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Législatives : les résultats plongent le monde économique dans l'incertitude

Aucune majorité ne se dégage à l'issue du deuxième tour des élections législatives du 7 juillet. Le monde économique s'inquiète de l'incertitude qui découle de cette situation et s'interroge sur les projets d'un potentiel futur gouvernement.




Législatives : les résultats plongent le monde économique dans l'incertitude

Le monde économique s'inquiète. « A l’issue du second tour des élections législatives, il est difficile de savoir par qui la France sera gouvernée. Cette incertitude n’est pas de nature à rassurer les entrepreneurs », prévient, dans un communiqué du 8 juillet, la CPME qui a réagit aux résultats du scrutin qui s'est tenu le 7 juillet. Le Medef, lui, souligne la nécessité d'« une politique économique lisible et stable, garante de la compétitivité des entreprises et seule capable de restaurer la confiance et d’assurer l’emploi ». Il va jusqu'à en appeler à la responsabilité du président de la République, en lui demandant de « faire le choix du pays plutôt que celui des intérêts partisans ». Entre les deux tours des élections, Alain di Crescenzo, président de CCI France déclarait dans le quotidien économique Les Échos que « depuis l'annonce de la dissolution, les entreprises ont mis le frein sur les embauches et les investissements. Elles espéraient une baisse des taux d'intérêt et de l'inflation. Pour l'instant, les taux sont repartis à la hausse. Pour que la confiance puisse se redresser, il faudra que le pays ait très vite un nouveau gouvernement et que l'on sache où il va ».

Le résultat des élections est très loin de remplir cette condition. Certes, il a balayé deux hypothèses également redoutées par le monde économique : une majorité accordée au RN, Rassemblement National, ou au NFP, Nouveau Front populaire, aux programmes qualifiés de « dangereux » par Patrick Martin, président du Medef. Mais la configuration de la nouvelle Assemblée nationale, elle, promet beaucoup d' « d'incertitude ». Aucun groupe politique ne s'approche même lointainement de la majorité absolue de 289 sièges. Situation inédite depuis l'instauration de la 5e République en 1958, trois blocs principaux se partagent l'essentiel des sièges. Le Nouveau Front populaire compte 182 sièges, Ensemble (camp présidentiel) 163 sièges, le Rassemblement national et ses alliés 143 sièges. Loin derrière, LR, Les républicains disposent de 68 députés (contre 61 élus lors de la précédente législature). Difficile de savoir quand et quelle majorité pourra – ou pas - se constituer, avec quel programme, et quel Premier ministre.

Trouver une voie

Dès le soir du 7 juillet, représentants de groupes et partis politiques (NFP, Ecologistes, Insoumis, Renaissance.... ) ayant participé au barrage électoral contre le RN ont défilé sur les plateaux de télévision, affichant leurs positions respectives dans la recherche de la constitution d'une potentielle majorité. Avec quel programme ? La CPME rappelle les fondamentaux qui lui semblent essentiels pour éviter que la France ne sombre dans une crise économique « sévère », dans son communiqué. A commencer par le fait de ne pas « augmenter massivement les dépenses et les prélèvements obligatoires dans un pays qui détient le record d’Europe en la matière, conduirait infailliblement notre pays vers la mise en défaut financière ». Parmi les autres sujets mis en avant par la CPME figure une réforme de l'action publique « en cessant d’empiler les échelons et en acceptant de poser des limites à l’augmentation d’effectifs » . Et aussi, « détricoter la réforme de l’assurance-chômage et revenir sur la réforme des retraites irait à l’inverse des mesures courageuses à prendre », avance le syndicat patronal. Faut-il y lire une traduction politique de cette position ? « Le scénario espéré par certains patrons d'une coalition parlementaire des modérés allant des Républicains ‘canal historique’ au PS et aux Écologistes, en passant par les partis de la majorité présidentielle, une sorte de bloc central qui s'accorde sur un un programme économique minimum (et raisonnable) est «improbable », estime Jean-Michel Bezat dans Le Monde du 8 juillet.

Dans tous les cas, une prochaine étape importante devrait se tenir le 18 juillet prochain, sauf si Emmanuel Macron, Président de la République, accepte entre-temps la démission de Gabriel Attal, Premier ministre, qui reste en poste « pour le moment ». Ce jour là, la nouvelle Assemblée nationale se réunira pour la première fois. A cette occasion, le gouvernement actuel pourrait faire l'objet d'une motion de censure qui entraînerait sa chute...