme de Pôle emploi. « Globalement, les bénéficiaires du RSA ne sont que 40% à être inscrits à Pôle emploi [ndlr, 52% sur les deux communautés de communes], et actuellement, ils ont trois contacts par an, mail compris, avec un conseiller. Ce n’est pas satisfaisant »,observe-t-il.

Assurer une meilleure prise en charge

L’accompagnement dit rénové des allocataires du RSA vise à accélérer et à améliorer leur prise en charge. Concrètement, un nouveau bénéficiaire sera désormais inscrit automatiquement à Pôle emploi et sera reçu dans un délai de trois semaines, contre six à huit actuellement. Après un premier atelier d’intégration, il sera orienté vers l’un des trois nouveaux parcours mis en place : un cursus "social" pour lever les freins qui empêchent le retour à l’emploi, un parcours "socio-professionnel" ou un parcours emploi. Pour assurer ce suivi, les conseillers Pôle emploi encadreront entre 50 à 70 allocataires maximum - contre plusieurs centaines de personnes aujourd’hui - et seront épaulés par des travailleurs sociaux du Département. L’équipe sera renforcée par 19 équivalents temps plein, dont douze conseillers Pôle emploi.

Mathieu Debeire, responsable du pôle Insertion au Département et Benoit Petit, directeur Aisne/ Somme de Pôle emploi. ©Aletheia Press/ D. La Phung

« L’objectif est vraiment de prendre le temps avec les bénéficiaires, de construire des cheminements cohérents, détaille Benoît Petit. C’est un réel changement de philosophie puisqu’ils seront mobilisés entre 15 et 20 heures par semaine pour des immersions en entreprises, des formations, des ateliers… et ils auront au moins un contact hebdomadaire avec leur conseiller. » Un programme qui satisfait Stéphane Haussoulier, président du Département de la Somme, qui a fait du retour à l’emploi des allocataires du RSA l’une de ses priorités.

« Lorsque j’ai entendu le Président de la République évoquer ce chantier, je me suis dit que nous parlions le même langage », se félicite-t-il avant qu’Étienne Stoskopf, préfet de la Somme, n’évoque les opportunités dans l’industrie ou l’aéronautique existant sur le bassin retenu pour l’expérimentation. « Le marché de l’emploi est actuellement très dynamique et nous allons devoir faire face à un départ massif de salariés dans les Hauts-de-France ces prochaines années », note-t-il, soulignant que l’État apporte une subvention de plus de 700 000 euros pour cette période de test qui devrait s’achever en décembre 2024.

Répondre à toutes les situations

À l’issue de la présentation du dispositif, les élus et représentants de l’État ont assisté à un premier atelier auquel participait une quinzaine de personnes. « Et vous madame, quelle est votre situation ? », interroge Stéphane Haussoulier. « J’étais installée du côté de Bordeaux, mais suite à une séparation, je suis revenue près de chez mes parents. J’ai deux filles, la première va à l’école, mais pas la deuxième et je n’ai pas de solution de garde pour le moment », raconte la trentenaire. Son voisin, ancien imprimeur du Nord, quant à lui n'a pas de voiture pour se déplacer.

Benoit Petit, Stéphane Haussoulier et Thibaut Guilluy ont rencontré des allocataires du RSA. ©Aletheia Press/ D. La Phung

Chaque témoignage laisse un grand sentiment de gâchis car pour tous les problèmes évoqués, un dispositif existe déjà, qu’il s’agisse d’une aide au permis, de la voiture à un euro, ou encore de l’aide à la garde d’enfant. « On observe effectivement un vrai manque de connaissance de ce qui peut être mis en place pour lever les freins du retour à l’emploi, reconnaît Benoit Petit avant de poursuivre : Les parcours mis en place vont permettre de résoudre ce problème, les conseillers vont vraiment pouvoir les aider », assure-t-il. Les différentes parties prenantes doivent se réunir régulièrement pour voir comment évolue ce test grandeur nature avant de tirer un premier bilan, sans doute dans six mois.