Le tourisme d’affaires résiste aux turbulences économiques

Le Nord-Pas-de-Calais renforce son positionnement de terre d’accueil et de destination privilégiée pour le tourisme d’affaires grâce à son pôle d’attraction reconnu.

Laurance Péan, directrice de Nord France Concention Bureau.
Laurance Péan, directrice de Nord France Concention Bureau.
D.R.

Laurence Péan, directrice de Nord France convention bureau.

Afin d’asseoir leur notoriété et transmettre une image bourrée d’énergie, les entreprises ont un réel besoin de se réunir autour de multiples manifestations, même si la formule «moins loin, moins longtemps, moins cher» semble être de rigueur face à la dépression économique. Quoi qu’il en soit, le volume global de dépenses des entreprises françaises est estimé à 8,91 milliards d’euros. La conjoncture actuelle,  en déclin, aurait-elle alors bon dos ? Pas tout à fait, car le besoin de communication est d’autant plus accru en période de crise. Ainsi, la tendance générale du tourisme d’affaires s’affirme et représente par ailleurs une manne financière pour les acteurs régionaux… Une aubaine, tombée à pic l’année passée, avec des retombées estimées à plusieurs millions d’euros pour chacune des quatre grandes destinations : Lille, Arras, Le Touquet Paris-Plage et Dunkerque. En 2012, le Nord-Pas-de-Calais a accueilli 16 843 manifestations professionnelles, dont 362 congrès, et 742 289 participants. Ces chiffres ne mentent pas sur la forte attractivité d’une région qui se positionne d’ailleurs au 2e rang au niveau international en nombre de congrès, derrière Vienne. Au niveau national, elle défend sa place très convoitée, qu’elle entretient grâce à un dynamisme effréné et un bassin économique important.

Fidélisation et compétitivité. La fidélisation des clients est alors le cheval de bataille des organisateurs. Au total, le taux global de fidélisation s’élève à 77%. Un pari donc réussi. Depuis quelques années, 50% des entreprises du secteur privé restent fidèles à la Déesse et autres personnalités locales et valeurs régionales. Les associations qui se réunissent une fois par an reviennent, elles aussi, au cœur de cette terre généreuse. Mais si le quota de satisfaction est largement rempli, c’est grâce à un service tiré à quatre épingles, régi par le Bureau régional des congrès de la région Nord-Pas-de-Calais. Plus communément nommé le Nord France convention bureau,  l’organisme se positionne comme un apporteur d’affaires entre la demande du client et l’offre du tourisme d’affaires de chaque territoire. Né en 2011 de l’initiative de cinq têtes pensantes, Nord France convention bureau a su propulser son développement marketing et propose désormais un service complet. «Nous avons un véritable rôle de facilitateur, de mise en réseau et en relation avec les principaux acteurs terrain de la région à travers un service impartial», s’enorgueillit Laurence Péan, sa directrice. Et de poursuivre : «Le tourisme d’affaires se situe à la croisée des chemins entre l’image d’une région et le développement économique d’un territoire. Nous vendons une marque, la région Nord-Pas-de-Calais et ses collections. Et le marché étant très concurrentiel, nous devons en permanence nous adapter.» La compétitivité devient alors le maître mot. «A l’heure de l’hyper concurrence entre les territoires français et européens, le tourisme d’affaires représente une filière à forte valeur ajoutée, car il cible le secteur tertiaire et emploie une main-d’œuvre non délocalisable.  D’autre part, notre emplacement géographique est stratégique. Nous sommes un des points d’entrée sur le territoire et nous nous situons au cœur de l’Europe, à moins de deux heures de Londres et de Bruxelles. Cela nous permet de développer certaines valeurs», renchérit Luc Doublet, le président de Nord France convention bureau.

