Les Bourses asiatiques dévissent, le pétrole au plus bas en 4 ans

Les Bourses en Asie ont dévissé lundi, tandis que les places européennes et Wall Street s'orientaient vers un nouveau plongeon, dans des marchés paniqués par l'offensive douanière par...

Un écran électronique à Tokyo montrant l'indice Nikkei en chute le 7 avril 2025 © Kazuhiro NOGI
Un écran électronique à Tokyo montrant l'indice Nikkei en chute le 7 avril 2025 © Kazuhiro NOGI

Les Bourses en Asie ont dévissé lundi, tandis que les places européennes et Wall Street s'orientaient vers un nouveau plongeon, dans des marchés paniqués par l'offensive douanière par Donald Trump et les représailles chinoises.

Les cours du pétrole, eux, se sont enfoncés de 4% à des niveaux plus vus depuis quatre ans.

Tokyo, Sydney, Séoul... lundi noir sur les Bourses

A la Bourse de Tokyo, l'indice vedette Nikkei a clôturé en chute de 7,82% à 31.136,58 points et l'indice élargi Topix a perdu 7,79% à 2.288,66 points. 

A Séoul, l'indice Kospi a fini en baisse de 5,57%. Un peu plus tôt, Sydney avait clôturé en repli de 4,2% et Taïwan sur un plongeon de 9,7%. 

Après une première salve de 10% de droits de douane américains planchers qui ont pris effet samedi, des majorations s'appliqueront dès mercredi à des dizaines de pays, dont la Chine (avec une surtaxe montant à 34%), le Japon (24%), la Corée du Sud (25%), le Vietnam (46%)...

Les marchés financiers restent paniqués par les conséquences économiques d'une telle offensive protectionniste américaine et redoutent une escalade: Pékin a répliqué par des surtaxes douanières de 34% ciblant les produits américains.

"Le risque d'une guerre commerciale mondiale à grande échelle s'accroît. L'impact négatif et l'incertitude pèseront sur l'économie mondiale en réduisant les échanges et les investissements", prévient Lloyd Chan, analyste de MUFG.

Avec l'annonce de la Chine, "il est clair qu'il s'agit d'une guerre économique brutale", commente Stephen Innes, de SPI Asset Management.

"Il ne s'agit plus seulement d'un conflit commercial, mais d'une refonte systémique de l'ordre économique mondial" dont les règles "sont en train d'être démantelées en temps réel", s'alarme-t-il.

Les groupes liés aux semiconducteurs, plombés par les risques de désorganisation des chaînes de production électronique à travers l'Asie, continuent de plonger, dont Advantest (-11%) et Sumco (-15,8%) à Tokyo, et TSMC (-9,98%) à Taipei.

Fournisseurs et sous-traitants d'Apple, qui produit ses smartphones en Asie, étaient aussi attaqués, à l'image du taïwanais Foxconn (-10%).

Hong Kong dévisse de 13%, la tech chinoise boit la tasse

Vers 06H30 GMT, l'indice Hang Seng à Hong Kong continuait de dévisser (-11,8%), peu après avoir lâché plus de 13%. L'indice composite de Shanghai perdait 8,30% et celui de Shenzhen 11,16%.

"Cette vague de ventes massives est incroyable. Il y a une part de panique (...) les fonds vendent à la baisse pour lever des fonds, et les représailles de la Chine ont accru le risque, une dévaluation du yuan étant désormais envisagée", au risque d'alimenter la volatilité, indique Sat Duhra, de Janus Henderson Investors, cité par Bloomberg.

A Hong Kong, le géant de l'e-commerce Alibaba dégringolait de 15,9%, après la fin de l'exemption douanière pour les petits colis envoyés aux Etats-Unis. Son rival JD.com lâchait 13,6%.

D'autres mastodontes tech chinois dévissaient, à l'image de Baidu (-13%) et Xiaomi (-16,2%), pâtissant de prises de bénéfices après le vigoureux rebond des marchés chinois ces deux derniers mois.

Vers un nouveau plongeon à Wall Street

Les contrats à terme portant sur le Dow Jones et l'indice élargi S&P 500 décrochaient, signe que l'effondrement de la semaine dernière risque de se poursuivre.

"Jusqu'à présent, l'équipe de Trump ne recule pas (...) Il est clair que Washington utilise les difficultés du marché comme un levier" pour négocier, "et non comme un signal les encourageant à changer de cap", indiquait Stephen Innes.

Pétrole au plus bas depuis 2021

Vers 06H30 GMT le baril de pétrole américain WTI lâchait 4% à 59,51 dollars. Il est descendu sous 60 dollars pour la première fois depuis avril 2021. Il a perdu plus de 16% depuis mercredi.

Le baril de Brent de la mer du Nord cédait 3,84% à 63,04 dollars.

"Le moral du marché s'est effondré face aux craintes croissantes que la guerre commerciale n'entraîne une récession de l'économie mondiale et un ralentissement de la demande pétrolière", observe Giovanni Staunovo, analyste de UBS.

Les pays producteurs de l'Opep+ ont par ailleurs indiqué qu'ils annulaient leurs réductions de production prévues pour mai.

Valeurs refuge: yen et obligations choyés

Signe d'un mouvement violent d'aversion au risque, les taux des obligations d'Etat américaines et japonaises à dix ans fléchissent, reflétant une forte demande.

La devise japonaise, jugée sûre, bondissait de 1,13% face à un billet vert affaibli, à 145,26 yens pour un dollar.

L'or, valeur refuge par excellence, se stabilisait (-0,4% à 3.025 dollars l'once) mais restait non loin de ses records de jeudi. 

Le bitcoin flanche, au plus bas depuis mi-novembre.

Actif très spéculatif, le bitcoin chutait de 5,3% à 74.644 dollars en fin d'échanges asiatiques. Il a chuté de plus de 10% depuis l'annonce des droits de douane américains la semaine dernière et de 30% depuis son pic historique de janvier.

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