Les avocats de Cédric Jubillar font appel de son renvoi devant les assises
Les avocats de Cédric Jubillar ont annoncé mercredi qu'ils allaient faire appel du renvoi de leur client devant la cour d'assises du Tarn pour le meurtre de son épouse Delphine, une...
Les avocats de Cédric Jubillar ont annoncé mercredi qu'ils allaient faire appel du renvoi de leur client devant la cour d'assises du Tarn pour le meurtre de son épouse Delphine, une infirmière de 33 ans, disparue depuis 2020.
Mardi, les deux juges en charge du dossier Jubillar ont signé l'ordonnance de mise en accusation, ouvrant ainsi la voie à un procès aux assises, probablement fin 2024 ou début 2025, selon une source judiciaire.
"On a pris le soin de lire cette ordonnance de mise en accusation et nous avons décidé bien évidemment d'en relever appel, considérant que notre client est innocent. Nous exploiterons tous les recours à notre disposition pour démontrer la vacuité de ce dossier", a déclaré à l'AFP Alexandre Martin, l'un des trois avocats du peintre-plaquiste de 36 ans, en détention depuis juin 2021.
Me Martin, Emmanuelle Franck et Jean-Baptiste Alary expliqueront leur décision de faire appel lors d'une conférence de presse, vendredi à Toulouse.
"On veut s'exprimer dans le détail sur l'ordonnance. Relever appel est une démarche logique car, depuis le début, notre client clame son innocence et le dossier est vide", a souligné Me Martin.
gesticulations procédurales
Avocat de proches de Delphine Jubillar constituées parties civiles, Philippe Pressecq voit dans la décision de faire appel "des gesticulations procédurales".
"Dans cette affaire, dit-il, la défense de Cédric Jubillar a une stratégie très claire: elle veut enterrer l'instruction sous un déluge de démarches procédurales inutiles et dilatoires, le but de la manœuvre étant de retarder le procès, en espérant qu'il puisse comparaitre libre".
Placé en garde à vue le 16 juin 2021, Cédric Jubillar a été mis en examen et écroué le 18. Il est détenu depuis plus de deux ans à la Maison d'arrêt de Seysses, près de Toulouse.
Estimant que les enquêteurs ne disposent pas de preuves de sa culpabilité, sa défense a déposé plusieurs demandes de mise en liberté. Elles ont toutes été rejetées par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Toulouse.
Dans cette affaire sans corps, ni aveux, ni témoin, ni scène de crime, ni preuve irréfutable, c'est un faisceau d'indices concordants qui a conduit les juges d'instruction à mettre en examen Cédric Jubillar, six mois après la disparition de sa femme.
Mère de deux enfants, Delphine Jubillar travaillait comme infirmière de nuit dans une clinique d'Albi. Elle a été vue pour la dernière dans la maison du couple à Cagnac-les-Mines.
Elle avait pris l'initiative d'une séparation avec le père de ses enfants, qui vivait très mal cette décision. Au moment de sa disparition, elle envisageait de refaire sa vie avec un autre homme.
"Dans ce dossier, on n'a rien de sérieux ou de compromettant pour Cédric Jubillar", avait notamment déclaré à l'AFP Me Alary, après que le réquisitoire définitif du parquet de Toulouse.
"Le dossier a été mené à charge depuis le premier jour. La justice s'entête", avait-il déploré.
Pour les gendarmes de la section de recherches de Toulouse, en charge de l'enquête, Cédric Jubillar a eu un "comportement suspect" dès la disparition de sa femme, qu'il a signalée lui-même le 16 décembre à l'aube.
Avant la disparition de son épouse, il avait tenu des propos qui avaient heurté des membres de sa famille: "Je vais la tuer, je vais l'enterrer et personne ne la retrouvera... Si Delphine me quitte un jour (...)", selon l'acte d'accusation.
A l'annonce de sa disparition, de vastes recherches ont été menées dans les environs de Cagnac-les-Mines par les gendarmes et, même en étendant le périmètre, aucun indice n'a été découvert. Ensuite, des amies de Delphine Jubillar ont mené, en vain, leurs propres recherches aux abords de l'ancien village minier.
Fin 2020, la disparition de l'infirmière avait déclenché un grand émoi en France, quelques semaines après la condamnation de Jonathann Daval pour le meurtre de son épouse en Haute-Saône, qu'il avait longtemps nié.
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