Législatives: malgré la "purge" à LFI, les frondeurs ont gagné
Pour eux, le couperet n'est pas passé loin. Alexis Corbière, Hendrik Davi et Danielle Simonnet, trois des quatre députés LFI "purgés" par La France insoumise et qui se sont quand même présentés face à des candidats investis par le mouvement de gauche radicale ont...
Pour eux, le couperet n'est pas passé loin. Alexis Corbière, Hendrik Davi et Danielle Simonnet, trois des quatre députés LFI "purgés" par La France insoumise et qui se sont quand même présentés face à des candidats investis par le mouvement de gauche radicale ont gagné leur pari: ils ont été réélus dimanche soir.
En Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière a été confortablement élu au second tour avec 57,1% des voix, face à la candidate officielle de La France insoumise, Sabrina Ali Benali.
A Marseille, Hendrik Davi l'a facilement emporté face à un candidat RN. Le candidat investi par LFI, Allan Popelard, s'était désisté à son profit dès le lendemain du premier tour.
Enfin, à Paris Danielle Simonnet, solidement ancrée dans le 20e arrondissement, l'a largement emporté face à la syndicaliste Céline Verzeletti, choisie par La France insoumise.
Seule dissidente à avoir été battue par l'appareil insoumis: Raquel Garrido, arrivée troisième au premier tour dans sa circonscription de Seine-Saint-Denis et qui s'est désistée au profit du LFI officiel Aly Diouara, qui l'a emporté.
"Les urnes ont tranché", estimait dans la semaine Danielle Simonnet.
Elle et ses anciens camarades "purgés", d'anciens frondeurs qui ne faisaient pas mystère de leurs divergences avec la direction de La France insoumise, notamment sur la gouvernance du mouvement, ont tenu une conférence de presse.
L'occasion de régler leur compte avec le patriarche insoumis, qui leur a publiquement reproché un manque de loyauté.
"Aucun militant n'a pris la décision de nous purger. Je sais qui l'a décidé: Jean Luc Mélenchon", a accusé Alexis Corbière, qui fut longtemps l'un des plus fidèles lieutenants du fondateur de LFI, avant de tomber en disgrâce.
"Jean-Luc Mélenchon a un droit de veto en interne. Il a la possibilité de prendre un crayon et de rayer les noms", a appuyé son épouse Raquel Garrido, ancienne avocate du triple candidat à la présidentielle.
Pour elle, la victoire de son mari s'apparente à un "référendum contre Jean-Luc Mélenchon à Montreuil, qui a été perdu" par ce dernier.
Au cordeau
Il semble fort peu probable que ces trois députés "purgés" finalement vainqueurs retournent siéger avec le groupe insoumis dans cette nouvelle Assemblée nationale.
Ils sont même accusés par la direction de vouloir siéger avec les communistes, qui n'auront toujours pas suffisamment d'élus pour constituer seuls un groupe.
Alexis Corbière s'est d'ailleurs rattaché financièrement en préfecture au Parti communiste français en déposant sa candidature.
Surtout, les purgés devraient entraîner avec eux leurs amis "frondeurs" qui avaient été investis par la direction insoumise, malgré leurs désaccords.
François Ruffin, réélu face au RN avec près de 53% des voix dans la Somme, a ainsi déjà annoncé qu'il ne siègerait plus avec les Insoumis au palais Bourbon. Dans son sillage, plusieurs de ses proches, comme Christophe Bex réélu de justesse en Haute-Garonne face au RN, devraient prendre une décision similaire.
Idem pour Clémentine Autain, qui fait également partie des "frondeurs" et qui a été réélue dès le premier tour en Seine-Saint-Denis.
"J'ai bien compris que je ne faisais plus partie du groupe (...) Je ne serai pas dans ce groupe-là aussi parce que, il faut le dire, il y a eu des désaccords, la France insoumise a beaucoup de mal à supporter que tout le monde ne soit pas au cordeau", a-t-elle expliqué dimanche soir sur LCI, face à l'ancienne cheffe des députés LFI, Mathilde Panot.
Des départs potentiels qui laissent présager d'une possible perte d'influence des Insoumis au sein du Nouveau Front populaire, surtout au vu de l'amélioration du score des socialistes, qui devraient doubler leurs effectifs par rapport à la précédente mandature.
Le groupe de la gauche radicale pourrait certes compter sur un nombre d'élus équivalent ou légèrement supérieur à 2022 (76). Mais, surtout, les forces en présence seront certainement plus alignées avec la direction.
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