L'économie sociale et solidaire comme "amortisseur de la crise"

Née d'une vision d'utilité sociale plus que d'une recherche de gains, l'ESS représente aujourd'hui 52 000 emplois sur la métropole lilloise. L'ESS bénéficie d'actions publiques et d'un soutien direct de plusieurs acteurs, parmi lesquels l'Etat, les collectivités et avant tout la MEL. Mais que sait-on réellement de cette "nouvelle" économie, sur quoi s'est-elle bâtie et dans quelle direction avance-t-elle ? Explications.

Favoriser la cohésion sociale, le fer de lance de l'ESS.
Favoriser la cohésion sociale, le fer de lance de l'ESS.
D.R.

Favoriser la cohésion sociale, le fer de lance de l'ESS.

Initialisé en 2010 , le plan de déploiement de l’économie sociale et solidaire sur la métropole lilloise s’est plus largement développé en 2011. Depuis cette date, les effets de l’ESS sur le territoire ont abouti à un pari réussi et ces chiffres témoignent de sa dynamique pérenne : 52 000 salariés sur la métropole lilloise (146 000 en région et 2,3 millions en France) représentent désormais 11% des emplois locaux. Les salariés occupent des postes au sein d’associations (86%), de coopératives et mutuelles (12%), ou encore au sein des fondations et entreprises sociales et solidaires (avec statut de société de capitaux, 2%). L’action d’innovation sociale est à l’origine de la création d’autant d’emplois“, souligne Jean Quéméré, président de la CRESS NPDC, avant de déclarer :  “Et dire que 30 000 jeunes sont toujours actuellement en attente d’emploi…

Concentration nord-ouest. Les emplois relevant de l’ESS sont majoritairement concentrés dans la ville de Lille 20 000 sur 52 000 −, mais également dans les zones nord et est de la Métropole où se situent des “zones résidentielles”. L’ESS a fait le pari de toucher une grande diversité de secteurs d’activité : à Tourcoing, la communication et l’information priment ; à Lille, le secteur des finances domine ; quant à l’action sociale, elle distance de loin les autres secteurs en termes d’emploi dans les Weppes. Gérard Dechy, président de l’APES, l’explique ainsi : L’ESS, ce n’est pas seulement de l’économie, c’est aussi une stratégie d’alliance avec les entreprises, les industries et l’artisanat de proximité.

“Amortisseur de crise”. Cette forme d’économie n’a pas véritablement souffert de la crise économique de 2008-2009. Au contraire, la part de l’emploi des associations a progressé quelques temps après la période de dépression et s’est stabilisée depuis 2011. Le secteur associatif porté par des emplois aidés (6%) en France, notamment dans la culture et les loisirs, craint l’élaboration d’un plan social massif, soit une baisse importante des ressources, au grand dam des collectivités.

Conditions d’emploi. Il existe une très forte présence du temps partiel dans l’ESS (39%), soit deux fois plus que dans le secteur privé. Les associations en sont le témoin : deux salariés sur cinq travaillent à temps partiel. Par ailleurs, le CDI est aujourd’hui le contrat le plus utilisé par l’économie sociale et solidaire (78%). L’ensemble des organismes propose ce contrat, mais principalement les associations dont cinq contrats sur six dans l’éducation et la santé, contre deux sur six dans la culture et les loisirs.

D’autre part, les salariés de l’ESS bénéficient d’une très bonne couverture par les conventions collectives très présentes dans le secteur associatif   davantage que dans le privé. Concernant les salaires, ils sont comparables au reste du privé mais restent toutefois plus élevés dans les mutuelles, coopératives et fondations que dans les associations et entreprises avec statut de société de capitaux.

Réseau d’acteurs de l’ESS

La MEL apporte un soutien colossal à l’ESS et les chiffres le confirment : 21 associations, 13 entreprises de l’ESS avec statut de société de capitaux et 6 coopératives concernant 342 emplois sont soutenus et subventionnés par la MEL. Cette instance intervient et appuie les dispositifs d’accompagnement de 167 établissements impliqués dans l’action sociale ainsi que la culture. Ayant pour objectif majeur de favoriser la cohésion sociale, Marc Godefroy, conseiller délégué de la MEL à l’ESS, affiche clairement ses ambitions : “Le financement de la création d’actions nouvelles une quarantaine de projets soutenus depuis trois ans , le financement d’activités associatives ainsi que la création de cadres généraux pour créer de la valeur.” Et de conclure  : “L’ESS est une richesse sociale, une contribution même à la cohésion sociale, il n’y a donc pas de valeur monétaire mais une vraie valeur politique.” Pour les années à venir, l’ESS entend relever le défi : “s’adapter et répondre à de nouveaux besoins” en gardant les mêmes valeurs, c’est-à-dire «faire de l’économie autrement, car le marché ne répond pas à toutes les demandes” affirmait Gérard Dechy.

 Note : une convention avec l’Insee a permis d’observer les effets de l’ESS sur le territoire de la métropole lilloise.

Marie BOULLENGER