Une offre homogène et hétéroclite. La capitale des Flandres – avec sa pépite d’acier unique en Europe, le palais des Congrès − n’est pas la seule à récolter les deniers injectés par un tourisme d’un autre genre. Même si elle remporte de loin la mise avec un taux de 62,8%, le secteur valenciennois et la Côte d’Opale exposent des atouts non décriés. Dunkerque, qui arbore un véritable tournant et a reçu le premier prix de «Ville durable», attire les entreprises transfrontalières et bien plus, avec une montée du tourisme d’affaires qui frôlait déjà il y a deux ans les 6,7 millions d’euros… Une bouffée d’air pour l’économie locale qui ne devrait pas trop s’essouffler. Le Cap com, quant à lui, semble apporter 600 000 euros de retombées directes et indirectes pour un congrès de 1 000 participants pendant trois jours et le Kursaal, structure évolutive, face à la mer, enregistre aussi un bon nombre d’entrées. Au sud de la Côte d’Opale, Le Touquet est très convoité par les entreprises en vue de rassembler leurs équipes près d’une station balnéaire centenaire, au sein du palais des Congrès. Enfin, Arras est aussi une ville qui attire pour les congrès confidentiels, dispatchés entre plusieurs structures comme le centre de congrès Atria-Mercure et le stade couvert régional de Liévin… Chacune des métropoles jouit ainsi d’une offre homogène et hétéroclite qui s’étoffe même du côté des équipements. Désormais, le musée du Louvre-Lens, victime de son succès, sera aussi prisé.

Le Nord-Pas-de-Calais peut alors se targuer de séduire. «L’image de la région répond également au besoin de notoriété des entreprises, anti ‘bling-bling’. Elles se réunissent encore dans des hôtels cinq-étoiles, continuent d’avoir des déjeuners d’affaires dans des restaurants gastronomiques mais ne s’affichent pas sur la Côte d’Azur ou dans des palaces parisiens. Notre offre régionale répond parfaitement à cette recherche d’authenticité», précise Karen Grandé, responsable développement et marketing de Nord France convention bureau. Et les clients français ne sont pas les seuls à se laisser appâter par cette région. Alors, même si la clientèle est majoritairement régionale et nationale, les Belges ainsi que les Britanniques accourent pour organiser leurs manifestations et satisfaire leurs salariés et partenaires, durant une bonne partie de l’année. «Nous connaissons un pic entre le 15 septembre et le 15 décembre. Le reste de l’année est plus fluide, quoique toujours actif. La saison estivale est, quant à elle, évidemment presque atone mais par conséquent plus attractive en matière de prix», explique Laurence Péan.

Contrat 2007-2013. Afin d’inscrire le tourisme d’affaires au cœur d’une dynamique économique florissante, un contrat de plan Etat/Région a été établi et prendra fin cette année. Il a eu pour but de marquer une véritable prise de conscience des pouvoirs publics et une volonté de développer une filière économique. Ainsi, pour enrichir l’offre et l’activité du marché des séminaires, accompagner au mieux les professionnels dans une démarche volontariste et faire de la région un choix de destination, des partenariats ont été mis en place. Nord France convention bureau a été relié à la direction de l’action économique de la région pour la promotion et le développement du tourisme d’affaires. La chambre de commerce et d’industrie de région assure de son côté l’accompagnement des professionnels du secteur. Enfin, le Comité régional du tourisme accomplit une mission d’observatoire régional de l’offre et des retombées de l’activité régionale. Par exemple, ce sont 396 hôtels, de nombreux restaurants et équipements culturels régionaux qui sont mis à disposition du tourisme d’affaires.

L’enjeu est donc crucial tant pour les organisateurs que pour les clients ballotés par une économie instable. Pour l’instant, même si les manifestations n’ont pas tiré leur révérence et que les budgets ne se réduisent pas complètement comme une peau de chagrin, d’autres valeurs prennent le pas sur le côté ostentatoire que peut parfois manifester le tourisme d’affaires. La recherche de destinations plus simples, la réduction du nombre de participants (81% de manifestations regroupent moins de 50 personnes, et une sur deux est inférieure à 20 personnes) et des prestations réduites en matière de détente représentent ainsi la nouvelle ligne de conduite. Un message empreint d’austérité mais qui va de pair aussi avec une réduction de la durée sur place, souvent accompagnée d’une réduction des distances ainsi que des suppressions d’activités complémentaires. Une activité en mutation qui pèsera donc plus ou moins lourd sur la balance économique régionale.