«Les aides nous ont permis de survivre, la suite sera difficile»
A l’heure de la réouverture des établissements, Eric Dubois, président du syndicat hôtelier-restaurateur l’UMIH Flandre-Dunkerque et lui-même gérant d’une brasserie à Dunkerque, dresse un tableau plutôt sombre de l’avenir.
Plus de trois mois ont passé depuis la décision de fermer les cafés, bars et restaurants le 13 mars à minuit, pour enrayer la propagation de la Covid-19, mais on sent qu’Eric Dubois n’a toujours pas avalé la pilule. «C’est une bombe qui nous est tombée dessus, même si depuis plusieurs jours on sentait venir la menace», résume-t-il. A la tête du “Grand Morien”, l’une des plus anciennes et des plus importantes brasseries de Dunkerque, Eric Dubois a mis ses 27 salariés en chômage partiel et a, en tant que président de l’UMIH Flandre-Dunkerque, passé beaucoup de temps à tenter de rassurer ses confrères, complètement déboussolés par cette situation inédite. «J’ai passé mon confinement à répondre aux questions, à me renseigner partout, à aller sonner aux portes pour tenter de trouver des solutions, à remonter le moral des confrères. Finalement, j’ai été aussi occupé que si j’avais eu à gérer ma brasserie», sourit-il.
A l’heure du premier bilan, Eric Dubois reconnaît que l’Etat et les collectivités, la communauté urbaine de Dunkerque au premier chef, ont très réactifs et les aides, chômage partiel en tête, opérationnelles très rapidement. «Nous avons été bien accompagnés et la débâcle a été évitée, c’est vrai. Seulement, au final, tout cela nous aura juste permis de survivre» ajoute-il, amer. Car Eric Dubois en est persuadé, c’est dans quelques semaines, quelques mois, lorsqu’il faudra payer les charges courantes, qui ont été décalées mais pas annulées, que l’addition risque d’être difficile, d’autant que les trésoreries ont beaucoup souffert. «Cela a été un soulagement de pouvoir rouvrir le 2 juin. On a été heureux de retrouver nos clients, nos habitués, mais l’activité n’est pas repartie immédiatement. Déjà parce que les mesures d’hygiène et de distanciation sociale ne nous permettent pas d’accueillir autant de monde qu’avant, et puis parce que certaines personnes, fragiles ou âgées, hésitent avant de revenir. Enfin, parce que nous n’avons pas encore retrouvé la clientèle étrangère et les autocaristes, très nombreux en juin. Sans parler de l’événementiel, qui nous fait aussi travailler, mais qui est encore à l’arrêt aujourd’hui», détaille Eric Dubois. Le gérant, qui lui-même n’a pour l’instant repris que 22 salariés sur ses 27, milite désormais avec l’UMIH pour que la prise en charge à 100% du chômage partiel par l’Etat soit reconduite jusqu’à la fin 2020. Il souhaiterait aussi que les propriétaires privés fassent preuve de solidarité et acceptent de rembourser, au moins pour partie, les loyers perçus en avril et en mai. Enfin, il espère un geste fort de toutes les compagnies d’assurances bien que la perte d’exploitation en raison d’une pandémie ne soit, théoriquement, pas couverte. «Sinon, c’est clair, il y aura de la casse. Beaucoup de casse», conclut-il.