Edito

Le temps des salariés fantômes ?

Dur dur d’être dirigeant, manager, recruteur par les temps présents. L’an passé, à la même époque, le Hashtag «Quiet Quitting» atteignait les 40 millions de vues sur le réseau social Tik Tok. 

Le temps des salariés fantômes ?

Appelée en France «démission silencieuse», cette nouvelle tendance consiste à travailler le strict minimum dans son entreprise - mais sans se faire licencier - et de le partager sur l'application vidéo. Une joyeuseté du «monde d’après». Elle est une conséquence directe d'une autre tendance issue des réseaux sociaux, elle aussi d'origine américaine : la Grande démission. Les années de crise sanitaire ont eu une influence directe sur l'approche de beaucoup d’employés vis-à-vis de leur travail. Les individus se sont, à la fois, reposés puis, dans un deuxième temps, interrogés sur leur travail et leur mode de vie. En somme, pour beaucoup, «désormais, je fais ce que je veux, après moi le déluge». Avec la «démission silencieuse», pas question de quitter son travail. Les employés se contentent de faire uniquement ce qui est écrit sur leur fiche de poste, ni plus ni moins. Ainsi, ils respectent scrupuleusement les horaires et les tâches pour lesquels ils ont signé. C'est la culture d'entreprise traditionnelle qui est critiquée. Fini l'engagement et le dévouement envers son employeur. Cette quête de bien-être au travail s'explique en partie par la pandémie et le bouleversement des méthodes de travail, mais aussi par un marché du travail extrêmement favorable. Avec 65 % des entreprises industrielles et plus de 80 % des acteurs du BTP qui disent avoir du mal à recruter, la peur du chômage n'est plus. Il reste un élément qui est tout sauf anodin. Un salaire sert tout de même à remplir son assiette et à payer son loyer chaque mois. Dès lors, peut-on se passer de travailler ? L’expression «Vivre d’amour et d’eau fraîche» symbolise cette volonté d’insouciance, d’aller au gré du vent. Est-ce compatible avec la réalité économique ? Une entreprise avec des salariés désimpliqués, volatiles ou fantômes : bon courage en cette rentrée…