Le tourisme en réanimation après la crise du covid-19
Dans tous les pays, le secteur du tourisme subit de plein fouet la crise liée au covid-19, malgré des plans d’aide gouvernementaux…Etat des lieux.
Après le confinement mis en place par de nombreux pays pour tenter de limiter la propagation du covid-19 et éviter surtout l’effondrement des hôpitaux, le secteur du tourisme espérait pouvoir sauver la haute saison estivale. Hélas, le respect des distances physiques et des gestes barrières, les contrôles nombreux aux frontières, la menace d’une éventuelle deuxième vague de l’épidémie et désormais une crise économique, ont largement refréné les envies de voyager…
320 milliards de dollars de perte dans le monde
Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), le confinement et les restrictions de voyages ont réduit les revenus dans le secteur touristique mondial de 320 milliards de dollars durant les seuls cinq premiers mois de l’année ! Dans le détail, selon le baromètre de l’OMT, de janvier à mai 2020 ce sont 300 millions de touristes qui ont manqué à l’appel par rapport à la même période en 2019. Plus de 100 millions d’emplois directs sont désormais sur la sellette, d’autant que les prévisions pour le reste de l’année sont extrêmement sombres avec une chute anticipée des voyageurs internationaux comprise entre 58 et 78 % ! 2021 pourrait être l’année d’une faible reprise si tant est que la propagation du virus reste sous contrôle.
Déflagration dans le tourisme européen
Il est du reste fort probable que les vacanciers se contenteront encore un certain temps de voyager le plus possible au sein même de leur pays plutôt qu’à l’étranger, en raison des nombreuses incertitudes concernant les fermetures de frontière et les mesures de contrôle/quarantaine. Dans ces conditions, on ne pouvait qu’assister à une déflagration dans le secteur touristique européen, qui représente tout de même la moitié du marché du tourisme mondial et 37 millions d’emplois… Italie, Espagne, Grèce, où le secteur représente respectivement 13 %, 14 % et 21 % du PIB, sont à l’évidence dans une situation épouvantable qui pèsera très lourdement sur leur croissance. D’où l’évocation par le commissaire européen Thierry Breton d’un « plan Marshall » pour le tourisme.
En ce qui concerne la France, la crise liée au covid-19 aura eu raison de nombreux projets de voyages internationaux, au grand dam des hôteliers français habitués à recevoir une clientèle internationale aisée. En moyenne, sur le mois de juillet, le taux d’occupation des hôtels en France a été d’environ 50 % seulement, ce qui a poussé certains d’entre eux — dont les grands palaces parisiens (Bristol, le Crillon, le Plaza Athénée…) — à préférer fermer leurs portes dans l’attente d’une meilleure fortune à la rentrée. Cafetiers et restaurateurs sont aussi à la peine, d’où leur colère face à la mesure écologique du gouvernement consistant à fermer les terrasses chauffées au printemps 2021.
Le plan de soutien français
Face à ces sombres perspectives dans le secteur touristique, qui représente plus de 8 % du PIB français et quelque 2 millions d’emplois, le gouvernement français a annoncé le 14 mai dernier un plan de soutien interministériel, complété depuis, au gré des mauvaises nouvelles, pour atteindre désormais «18 milliards d’euros en mesure de soutien et d’investissements », d’après le secrétaire d’État au Tourisme Jean-Baptiste Lemoyne. Parmi les mesures phares, figure le maintien du dispositif de chômage partiel et du fonds de solidarité au moins jusqu’à la fin de l’année 2020. De plus, une exonération des cotisations sociales pendant la période de fermeture ou de très faible activité a été prévue pour les TPE et PME du secteur du tourisme, de l’événementiel culturel et sportif. En outre, un prêt garanti par l’État (PGE) a été mis en place avec notamment un plafond plus favorable que le PGE classique et les banques ont été incitées à accorder, si nécessaire, un report des échéances de crédit allant jusqu’à 12 mois (contre 6 mois actuellement) aux petites et moyennes entreprises du secteur.
La relance du secteur touristique passera aussi nécessairement par une transformation et une adaptation aux nouvelles contraintes environnementales et sanitaires. Pour ce faire, 3 milliards d’euros d’investissements vont être engagés au travers du renforcement du prêt Tourisme proposé par Bpifrance, de prêts de court et long terme du Groupe Caisse des dépôts et consignations (CDC), d’investissements en fonds propres par la CDC et Bpifrance, et d’une augmentation des capacités d’investissement du Fonds Tourisme Social Investissement.
En définitive, le secteur du tourisme subit une crise sans précédent dont les conséquences dépendront en grande partie de la résurgence ou non de la pandémie en fin d’année…
Raphaël DIDIER