Le transport ferroviaire de plus en plus plébiscité

Le 20 mars dernier, Ports de Lille a présenté ses chiffres 2018. A cette occasion, le président de la CCI Hauts-de-France Philippe Hourdain, qui est également à la tête de Ports de Lille, Alain Lefebvre, son directeur général, et Dominique Drapier, responsable du département marketing, innovation et prospective, ont commenté les statistiques de l’année écoulée, tout en évoquant les projets en cours.

Le transport ferroviaire de plus en plus plébiscité

Ports de Lille regroupe aujourd’hui les sites de Lille (65 hectares) et de Santes (100 hectares), où, comme l’a rappelé Philippe Hourdain, «on investit beaucoup». Au cours de cette rencontre avec la presse nationale et régionale, le président de Ports de Lille a souhaité montrer, chiffres à l’appui, que l’entreprise nordiste était de plus en plus implantée sur son territoire et reconnue à ce titre par les collectivités territoriales qui, a-t-il apprécié, «s’approprient de plus en plus les ports pour leur fort impact sociétal et environnemental, car ils apportent des réponses aux problématiques modernes».

Alain Lefebvre, directeur général de Ports de Lille, et Philippe Hourdain, président de Ports de Lille et de la CCI Hauts-de-France.

En 2018, après une année 2017 exceptionnelle en termes d’activité
– la troisième plus importante dans l’histoire du port de Lille (qui a démarré en 1951) –, l’entreprise portuaire a conforté ses bons résultats en frôlant les 8 millions de tonnes de trafic global (7 991 401 tonnes très précisément), avec un nouveau record pour le ferroviaire. «Nous franchissons le cap du demi-million de tonnes transporté par chemin de fer, ici, sur Lille, avec très exactement 500 152 tonnes, a détaillé Alain Lefebvre, le directeur général de Ports de Lille. Il y a un léger tassement pour la voie fluviale avec 1 822 230 tonnes en 2018 contre 1 833 664 tonnes en 2017, mais ne boudons pas notre plaisir, puisque l’année 2018 reste la deuxième meilleure année pour ce mode de transport après 2017

Montée en puissance des modes alternatifs

2018 est donc un très bon cru, et le trafic total recensé (donc 7 991 401 tonnes comme énoncé plus haut) est le deuxième plus important dans l’histoire juste après 2006. «Il y a 13 ans, nos bons résultats étaient dus principalement à la voie routière», a nuancé Alain Lefebvre qui s’est ainsi félicité des bons chiffres des modes alternatifs. «Ces modes alternatifs se maintiennent à l’orée des 30% avec 2 322 382 tonnes, nouveau record, en dépit d’une bonne performance du mode routier qui reste prédominant», a-t-il précisé.

Pour mesurer cette progression très dans l’air du temps, il faut se souvenir qu’en 2000 (c’est ce qu’a, en tout cas, constaté Dominique Drapier, responsable du département marketing, innovation et prospective), le ferroviaire et le fluvial, qui séduisent de plus en plus d’acteurs du transport, notamment en France, représentaient à eux deux seulement 11% du flux. «Mais pratiquement 30% en 2018, c’est dire l’évolution assez spectaculaire ces dernières années, a-t-il fait remarquer. C’est un chiffre que nous souhaitons bien sûr encore améliorer, et à Ports de Lille, nous travaillons énormément sur la performance pour élever ce ratio

Dans la même veine, le trafic des conteneurs a lui aussi connu une année 2018 exceptionnelle, même si ses performances sont légèrement en deçà de ce qu’il avait connu un an plus tôt – 164 787 conteneurs cette année contre 169 755 l’an dernier –, avec un mode de transport ferroviaire en progression, contrairement au fluvial et au routier en retrait. «Cette performance est à mettre en liaison avec le développement des lignes proposées par l’opérateur de transport T3M entre Lille, Bordeaux, Toulouse et Mouguerre (à côté de Bayonne), et entre Lille et Marseille», a souligné de son côté le directeur général de Ports de Lille. On retiendra surtout que le trafic du pôle conteneurs de Ports de Lille a doublé en quatre ans, tandis que le trafic du seul terminal LCT (Lille conteneur terminal) a été quasiment multiplié par 3,5, porté essentiellement par le chemin de fer. «Longtemps, l’ensemble des acteurs économiques a tourné le dos à l’eau et à la multimodalité, a expliqué Philippe Hourdain. Dorénavant, on a une vision bien plus business des ports. Puis il faut aussi mettre en avant le travail réalisé par Ports de Lille qui ne se contente pas seulement de faire de la location d’entrepôts, mais qui a une vraie démarche commerciale pour aller convaincre les chargeurs et les clients qu’ils ont tout intérêt à choisir la multimodalité et passer par nous. C’est important, car c’est une transformation complète du modèle du transport des flux

Questions à Philippe Hourdain, président de Ports de Lille et de la CCI Hauts-de-France

Quel regard portez-vous sur cette très belle année
2018 ?

Nous avons conforté nos bons résultats de l’an dernier. La multimodalité s’est améliorée en même temps que le tonnage s’est développé en termes de chiffres. Le fret ferroviaire a pris un développement considérable. On est un tout petit peu déçu en ce qui concerne le fluvial, mais on est déçu pour des raisons techniques, en raison notamment de travaux sur les écluses, qui ont ralenti le trafic des péniches.

A côté de ça, Ports de Lille s’est ouvert encore un peu
plus sur la ville…

On a monté avec la CCI Grand Lille, il y a cinq ans maintenant, le Centre multimodal de distribution urbaine (CMDU). On a investi 4,5 millions d’euros et, aujourd’hui, les marchandises des commerçants du centre-ville arrivent chez nous par fret, voie fluviale ou routière. C’est autant de camions qui ne rentrent plus en ville. On traite tous ces conteneurs, on les vide, on les stocke, et on approvisionne les commerçants en fonction de leurs besoins par petites camionnettes électriques. En 2018, on a géré 70 000 colis pour un poids moyen de 50 tonnes par jour. On a sous-traité tout cela avec l’entreprise Oxipio.

Le site de Santes se développe aussi…

Oui, le manque d’espace sur Lille est une des
raisons. A Santes, on développe l’agroalimentaire, surtout après un énorme
contrat avec Roquette qui va investir un bâtiment ultramoderne de 25 000 m2. Nous
en avons fait construire un second de 18 000 m2, soit trois fois 6 000 m2 pour
trois entreprises. On a déjà loué le premier espace, et les transactions pour
les deux autres devraient se finaliser très vite aussi. Ce sont des
emplacements formidables au bord de l’eau, et on a l’obligation de les louer à
des clients qui auront la volonté d’utiliser le fluvial.