Législatives 2024 : les prix de l’énergie au cœur de la campagne
Liés à la question du pouvoir d’achat, les prix de l’énergie font l’objet d’une attention particulière dans les programmes électoraux…
+ 11,7 % : c’est l’augmentation moyenne de la facture de gaz que subiront des millions de ménages en France à compter du 1ᵉʳ juillet ! Il n’en fallait pas plus pour que la question des prix de l’énergie, intimement liée à celle du pouvoir d’achat, fasse son grand retour dans le débat médiatique, en particulier en cette (intense) période électorale… En effet, tout le monde a encore en tête la grave crise énergétique de l’après-COVID-19, durant laquelle les prix du pétrole et du gaz avaient flambé. La balance énergétique française s’était alors fortement dégradée, sous les effets conjugués de l’indisponibilité d’une partie des centrales nucléaires, des difficultés à maintenir une production hydroélectrique en raison de la sécheresse et des difficultés d’approvisionnement en gaz.
Pour éviter l’explosion sociale, les dirigeants politiques avaient choisi de mettre en œuvre des politiques — très onéreuses et souvent mal ciblées — de compensation partielle de l’inflation (chèques énergie, subventions à la pompe, baisse temporaire de la fiscalité, gel des augmentations tarifaires…). Le retrait progressif de tous ces dispositifs ravive, par conséquent, les inquiétudes. D’autant que si les prix de gros se sont beaucoup assagis, les prix de détail demeurent à un niveau très élevé, amputant le pouvoir d’achat des ménages et desservant les entreprises, qui subissent également une hausse de leurs coûts de production.
« Prix repère » dans le gaz
Comme la France importe la quasi-totalité de son gaz naturel, elle se retrouve donc soumise aux variations de prix sur les marchés de gros. Les offres des fournisseurs sont ainsi très souvent indexées sur le « prix repère », défini par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) comme « un prix variable [qui] intègre à la fois les coûts d’approvisionnement (coût de l’énergie sur le marché de gros) et les coûts hors approvisionnement, tels que les coûts commerciaux, les coûts d’acheminement ou de stockage et la rémunération du fournisseur ». Bref, une sorte de référence sur le marché du gaz résidentiel depuis la disparition des Tarifs réglementés de vente du Gaz (TRVG).
Dans ces conditions, l’augmentation du 1er juillet prochain s’explique par la remontée des prix sur les marchés de gros et, surtout, par le rattrapage sur le tarif d’acheminement du gaz vers les utilisateurs finals (ménages et entreprises). En effet, des coûts de réseau fixes rapportés à une consommation en recul de 20 % sur la période 2021-2023 conduisent immanquablement à une hausse de la facture pour l’utilisateur final, quoique différente selon les offres souscrites.
Électricité, fioul et carburants
En dépit du bon sens, la tarification de l’électricité est calculée au coût marginal sur le marché de gros, ce qui conduit à fixer le prix du MWh sur la centrale la plus chère, souvent au gaz. Dès lors, une hausse de ce dernier fait monter le coût de production d’électricité par une centrale à gaz, d’où par ricochet une hausse à plus ou moins long terme des tarifs de l’électricité pour le client.
Et le pétrole dans tout ça ? Depuis le pic de 2022, le baril de Brent a reflué de près de 20 %, malgré les tensions géopolitiques croissantes. Quant au fioul domestique, son prix a plutôt été orienté à la baisse ces derniers mois, tandis que les carburants se sont stabilisés à un niveau très élevé, bien plus haut qu’au déclenchement de la crise des Gilets jaunes. À plus long terme, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) anticipe une hausse de la production mondiale, conjuguée à une stabilisation de la demande, sous l’effet notamment de la montée en puissance des véhicules électriques. L’un dans l’autre, cela « pourrait ouvrir la voie à un environnement de prix du pétrole plus bas ». Mais pas tout de suite.
Réponses électorales
Pour répondre à cette préoccupation des Français concernant les prix énergétiques, le RN propose de « baisser les factures d’électricité et réduire la TVA sur le gaz, le fioul et les carburants », tandis que le « Nouveau front populaire » souhaite, entre autres, « abolir la taxe Macron de 10 % sur les factures d’énergie, annuler la hausse programmée du prix du gaz au 1er juillet, faire la gratuité des premiers KWh, abolir les coupures d’électricité, de chaleur et de gaz […] », et même « bloquer les prix des biens de première nécessité dans l’alimentation, l’énergie et les carburants par décret » ! L’actuel gouvernement n’est pas en reste, puisque Gabriel Attal a confirmé la baisse de la facture d’électricité de 15 % durant l’hiver à venir, « grâce à la réforme du marché européen de l’électricité que nous avons obtenue », et ce malgré la fin programmée du bouclier tarifaire, dont l’une des conséquences sera la hausse de la fiscalité prélevée sur le MWh, au travers des tarifs sur l’accise sur l’électricité.
Dans ce contexte politique et social tendu, gageons que la transition énergétique restera une priorité, car l’utilisation des énergies fossiles bute, à l’évidence, sur des stocks limités et de graves externalités négatives !