L'énergie éolienne, une croissance à maintenir...

L'énergie éolienne fournit 5,6% de la consommation d'électricité, en France. Le syndicat des énergies renouvelable dressait un état des lieux de la filière, au moment où la transition énergétique est brutalement questionnée par le rejet massif de la taxe carbone par le mouvement des gilets jaunes.

© Parc éolien Fruges
© Parc éolien Fruges

Le secteur de l’éolien est en croissance mais le contexte se complique, à l’heure où la transition énergétique est devenue un sujet brûlant : le gouvernement est déstabilisé par la révolte massive  des gilets jaunes, contre la taxe carbone. Le 22 novembre, à Paris, lors des Assises nationales de l’éolien terrestre, organisées par le SER, Syndicat des énergies renouvelables, son président, Jean-Louis Bal, a dressé un panorama du secteur de l’énergie éolienne et de ses perspectives. Celles-ci s’inscrivent dans le cadre de la trajectoire définie par la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Laquelle donne lieu à des PPE, programmations pluriannuelles de l’énergie, qui fixent la trajectoire du mix énergétique et des priorités d’actions pour la gestion des énergies.

Aujourd’hui, l’éolien  représente 5,6% de la consommation électrique française. Au 1er septembre 2018, l’éolien terrestre représentait une puissance installée de 14 288 mégawatts (MW). «Nous nous  approchons  de l’objectif fixé par la PPE en 2016», commente Jean-Louis Bal. Cette dernière fixait, en effet,  un objectif de 15 000 MW pour cette année. Pour la suite, pour atteindre les objectifs fixés pour 2023, il faudrait un doublement du parc actuel, d’après le SER. Mais aujourd’hui, l’incertitude règne. La veille des assises du SER, en effet, François De Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire, a annoncé l’imminence de la publication de la nouvelle version du  PPE. Et  plusieurs scénarios possibles ont fuité dans la presse. La loi sur la transition  énergétique pour la croissance verte fixe un objectif de 32% d’énergies renouvelables dans notre mix énergétique à horizon 2030, contre 16% à fin 2017. Or, «notre analyse est qu’un seul de ces scénarios respecte l’objectif fixé», note Jean-Louis Bal.

© Parc éolien Fruges

Le «décret éolien» imminent

 

Au-delà de ces incertitudes à venir, le bilan de l’année écoulée est plutôt positif, d’après le SER. En effet, plusieurs  évolutions réglementaires semblent enfin se concrétiser, fruit de promesses faites en janvier dernier par un groupe de travail ministériel sur l’énergie éolienne terrestre. Ce dernier avait annoncé la mise en œuvre d’une dizaine de mesures visant à accélérer le déploiement de l’éolien. Parmi elles, deux sont particulièrement importantes pour le SER : l’implication des communes où s’implantent des parcs d’éoliennes et le traitement des recours contre les projets. «Plus que dans les autres pays, il y a des recours systématiques, et ils se déroulent auprès de différents organes juridiques», constate Jean-Louis Bal. Or, un décret, surnommé «décret éolien»,  devrait paraître prochainement, qui prévoit que les recours  devront être adressés en premier et dernier ressort aux cours administratives d’appel. «C’est important pour l’accélération de l’éolien», juge le président du syndicat. Par ailleurs, le 16 novembre dernier, l’Assemblée Nationale a validé une mesure qui prévoit que 20% des revenus de l’IFER, l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseau, soient attribués aux communes qui accueilleront des parcs éoliens à partir du 1er janvier 2019. D’après le SER, pour l’instant, dans la majorité des cas, ce sont les EPCI (Etablissements publics de coopération intercommunale) qui perçoivent cet impôt, sauf en cas d’accord spécifique entre l’EPCI et ses communes membres. Parmi les mesures prévues qui restent encore à mettre en œuvre, figure notamment le traitement du renouvellement des parcs éoliens déjà établis. «Il faudrait un texte réglementaire pour qu’il n’y ait pas tout à refaire», plaide Jean-Louis Bal. A l’heure actuelle, les préfets disposent d’une instruction du gouvernement à ce sujet, un dispositif jugé insuffisant par le SER.

 

Le futur de l’éolien flottant

 

Le secteur de l’éolien pourrait aussi connaître une évolution industrielle importante, dans le domaine marin, d’après le SER. Actuellement, au large du Croisic (Loire-Atlantique) une éolienne flottante est testée par une PME, Ideol, en partenariat avec le groupe Bouygues et l’Ecole centrale de Nantes, soutenue par le Programme d’investissements d’avenir. De fait, ces éoliennes flottantes pourraient bien constituer un enjeu d’avenir. Entre celles-ci et celles implantées sur les hauts fonds, «à  80%, il s’agit des mêmes composants», explique Jean-Louis Bal. L’enjeu industriel réside principalement dans la fondation flottante. Et commercialement, «il y a une opportunité de prendre de l’avance par rapport aux autres pays Européens, puis, d’en faire un élément  à l’export», poursuit le responsable. En fait, les deux technologies méritent d’être développées, car elles répondent à des besoins différents. Au Japon et en Californie, par exemple, les pentes raides des fonds marins rendent particulièrement pertinente  l’installation d’éoliennes  flottantes.

Au total, au cours du troisième trimestre 2018, l’ensemble des énergies renouvelables  fournies par les  énergies hydraulique, solaire, l’éolien marin ou terrestre et la biomasse, ont participé à hauteur de 21% à la couverture de la consommation d’électricité, en France. La filière hydraulique- les barrages – reste la première et demeure stable. Celles éolienne et solaire concentrent l’essentiel de la croissance. Concernant ces dernières, leur prix n’a cessé de diminuer, pour arriver au niveau  «du coût du marché, de l’électricité  qui a peu de chance de tomber. Le développement des  filières ne coûte rien aux collectivités», commente Jean-Louis Bal.

Au total, l’ensemble de la filière des énergies renouvelables représente environ 80 000 emplois, d’après les chiffres cités par le SER. L’industrie nucléaire, elle compte quelque 220 000 emplois directs et indirects, d’après la SFEN, Société française d’énergie nucléaire…