Le tramway d’Amiens ? « Un projet low cost »…
Le projet de tramway défini dans le Plan de déplacement urbain (PDU) d’Amiens Métropole ne fait pas l’unanimité. « Les acteurs de l’économie de la métropole amiénoise sur le projet de tramway » ont sorti un livre blanc, envoyé aux élus locaux et nationaux, dans lequel ils motivent leur opposition à ce projet, en l’état.
Le Medef, la CGPME, la chambre de métiers et de l’artisanat de la Somme, la CCI Amiens Picardie et la fédération des associations de commerçants du centre-ville d’Amiens : tous ces acteurs se sont réunis sous une même bannière, celle du livre blanc rédigé cet été et envoyé début novembre au Premier ministre, au ministre de l’Economie et des finances et à celui en charge des transports et à de nombreux élus picards*. Françoise Godefroy, membre de fédération des associations de commerçants du centre-ville d’Amiens, Stéphane Conty, son ancien président et actuel membre de la CCI Amiens-Picardie et Jean-Claude Oleksy, président du Medef de la Somme, ont tenu à détailler les raisons de leur mécontentement par rapport à ce projet, raisons déjà exprimées dans leur cahier d’acteur lors de la concertation publique lancée par la Métropole au sujet du tramway.
Les raisons de la colère
Et tous sont unanimes : ils ne sont pas contre un tel projet, mais pas pour celui établi par Amiens Métropole, et ce au-delà de toute considération politique. Au rang des principaux griefs : les entreprises et salariés amiénois vont payer pour un tramway qui ne desservira pas les bourgs alentours ni les principales zones d’activités, où sont concentrés la plupart des travailleurs de la métropole. En substance, les signataires du livre blanc veulent certes un projet d’amélioration des transports urbains d’Amiens Métropole mais beaucoup moins onéreux, 200 M€ d’annoncés mais un coût global avoisinant les 500 M€, et demandent une « révision en profondeur de ce projet inadéquat en son état actuel ». Une pilule d’autant plus amère à avaler pour ces représentants du monde économique local qu’ils ont été consultés et qu’ils n’ont « pas eu de retour d’Amiens Métropole sur les différents cahiers d’acteurs rédigés ». Un silence qui les a conduits à envoyer leur livre blanc au gouvernement, « d’autant que la métropole a demandé une subvention de 50 M€ », note Stéphane Conty. « Le tracé ne va pas dans le sens de l’activité de la métropole, qu’il s’agisse de l’Espace industriel nord où travaillent 13 000 personnes, du pôle Jules-Verne qui compte 3 à 4 000 emplois ou des cliniques d’Amiens », renchérit Jean-Claude Oleksy. Pour Stéphane Conty, « il ne s’agit pas de remettre en cause l’idée d’un tramway, mais le tracé proposé par la métropole, d’autant que le projet va être financé par une hausse des taxes versement transport (qui va passer de 1,6% à 1,8%) payée par les employeurs publics comme privés, et qui impactera obligatoirement les salariés alors même que le tramway ne leur permettra pas de se rendre sur leur lieu de travail et ne sera pas créateur de richesses… ». Le verdict de Françoise Godefroy, notamment membre du collectif antitram, a été sans appel : « Ce projet a été mal ficelé, fait à la va vite, alors qu’un réseau de tramway est irréversible et nécessite d’autres moyens de transports annexes, il faut un schéma global de transports en commun. C’est un projet sans ambitions et low cost, qui a été sous-évalué et n’est pas abouti ! »