Les candidats invités à changer le monde
Encourager le vélo, proposer une alimentation biologique, intégrer les citoyens exclus... Un collectif d'associations a développé un «Pacte pour la transition» multi-facettes à l'intention des candidats aux élections municipales.
La transition sera multifacettes ou ne sera pas. Destiné aux candidats aux élections communales, le «Pacte pour la transition» formule 32 propositions émanant d’une soixantaine d’associations engagées dans des causes sociales ou environnementales, parmi lesquelles Greenpeace, France Nature environnement, les Amis de la terre, ou encore le Réseau Action Climat France, le Secours catholique, Emmaüs… «La coordination pour le pacte pour la transition est née il y a vingt mois sur la base de deux constats : il y a des citoyens qui ont envie d’agir, mais ne savent pas par où commencer, et des élus qui partagent cette envie, mais manquent de portage citoyen», explique Aliette Lacroix, coordinatrice du collectif Transition Citoyenne.
L’environnement et le climat figurent en tête des objectifs du Pacte, avec une vingtaine de mesures. En effet, les communes sont impactées au premier chef. «Venise [sous les eaux, NDLR] représente un exemple symptomatique de ce qui peut se passer (…). Les candidats n’auront pas le choix ; ils devront prendre des mesures. Les communes disposent de nombreux leviers dans ces domaines», explique Zoé Lavocat, responsable Climat et territoires dans le Réseau Action Climat France. Alimentation, bâtiments, transports… Pour ce dernier thème, parmi les mesures proposées figurent par exemple le fait de «donner la priorité aux mobilités actives (marche, vélo) dans l’espace public». Une priorité qui peut se concrétiser par de nombreuses actions, comme le fait de limiter la place des véhicules polluants dans la ville, la vitesse à 30 kilomètres/heure, de mettre en place des parkings à vélo…
Concernant l’alimentation, le Pacte préconise, par exemple, de «proposer une alimentation biologique, moins carnée, locale et équitable dans la restauration collective». Partant, «il y a aussi la question de l’exemplarité de la commune. Elle peut, par exemple, installer des panneaux solaires dans les gymnases ou rénover ses propres bâtiments pour faire des économies d’énergie», ajoute Zoé Lavocat. Ainsi, le Pacte propose de «mener une politique de sobriété, d’efficacité énergétique et d’alimentation à 100% en énergie renouvelable et locale des bâtiments, véhicules communaux et éclairage public».
«Les plus précaires ne votent pas, ou peu»
La «transition» lie indissociablement écologie, renouveau démocratique et inclusion sociale. Il y a une «urgence sociale» en France rappelle Jean-François Maruszyczak, directeur général d’Emmaüs France. Neuf millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté et 15 millions d’entre eux sont dans une situation précaire. Pour l’association, «les communes sont nos interlocuteurs prioritaires», poursuit le directeur général d’Emmaüs. Pour lui, cet échelon territorial est essentiel. Pour le meilleur, par exemple, en faisant en sorte que les centres communaux d’action sociale (CCAS) deviennent un lieu où des SDF peuvent disposer d’une adresse, et pour le pire, avec des mobiliers qui éloignent les personnes à la rue ou les arrêts anti-mendicité. «Les plus précaires ne votent pas ou peu. Leur voix ne sera pas entendue (…) si nous ne la faisons pas entendre», insiste Jean-François Maruszyczak. Le Pacte propose, par exemple, de «favoriser l’inclusion des personnes les plus éloignées du monde du travail, avec une politique locale de l’emploi tournée vers la transition écologique du territoire et à dimension sociale». Autre facette encore du Pacte, celle des pratiques démocratiques. Dans la crise actuelle, la commune représente «le premier échelon de proximité, là où l’on peut reconstruire de la solidarité, du collectif», analyse Élisabeth Dau, chercheuse sur les mécanismes politiques d’inclusion.
Dans le programme, plusieurs mesures visent à rénover la démocratie locale, par exemple avec la création d’une «commission extra-municipale du temps long pour représenter les intérêts de la nature et des générations futures, et s’assurer de l’adéquation des grands projets des communes et de leurs groupements avec les enjeux écologiques, sociaux, climatiques de moyen et long terme».
L’urgence climatique
«L’urgence climatique doit être la clé d’entrée pour les politiques publiques», confirme Jo Spiegel, maire de Kingersheim et président de la communauté d’agglomération Mulhouse- Sud Alsace, qui marie dans sa démarche les dimensions participatives et écologiques. Depuis vingt ans, il travaille à mettre sur pied des dispositifs d’élaboration collective de projets permanents qui impliquent les ressources de sa commune. Le plan Climat territorial qu’il a impulsé au niveau de l’agglomération a conduit, en une dizaine d’années, à diminuer de 43% les émissions de gaz à effet de serre, et évité 3 500 tonnes de CO2 par an, en rénovant des habitats précaires.