Jean-François Régnier, président de la Capeb de Meuse : «le téléphone sonne moins, c’est un signe qui ne trompe pas»
À l’écoute de ses adhérents, Jean-François Régnier, le tout nouveau président de la Capeb de la Meuse se dit préoccupé par les indicateurs économiques et par les orientations prises par le gouvernement. Rencontre.
Les Tablettes Lorraines : Près de deux mois après votre élection à la tête de la Capeb Meuse, comment est né votre engagement ?
Jean-François Régnier : Je suis au bureau depuis dix ans et j’ai eu la volonté de m’engager et de me présenter pour faire entendre la voix de l’artisanat auprès des Pouvoirs publics. En Meuse, nous représentons 250 entreprises soit près de 650 salariés. Nous sommes une force importante mais seuls, nous ne pesons pas. C’est important et encore plus dans ce contexte actuel dégradé de nous regrouper. Je me dois d’être à l’écoute des adhérents, de tous les secteurs. Nos dirigeants prennent des décisions que nous ne comprenons pas. C’est notre rôle de les alerter sur les conséquences de leurs choix politiques.
Quelle est la situation économique des entreprises artisanales en Meuse ?
Comme dans le reste de la France, au cours des deux premiers trimestres de l’année, notre activité s’est maintenue avec des carnets de commandes assez conséquents, mais nos adhérents nous le disent tous, ils sont préoccupés et constatent une nette diminution. Le téléphone sonne moins. C’est un signe qui ne trompe pas. Nous commençons clairement à nous inquiéter. Entre septembre 2022 et septembre 2023, les autorisations des permis de construire ont été en baisse de 60 % en Meuse. Ce n’est pas du tout anecdotique. Tous les indicateurs sont dans le rouge avec une baisse de la marge, des trésoreries qui se tendent et des défaillances en hausse de l’ordre de 30 %. Après la Covid, nous avons bien travaillé mais là, 2024 s’annonce être une année particulièrement difficile à l’heure où certains doivent rembourser leur PGE (prêt garanti par l’État). Elles vont devoir tenir, mais toutes ne le pourront pas. Et dans ce contexte, le Gouvernement ne nous envoie pas de signal positif.
Quels sont justement vos sujets d’inquiétude ?
En tout premier lieu, les conditions d’accès de ma Prime Rénove nous alertent. Je vous rappelle que 300 millions d’euros n’ont pas été consommés pour 2023. Les Pouvoirs publics annoncent mettre quatre milliards sur la table pour lutter contre les passoires thermiques, mais ils compliquent les choses. C’est tout à fait paradoxal, davantage d’argent va être débloqué mais nous craignons qu’au final, il y ait moins de chantiers. Cette aide aurait pu être une bouffée d’oxygène, mais ce ne sera pas le cas. Nous avons alerté le préfet et nos parlementaires. Avant, on devait être certifié RGE (reconnu garant de l’environnement). Or, ça ne suffira plus. Le Gouvernement ne nous fait pas confiance, c’est en tout cas notre ressenti. D’autres décisions nous inquiètent plus particulièrement que ce soit la loi «anti-bétonisation» ou encore la réforme du PTZ dans un contexte où l’accès aux prêts bancaires s’assimile à un parcours du combattant et où les taux des prêts explosent. On a l’impression qu’il n’y a pas une vraie politique en faveur du logement.
Est-ce que vous avez davantage de demandes de soutien des entreprises ?
Clairement oui, notre pôle juridique mutualisé qui est en Moselle est particulièrement sollicité. Notre rôle est d’informer nos adhérents, de les conseiller et de les orienter. C’est ce que nous faisons et nous ferons encore plus en 2024.
Propos recueillis par A.M.
JFR Nature et Bois
Jean-François Régnier a créé sa société en 1996 à Nant-le-Petit, dans le Sud de la Meuse. Spécialisé au départ dans la construction d’abris de jardin, de garages, de petites structures, il développe aujourd’hui essentiellement des maisons en bois clef en main, un peu partout en France. Actuellement, plusieurs chantiers sont engagés en Savoie pour son équipe constituée de six salariés et d’un apprenti.