Rencontre avec Jean-Louis Equipart, président, et Arnauld Renard, greffier du tribunal de commerce de Valenciennes

Le tissu économique du Valenciennois et de la Sambre-Avesnois a tenu bon en 2020

De l’Amandinois à l’Avesnois, du Denaisis à la Sambre, le tribunal de commerce de Valenciennes veille sur 30 000 sociétés liées principalement aux activités logistiques, à l’automobile et au ferroviaire. Jean-Louis Equipart, son président, et Arnauld Renard, son greffier, reviennent sur la résistance dont le Hainaut a fait preuve l’an dernier.

Jean-Louis Equipart (à gauche) et Arnauld Renard se sont démenés pour ne pas avoir de retard dans le traitement des dossiers l'an dernier.
Jean-Louis Equipart (à gauche) et Arnauld Renard se sont démenés pour ne pas avoir de retard dans le traitement des dossiers l'an dernier.

Un chiffre : une baisse de 52%

Le nombre d’ouvertures de procédures collectives a baissé de 52% l’an dernier. Il y en avait eu 354 en 2019, le tribunal de commerce de Valenciennes n’en a recensé que 161 en 2020. «Au niveau national, la moyenne est une chute de 38 %», rappelle Jean-Louis Equipart. Il avance deux raisons, en dehors des aides liées à la crise sanitaire, pour ce bon résultat : «La baisse de ce chiffre est une tendance de fond dans le Valenciennois depuis au moins 2013. Il démontre la vitalité économique de notre territoire, mais aussi notre habitude de pratiquer la prévention des difficultés des entreprises

Une volonté : la prévention

Cependant, «70% des entreprises qui sonnent à notre porte sont déjà fermées», déplore Arnauld Renard. «Avec les 30% restants, nous parvenons à réaliser un redressement, poursuit Jean-Louis Equipart. Mais nous n’arrivons à un plan qu’avec seulement 7% de ces 30%. C’est pourquoi, dès les premières difficultés, il ne faut pas hésiter à venir nous voir.» «Les entretiens sont confidentiels, abonde Arnauld Renard. Ils sont donnés les jours où il n’y a pas d’audience et ils n’engagent les entrepreneurs à rien.» De ces rencontres préventives peuvent naître différentes procédures d’aide, comme le mandat ad hoc ou la conciliation. «L’ouverture d’une procédure collective ne signifie pas la fin d’une entreprise, insiste Jean-Louis Equipart. La fin, c’est la liquidation

Un nouveau soutien aux entrepreneurs : APESA

«Nous, les 22 juges du tribunal de Valenciennes, sommes en charge des difficultés des entreprises et suivons les entrepreneurs dans un souci de sollicitude et de bienveillance, explique Jean-Louis Equipart. Mais face à nous, nous avons des hommes qui peuvent être dans une souffrance forte.» En décembre, une antenne locale de l’association APESA (Aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aiguë) est venue compléter le travail de soutien des juges. «C’est une association à but non lucratif qui ne fait pas partie du tribunal, éclaire Jean-Louis Equipart. Cela dit, nous faisons partie du réseau de sentinelles, comme peuvent l’être des mandataires ou des administrateurs, qui signalent à l’Association des personnes qui semblent être en difficulté. Elles sont alors appelées dans la demi-heure.» L'APESA est née en 2013 et regroupe des psychologues, des spécialistes des addictions, de la médiation familiale, de la prévention du suicide…, pour accompagner la souffrance morale des entrepreneurs (numéro Vert : 08 05 65 50 50).

Une surprise : la création d’entreprise

Malgré le contexte difficile de 2020, l’ouverture d’entreprises fait un bond de 7% dans le Valenciennois et la Sambre-Avesnois : 2 384 en 2019, 2 540 en 2020. Si cela est dû aux immatriculations de personnes physiques, «ce sont des commerçants qui ne sont pas passés par la création de société», démystifie Arnauld Renard. De fait, 80% d’entre elles sont des micro-entreprises. L’autre phénomène, c’est l’enregistrement massif de SCI parmi les sociétés civiles. «C’est corrélé au marché de l’immobilier qui se porte très bien», explique Jean-Louis Equipart.

L’avenir

«Ce n’est pas possible pour nous de savoir comment les entreprises vont évoluer au cours des prochaines années, prévient le président. Ce que nous savons, c’est que nous, nous allons vers un tribunal de proximité plus moderne.» Juste avant le premier confinement, en mars dernier, le greffe avait lancé son site internet, à partir duquel on peut notamment saisir le tribunal de commerce. «Sa fréquentation est très bonne, se réjouit Arnauld Renard. Notamment pour les dépôts de compte, de requêtes, les immatriculations.» Durant les deux confinements, l’activité des juges n’a pas cessé. «Nous avons utilisé les procédures écrites, les visioconférences, le juge unique, détaille le président. Nous n’avons connu aucun retard. Et nous allons continuer à aller vers la digitalisation et la dématérialisation des procédures. Cela démocratise la justice.»