Les combats des victimes de l'amiante
Plus de 300 personnes − dont plusieurs candidats aux municipales dans l'agglomération − ont assisté, le 1er mars à Dunkerque, à l'assemblée générale de l'Association régionale de défense des victimes de l'amiante (ARDEVA). Un dossier loin d'être clos.
«Le compteur du désastre égrène un chiffre de 10 morts par jour, aujourd’hui, demain, après-demain. Rien ne l’arrête à cause de cette poussière maudite, cancérigène, invisible et mortelle respirée à leur insu par nos maris.» Le cri des veuves de Dunkerque retentit toujours mais «les portes du palais de l’Elysée restent toujours fermées aux veuves de l’amiante», dénoncent celles qui ne sont pas prêtes à renoncer malgré 25 demandes officielles − «18 à Sarkozy et 7 à Hollande». On dénombrait 140 veuves en 2004 . Dix ans plus tard, elles sont 572 à avoir grossi les rangs de l’association dunkerquoise qui a essaimé dans toute la France depuis et tient ses permanences tous les seconds mercredis du mois. L’amiante continue d’être un dossier brûlant sur le territoire : des cancers (dont le mésothéliome et l’asbestose) dus à l’amiante (attestés et putatifs) sont dénoncés par l’association. La reconnaissance en maladie professionnelle (via le FIVA) et les indemnisations des préjudices sont acquises. D’autres combats occupent néanmoins les victimes et leurs ayants droit : «la prévention, la condamnation des responsables et l’interdiction de l’amiante dans tous les pays», lit-on dans les statuts.
Des dossiers de plus en plus nombreux… Cette année, l’ARDEVA poursuit son action judiciaire et tentera d’obtenir la tenue d’un procès au pénal pour les victimes et leurs ayant droits. Les premières plaintes au pénal ont été déposées en 1996… Aujourd’hui, l’association tente de globaliser l’affaire et va remettre «au juge d’instruction en charge du dossier au pôle de santé publique 1 148 nouveaux dossiers de victimes, dont 169 sont décédées, tuées par l’amiante. 682 dossiers, dont 86 décès reconnus dus à l’amiante, sont des ex-salariés des chantiers de construction navale de la Normed à Dunkerque et 466, dont 83 décès, sont de l’usine sidérurgique Sollac aujourd’hui ArcelorMittal», indique son président, Pierre Pluta. Il espère que les juges chercheront toutes les responsabilités. La prévention préoccupe tout autant : «il faut rendre publique la liste de tous les bâtiments publics et privés qui contiennent de l’amiante», insiste-t-il. En 2013, 48 adhérents de l’association sont décédés… En 2001, on a dénombré 4 000 cas de mésothéliome (cancer de la plèvre). «Et 4 500 en 2013. Et la région n’a même pas été retenue dans les régions pilotes pour le dépistage !», s’indigne Pierre Pluta.