Lekieffre usine encore
Philippe Lekieffre trace son sillon d’entrepreneur depuis près de 40 ans. Victime de la crise il y a deux ans, l’homme s’est relevé rapidement en reprenant avec un associé son entreprise : son secteur d’activité reste une niche si l’on sait s’adapter. Entre fabrication et maintenance, la SAS Ateliers mécaniques airois conserve un savoir-faire traditionnel.
C’est l’histoire d’une reprise, ou plutôt d’un redémarrage d’activité brutalement interrompue par une liquidation judiciare. En mai 2010, les établissements Lekieffre ferment. La crise a eu raison d’une croissance pourtant constante lors des dernières décennies. “Je n’ai pas supporté la fermeture, confie Philippe Lekieffre. Surtout à cause du nom.” On le comprend : la famille Lekieffre est entrepreneuse depuis 1884. A la fin du XIXe siècle, l’arrière-grand-père de Philippe reprend un grossiste en charbon – “c’était l’époque d’avant les nationalisations du charbon”. Un siècle plus tard, le grossiste continue de faire affaire dans le Nord-Pas-de- Calais et en Picardie. Des millions de tonnes transitent par le grossiste. Le jeune Philippe, lui, choisit la mécanique. “J’ai fait un BTS de mécanique et, en attendant de trouver un travail, mon père m’a proposé de l’accompagner dans son entreprise… Et je n’ai jamais trouvé de travail”, sourit-il. Pour autant, à ses heures perdues, il achète un tour et y met un ouvrier pour produire quelques pièces, tout en restant salarié de l’entreprise paternelle. En 1994, il fonde une SARL pour mieux encadrer son activité mécanique. Il vend l’activité charbon qui n’offrait plus vraiment de perspectives : “on a quand même fini avec un volume de 148 000 tonnes”, se souvientil.
“Notre avantage, c’est d’être réactif”. Philippe reste salarié jusqu’en 2004, année où l’activité s’arrête définitivement. Deux ans auparavant, il devenait gérant des établissements mécaniques Lekieffre. Et le développement fut rapide. “On a racheté un confrère à Isbergues qui faisait beaucoup de maintenance. C’est comme ça qu’on s’est ouvert sur ce marché. On ne faisait que de la production unitaire de pièces mécaniques auparavant”, précise-t-il. En 2010, Lekieffre emploie 20 salariés et a des clients industriels dans tout le Pas-de-Calais. Mais la crise de 2008 sonne le glas de son activité. Deux ans plus tard, il met la clé sous la porte. “Mes ouvriers et mes clients m’ont poussé à reprendre”, dit-il aujourd’hui. A Aire-sur-la-Lys, ses ateliers font aujourd’hui travailler 9 personnes. “Notre avantage, c’est d’être réactif. Quand un client s’adresse à nous, c’est souvent qu’il a un problème de production. Si sa chaîne est arrêtée, vous comprenez bien qu’il faut le dépanner rapidement.” Dans ce domaine, la proximité est un atout. En revanche, pour la fabrication de pièces, bien se positionner devient compliqué. “On a dû s’adapter, travailler plus en maintenance qu’en production. S’adapter en réduisant notre taille et en restant sur notre marché. A un certain moment, il faut choisir : soit on investit dans une machine à commande numérique pour la fabrication, avec les risques que cela comporte en temps de crise ; soit on poursuit dans la maintenance.” Son activité se répartit à égalité entre production et maintenance industrielle. Côté ressources humaines, la tâche n’est pas simple car il a de plus en plus de mal à trouver des candidats. “Le métier est difficile, c’est vrai, mais c’est un savoir-faire très pointu. Aujourd’hui, on a deux contrats d’alternance mais il a fallu des mois pour les dénicher.” Les perspectives des Ateliers mécaniques airois sont simples : “Ne pas grossir – pas trop vite en tout cas – et rester dynamiques !”