Le théâtre de la passion

Déclaration d’amour aux actrices, la nouvelle création de Pascal Rambert – auteur de la mémorable Clôture de l’amour –, raconte les derniers jours d’une immense actrice qui, entourée de bouquets de ses admirateurs, reçoit la visite de ceux qu'elle a aimé. Une pièce dévorée par l’absolue passion du théâtre, au plus près de la communauté humaine.

© Jean-Louis Fernandez
© Jean-Louis Fernandez

Ecrite à l’origine pour les acteurs du Théâtre d’Art de Moscou, cette pièce est née d’une vision éprouvée par Pascal Rambert qui, au cœur de la nuit moscovite enneigée, découvrit de petites guérites garnies de fleurs et baignées de néons. Un tableau qui dessine alors la scénographie d’une chambre blanche saturée de bouquets et de fleurs, celles qu’on achète pour ceux qu’on aime ou données aux acteurs de théâtre en Russie au moment des saluts.
Une pièce infiniment poignante où s’entrecroisent l’art du théâtre et la vie comme lorsque l’un des personnages confie : «il suffit de saisir une chaise de s’asseoir de parler et voilà la vie.» Hanté par La Mouette de Tchekhov, «la pièce absolue», magnifié par une troupe de comédiens venus du monde entier – avec Marina Hands dans le rôle de l’Actrice et Audrey Bonnet dans celui de sa sœur –, ce spectacle vibrant d’intensité exalte la passion amoureuse, célèbre la beauté, sonde le langage et questionne le rapport politique au monde.

© Jean-Louis Fernandez

Un théâtre où «des femmes vivent, parlent et se redressent»

 

«Un peu comme Clôture de l’amour, souligne Pascal Rambert, c’est une pièce sur l’amour du théâtre, sur le métier que nous faisons jour après jour. Je pense que les acteurs sont les gens les plus ancrés dans le réel, même s’ils ont cette image un peu étrange. Ceux dont on pense qu’ils sont les plus «dans la lune», sont ceux qui sont le plus dans le réel.

J’essaie de proposer à des actrices des rôles où elles puissent vraiment y aller et ne pas simplement apparaître dans une scène. Un auteur, c’est quelqu’un qui est capable de parler de ce qu’il connaît le mieux, à savoir sa propre part d’appartenance à l’espèce humaine, qu’il possède en lui. Mais il y a aussi, au bout d’un moment, cette capacité à savoir très bien parler des autres, parce qu’on fait partie de cette communauté humaine. Moi je dois, en tant qu’écrivain, aller sur le territoire d’un enfant, aller sur le territoire d’une femme, aller sur le territoire d’une personne très âgée. Je dois être à l’écoute de ça. Aujourd’hui, j’ai élargi mon cercle sur tous les âges de la vie et même au-delà puisque mon grand plaisir, actuellement, c’est de faire revenir les morts sur scène. Chez moi, des femmes vivent, parlent et se redressent. Des femmes meurent, se redressent et parlent. Je ne crois pas à la mort, mais je crois à la puissance de la parole

Représentations les 27 et 28 mars à 20h au Phénix, boulevard Harpignies à Valenciennes. Renseignements et réservations au 03 27 32 32 32 ou sur www.lephenix.fr