Les chiens renifleurs, une ressource convoitée avant les JO de Paris
Les nombreux échecs au nouvel examen auquel sont soumis les brigades cynophiles pour la détection d’explosif a fait craindre une pénurie pour les Jeux olympiques de Paris. Mais au centre de formation dédié, on promet qu'il...
Les nombreux échecs au nouvel examen auquel sont soumis les brigades cynophiles pour la détection d’explosif a fait craindre une pénurie pour les Jeux olympiques de Paris. Mais au centre de formation dédié, on promet qu'il y aura assez de chiens renifleurs cet été.
Les aboiements des bergers belges malinois, allemands ou hollandais résonnent partout dans les murs de l'enceinte du Centre national de formation des unités cynotechniques (CNFUC) de la police nationale, situé au sud-est de Paris.
Kita, Tiago et Tyson s'agitent, sautent, tournent derrière le grillage de leurs box, en attendant d'être sortis pour un entraînement. "Ce sont des chiens joueurs", explique en les balayant d'un regard Fabrice Decmann, adjoint à la cheffe du centre.
"La priorité depuis le début de l'année, c'est +l'explo+", ajoute-t-il.
Dans cet unique centre de formation national, les agents de la police forment des chiens capables de renifler des stupéfiants, des armes, des billets de banque et donc aussi, des matériaux explosifs.
Le CNFUC recrute habituellement 160 chiens par an, pour en garder 120. Pour les JO, "on a augmenté la cadence", dit Fabrice Decmann.
Aucun chiffre plus précis ne sera communiqué, "le nombre de chiens formés et les matières qu'ils sont aptes à chercher restent confidentiels", évacue-t-il.
Pas d'approximation
A l'approche de l'événement, "il y a un peu de tension" sur le marché du chien, reconnaît le fonctionnaire de police.
Le CNFUC forme non seulement les équipages cynophiles de la police, mais peut aussi être sollicité par la SNCF et la RATP pour former des "moniteurs", c'est-à-dire des personnels aptes à former eux-mêmes des "conducteurs", des hommes ou des femmes travaillant avec des chiens renifleurs.
Compréhension du chien, rigueur, capacité à lire le comportement de l'animal... Les qualités requises, pour les conducteurs, sont nombreuses et chaque année, le taux d'échec tourne autour de 10 à 15%.
"On ne peut pas se permettre d'avoir des conducteurs qui font le travail de manière approximative sur une problématique aussi sensible que l'explosif", dit Yann, qui ne souhaite pas donner son nom de famille, moniteur depuis une dizaine d'années.
Début 2023, le Centre national de certification en cynodétection des explosifs (Cynodex) a ouvert ses portes à Biscarrosse (Landes). Il a pour mission de certifier tous les chiens renifleurs d'explosifs, qui doivent y passer au moins une fois par an.
Cette nouvelle obligation a soulevé des protestations du côté de la RATP et la SNCF, inquiets de voir de nombreux équipages échouer à l'examen à l'approche des Jeux.
"Il y a eu un chiffre de réussite qui a interpellé" au démarrage, reconnaît le chef du centre, Thierry Morio, joint par l'AFP.
Levée de doute rapide
En janvier, la présidente de l'autorité francilienne des transports Ile-de-France Mobilités, Valérie Pécresse, a écrit une lettre au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
L'évolution de la certification "a conduit à une réduction du nombre d'équipes de cynodétection disponibles et à des difficultés de recrutement des équipes supplémentaires", y souligne-t-elle.
En conséquence, des équipes de cynodétection "manqueront demain pour les Jeux de Paris-2024", prévenait la présidente. La lettre est restée sans réponse.
Thierry Morio préfère tempérer cette affirmation. "Le taux de réussite à la certification est aujourd'hui au global de 71% et pour le ferroviaire, c'est 78%", affirme-t-il. Pour lui, la certification "est la seule garantie d'un niveau élevé de sûreté".
Maxime, un agent de la Suge (sûreté ferroviaire) en formation au CNFUC, acquiesce: "C'est un nouvel examen, il faut s'y préparer. Maintenant, on est rodé à l'exercice. Forcément, il y a des échecs comme pour le permis de conduire ou autre. Mais on s'adapte".
Actuellement, les transports franciliens disposent de 50 équipages, ce qui a "permis une division par trois des interventions des équipes de déminage", selon Valérie Pécresse. Entre 2019 et 2023, le nombre de bagages abandonnés a plus que triplé sur le réseau ferré.
Avec un chien, c'est une levée de doute en 10 à 15 minutes et une circulation des trains qui se poursuit, contre des interruptions pouvant durer plusieurs heures en cas d'intervention des démineurs.
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