Port de Dunkerque : le terminal des Flandres vise le million de conteneurs annuel d’ici 2025
A Dunkerque, le trafic conteneurs ne s’est jamais aussi bien porté. Malgré une année 2020 en demi-teinte (mais néanmoins en progression de 7%), le terminal qui affiche une croissance de 25% au premier trimestre 2021, vient d’embaucher une vingtaine de dockers supplémentaires, et ne cache plus son ambition d’atteindre le million de conteneurs par an d’ici quatre ans.
«Longtemps, le port de Dunkerque a été uniquement industriel, attirant des entreprises qui avaient besoin d’un accès direct à la mer. Le sidérurgiste Usinor (aujourd’hui ArcelorMittal), arrivé dans les années 1960, en est le parfait exemple. De ce fait, le volet 'port de commerce' a été délaissé. Ce n’est plus le cas depuis les années 2010 où un virage a clairement été pris avec l’arrivée aux commandes du terminal des Flandres d’un nouvel opérateur, Terminal Link, qui n’a cessé de développer le trafic conteneurs depuis», résume Marc Riondel, son directeur.
Effectivement, à l’arrivé de Terminal Link (détenu à 91% par l’armateur français CMA-CGM et le groupe chinois CMHI, et à 9% par le Port), le trafic au terminal des Flandres représente 125 000 conteneurs annuels, autrement dit rien au regard des ports concurrents de la Manche/mer du Nord (Le Havre, Anvers, Zeebrugge et Rotterdam).
«A l’époque, nous n’avions plus qu’une seule ligne régulière avec les Antilles pour l’importation de bananes. Grâce au soutien très constructif de CMA-CGM qui a senti tout de suite les atouts de Dunkerque pour le conteneur, nous avons commencé à créer de nouvelles lignes régulières avec l’Asie, l’Amérique latine et l’Afrique. Elles sont au nombre de 12 actuellement. En parallèle, nous avons développé ce que nous appelons des services régionaux, c’est-à-dire des lignes courte distance vers les pays européens, en premier lieu vers les îles Britanniques», détaille Marc Riondel.
«Nous avons beaucoup investi aussi et saisi toutes les opportunités, accompagné par les entreprises de stockage et de logistique qui ont elles-mêmes beaucoup investi au port de Dunkerque. Enfin, nous avons pu compter sur un climat social apaisé, sans aucune grève, qui participe à faire du terminal des Flandres un terminal fiable.» Une stratégie payante, puisqu’en dix ans, le trafic conteneurs a bondi de 54%, pour arriver à quasiment 500 000 unités en 2020, en progression de 7% par rapport à 2019. «Nous visions même une croissance de 15%. Malheureusement la crise sanitaire a douché nos prévisions avec un trafic en baisse de 25% sur les mois d’avril, mai et juin. Heureusement, nous avons bien rebondi après l’été, précise le dirigeant. Nous enregistrons même une progression de 25% au premier trimestre 2021.»
Cap sur la croissance
Parvenir à 500 000 conteneurs annuels n’est pas anodin. C’est un peu comme atteindre la taille critique qui permet de commencer à jouer dans la cour des grands. Et d’afficher de nouvelles ambitions sans complexe. «Notre terminal a désormais vocation à aller au-delà du seul trafic import-export pour devenir un hub reconnu, c’est-à-dire une plateforme de massification et d’éclatement des marchandises en France et vers d’autres ports européens. Mais c’est de la multiplication des flux que dépendra sa réussite», précise Marc Riondel qui plaide pour que le port de Dunkerque devienne le port naturel des chargeurs des Hauts-de-France.
«Je suis triste et déçu quand je vois d’importantes entreprises de notre région, qui plus est accompagnées par l’Etat dans leur développement, nous préférer le port d’Anvers ou de Zeebrugge, souvent simplement par habitude, reconnaît le dirigeant. Il nous faut donc continuer à travailler pour faire en sorte qu’entre Le Havre et Anvers, les chargeurs et les transitaires régionaux pensent immédiatement à Dunkerque.»
Aujourd’hui, porté par ses excellents résultats, le terminal des Flandres affiche l’ambitieux objectif de parvenir à 1 million de conteneurs annuel d’ici quatre ans. Pour ce faire, il a accueilli deux nouveaux portiques de déchargement en 2020, et peut désormais compter sur un quai rallongé de 500 mètres (un très gros investissement réalisé par le Port en 2019), ce qui lui donne la possibilité d’opérer deux porte-conteneurs Mégamax en même temps.
«Quand on sait que 150 conteneurs supplémentaires, c’est un emploi pour le territoire, on voit bien le poids économique que représente le développement de notre terminal», se satisfait Marc Riondel, qui se sent désormais à l’étroit sur les 49 hectares du site. C’est la raison pour laquelle le Port de Dunkerque doit prochainement acter la création de terre-pleins supplémentaires sur quatorze hectares afin que le terminal puisse agrandir sa zone de stockage. Huit devraient être livrés dès cette année, pour un investissement qui se monterait à 14 millions d’euros.