Le tour des bonnes pratiques
Le nouvel ouvrage «100 idées innovantes pour recruter des talents et les faire grandir» de Jérémy Clédat et Laetitia Vitaud rassemble 100 pratiques RH et management. Un livre qui mêle le concret et la théorie. Morceaux choisis, dont ceux sur le travail à distance.
«On manquait d’idées concrètes et pratiques dont toutes les entreprises pourraient s’emparer» amorce Laetitia Vitaud, spécialiste du futur du travail. Avec Jérémy Clédat, cofondateur du média dédié au travail Welcome to the Jungle, elle décide de rassembler au sein d’un même ouvrage 100 idées innovantes en management. Forts de leurs rencontres et de leurs échanges avec des entrepreneurs, managers et professionnels des RH du monde entier, ils réunissent autour de quatre grands thèmes – la marque employeur, le recrutement, l’environnement de travail et le développement des talents – des initiatives innovantes et conseils pratiques, voire parfois radicaux dont les entreprises françaises devraient s’inspirer. L’objectif ? Aider tous les managers et les professionnels des RH à mieux appréhender leur métier dans un environnement de travail en pleine mutation, à recruter les talents et les faire grandir pour faire face aux défis de demain.
Faire de ses salariés des ambassadeurs pour recruter
Au fil des pages, parmi les idées avancées, la transparence de la grille salariale, les formes de travail alternatives («Posez-vous cette question : avez-vous réellement besoin d’un bureau? », «Faites de vos murs un espace de création artistique»), le recrutement («Objectif zéro-sale-con, une règle à respecter scrupuleusement»), la lutte contre le harcèlement en entreprise, le bien-être des collaborateurs («Envisagez la digital detox»), les nouveaux rythmes de travail («Tentez la semaine de 4 jours», «Laissez vos salariés gérer leurs impératifs familiaux», «Offrez des congés sabbatiques»), ou encore le développement de la motivation. Sur la marque employeur, Laetitia Vitaud et Jérémy Clédat rappellent la difficulté de la contrôler d’en haut : «elle appartient aux salariés. La meilleure manière de l’améliorer est donc de les convaincre en interne. Les collaborateurs sont les meilleurs aimants pour attirer les candidats.» Dans le détail, la deuxième thématique consacrée au recrutement, fait la part belle à l’intelligence artificielle en montrant comment l’utiliser pour recruter. «En passant au crible les offres d’emploi, les outils d’IA ont permis de montrer que certains mots utilisés parlent plus à certaines catégories de population qu’à d’autres.» Lors des entretiens d’embauche, utiliser une grille de questions normée qui sera la même pour tous permet de neutraliser les biais cognitifs et «d’éviter de se reposer sur un effet de sympathie ou sur quelqu’un qui nous ressemble.»
Multiplier les feed-back positifs
Avec la crise, les deux auteurs se sont interrogés sur son impact sur l’environnement de travail : «la flexibilité est le phénomène majeur qui affecte le travail, avec des équipes dispersées et l’absence de bureau.» Le livre met en avant des entreprises pionnières sur le sujet. L’occasion de rappeler les bonnes pratiques pour que le travail à distance fonctionne. En organisant des retraites d’équipes pour avoir des moments ponctuels de partage mêlant plaisir et travail : «cela permet aux salariés de travailler plus en confiance par la suite et de ne pas développer leur paranoïa.» Pour la gestion d’une équipe à distance, ils soulignent l’importance de l’empathie : «d’autant plus nécessaire que des problèmes de santé mentale peuvent se développer à cause de la distance. De l’anxiété, du stress ou un sentiment de persécution plus fort peuvent se développer, quand le salarié ne bénéficie pas des bienfaits de moments partagés physiquement qui permettent d’envoyer des signaux positifs et de renforcer l’appartenance à un groupe», reconnaît Laetitia Vitaud. On ressent de la sécurité grâce à une tape sur l’épaule, un regard ou un «tope là», cite-t-elle. Avec la distance, il faut transformer ce langage corporel par des paroles rassurantes, des mails de remerciement ou formaliser des feed-back positifs détaillés. «Et être particulièrement précautionneux dans la manière de faire des retours. Le négatif pur privé du langage corporel et de la convivialité à la française, c’est dur», explique Laetitia Vitaud. Les auteurs insistent aussi sur la nécessité des cafés virtuels pour pouvoir échanger de manière informelle sur des choses et d’autres, eu égard aux clubs de lecture ou de cuisine qui se sont multipliés pendant le confinement.
* Paru le 27 mai, Éditions Vuibert, 256 pages – 27 euros.
Charlotte de SAINTIGNON