Les CFA d’entreprise, une opportunité à maîtriser
Les CFA d’entreprise, la solution pour former aux réels besoins ! Instaurés par la loi Avenir professionnel de septembre 2018, ils ont connu un certain essor mais force est de constater que ce dispositif est souvent le fait de grands groupes.

Recherche collaborateurs presque désespérément ! La maxime n’est pas nouvelle surtout actuellement dans le contexte général de difficultés de recrutement toujours mises en avant quelle que soit la taille de l’entreprise et le secteur d’activité.
«Aujourd’hui, nous devons faire face à une crise de compétences plutôt qu’à une crise de l’emploi», assure une représentante régionale de l’ANDRH (Association nationale des directeurs de ressources humaines. «Face à l’obsolescence très rapide des savoir-faire, nous n’avons pas d’autres choix que d’investir dans la formation.» Histoire de faire face à cette donne, les CFA d’entreprise, instaurés par la loi Avenir professionnel de septembre 2018, sont apparus comme l’une des solutions.
«Le CFA d’entreprise répond aux problématiques de recrutement et il est aujourd’hui un véritable moyen de fidéliser ses collaborateurs, de réduire les coûts, de conserver l’employabilité en interne, préparer l’avenir et permettre à l’entreprise de rester plus agile», explique un responsable de formation. Les grands groupes, comme dans la région Saint-Gobain, Safran ou encore Fnac Darty ont été les premiers à se saisir de ce dispositif, les ETI et les PME ont également abattu cette carte. Exemple typique dans la région avec le Groupe Mentor et son Mentor Institut lancé en 2023.
CFA hors les murs
«Si dans un premier temps les CFA d’entreprise se sont constitués dans les grands groupes, la grande majorité des créations sont le fait d’ETI et de PME», assure la Fondation Innovations pour l’apprentissage, créée en 2016 à l’initiative d’entreprises privées pour développer et tester des innovations touchant à toutes les formes d’apprentissage. Son guide «Créer son CFA d’entreprise pour en faire un levier opérationnel de développement RH», premier du genre édité en 2020, devrait voir une nouvelle version cette année.
Aujourd’hui plus d’une centaine d’entreprises (selon les chiffres divulgués par cette fondation lors de sa première session de formation sur la création d’un CFA d’entreprise l’année dernière) ont déjà franchi le pas pour la mise en place d’un CFA d’entreprise. Sur le papier, le CFA d’entreprise n’est pas l’apanage des grands groupes. Il peut être constitué par plusieurs entreprises partageant des perspectives communes d’évolution ou intervenant dans des secteurs d’activité complémentaires. Dans sa définition première, le CFA d’entreprise se veut interne à l’entreprise mais il peut être conçu en «CFA hors les murs» en déléguant tout ou partie des formations qu’il dispense à des partenaires.
«Le CFA d’entreprise peut ainsi déléguer la totalité de la formation à une Unité de formation par apprentissage (UFA) et ne conserver que la responsabilité administrative et pédagogique dans le cadre d’une sous-traitance pédagogique. Cette dernière peut être totale ou partielle», assure un professionnel d’un Opco.
Un CFA d’entreprise doit répondre à de nombreuses obligations (gratuité des formations pour l’apprenti, institution d’un conseil de perfectionnement, la tenue d’une comptabilité analytique, la soumission à un contrôle pédagogique réalisé par des agents publics habilités par les ministères représentants des branches et chambres consulaires ou encore avoir la qualification Qualiopi). Des démarches lourdes auxquelles les grands groupes peuvent faire face mais pas forcément les PME.
Souci de diversification
«Il y a quelques temps, nous avions l’idée de créer un CFA d’entreprise notamment pour former à nos métiers spécifiques. La complexité administrative nous a entraîné à abandonner», assurent les codirigeants d’une PME meurthe-et-mosellane spécialisée dans la protection incendie.
Les deux compères ont alors opté pour la création d’une entreprise sœur sous la forme d’un véritable organisme de formation certifié Qualiopi (tout aussi lourd administrativement parlant : NDLR). À l’instar des professionnels meurthe-et-mosellans de la protection incendie, bon nombre de PME optent pour la création d’un organisme de formation en parallèle de leur activité première mais dans un souci de diversification. «Nous avons décidé de créer notre Académie pour accompagner nos collaborateurs et former également les recrues de nos clients restaurateurs à la connaissance du vin», assure un caviste nancéien ayant lancé son organisme de formation en vins et spiritueux (certifié Qualiopi) à l’automne dernier.
L’objectif est ici double : former pour ses besoins en interne et s’ouvrir des nouvelles marges de développement. «Un CFA d’entreprise nécessite des ressources importantes en termes de budget, de logistique et de compétences. Les petites entreprises ont naturellement la possibilité légalement de créer leur CFA mais dans la majorité des cas elles se heurtent à des contraintes qui les dissuadent de se lancer», assure un observateur du secteur.
Le «CFA hors les murs», avec la délégation de la partie théorique à des CFA existants ou encore des CFA interentreprises apparaissent être des solutions pour réduire ces obstacles. «La démarche demeure lourde et demande une stratégie claire pour être rentable. Les PME doivent évaluer précisément leurs besoins, leurs capacités et l’impact attendu.» Reste que pour une réelle démocratisation des CFA d’entreprise dans les PME, une simplification des dispositifs administratifs, une augmentation des financements dédiés et un accompagnement renforcé des petites entreprises apparaissent de mise.
Guide pour créer son CFA d’entreprise : nouvelle version
Édité en 2020
par la Fondation Innovations pour l’apprentissage, le guide «Créer
son CFA d’entreprise pour en faire un levier de développement RH»,
doit faire l’objet d’une nouvelle version cette année. La
première édition est toujours disponible sur le :
www.fondation-fipa.net/