Visite officielle
Le site de Nesle d’Innovafeed accueille Bruno Le Maire et Christophe Béchu
Le ministre de l’Économie et des finances et le ministre de l’Écologie ont visité le plus gros site de production d’insectes d’Innovafeed. L’entreprise, créée en 2016, connaît une croissance exponentielle : sa production sur les dix prochaines années est déjà vendue pour plus d’un milliard d’euros.
Classée parmi les entreprises à très fort potentiel, Innovafeed continue à attirer les ministres. Après Cédric O et Agnès Panier-Runacher, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des finances et Christophe Béchu, ministre de l’Écologie, sont venus découvrir cette ferme verticale de 5 000 m2 (pour 25 000 m2 de surface globale), le plus gros site industriel de la pépite française. Là sont élevées des mouches soldat noir. Une fois adultes, les insectes sont transformés en huile et en protéine pour l’alimentation animale (aquaculture, volailles, porcs, animaux de compagnie) et végétale. Ce type de production permet de répondre au manque de protéines auquel s’expose l’agroalimentaire, notamment l’aquaculture, tout en proposant un modèle vertueux.
Une industrie d’avenir
Implanté au cœur de la Zone industrielle de Nesle, le site est relié par deux pipelines aux usines Tereos et Kogeban. La première fournit des coproduits pour nourrir les insectes et la seconde, de l’énergie fatale utile pour chauffer les élevages de mouches, qui ont besoin d’une température de 30° pour se développer. « C’est l’exemple typique des zones d’activités bas carbone que nous souhaitons encourager : des lieux où les entreprises s’appuient entre elles pour réduire leur impact environnemental. Ici, cette symbiose permet d’économiser la consommation énergétique annuelle équivalente à 10 000 logements », se félicite Christophe Béchu.
Bruno Le Maire interroge ensuite les co-fondateurs d’Innovafeed sur les barrières technologiques qui freinent le développement de ce type de production. « Tout l’enjeu était de réussir à industrialiser le processus d’élevage d’insectes. Il est impératif pour cela de maîtriser tous les éléments, d’où la présence de 3 000 capteurs sur le site qui servent à ajuster nos 100 paramètres de référence en temps réel », explique Clément Ray, co-fondateur d’Innovafeed.
Les datas recueillies sont traitées via une Intelligence artificielle afin de continuer à enrichir en permanence la connaissance des ingénieurs maisons sur le comportement des insectes. « L’émergence de cette nouvelle industrie vise à mettre la technologie au service de la transition environnementale : la production de nourriture représente actuellement un tiers des émissions de dioxyde de carbone, les enjeux sont énormes pour réduire globalement notre impact », observe Aude Guo, co-fondatrice d’Innovafeed.
Mis en service fin 2020, le site de Nesle, qui compte une centaine de salariés, montera progressivement en puissance jusqu’à la fin 2024. Emblème de la greentech française, Innovafeed, qui construit actuellement un site dans l’Illinois, a annoncé avoir d’ores et déjà vendu sa production des dix prochaines années pour un montant de plus d’un milliard d’euros.
Réindustrialiser le pays
« Vous êtes le symbole de la réussite à la française et de l’entrepreneuriat qui crée de l’emploi. Ce sont des projets comme Innovafeed qui donnent de l’avance aux Hauts-de-France, qui démontrent que le mariage de l’économie et de l’écologie est possible » souligne Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, qui rappelle que la Région a soutenu le projet à hauteur de 3,2 millions d’euros.
Un avis partagé par Christophe Béchu et Bruno Le Maire qui ont salué le « génie français ». « Nous devons regarder la transition environnementale comme une véritable opportunité pour rouvrir des usines en France », analyse le ministre de l’Économie et des finances. Lequel a annoncé sa volonté d’accélérer les ouvertures de sites industriels, en réduisant les 18 mois actuels de procédure à neuf mois. « Nous devons favoriser la production locale et réserver nos aides aux produits européens. La préférence européenne ne doit pas être taboue »,
ajoute-t-il avant d’évoquer le besoin de former massivement des opérateurs, des conducteurs de ligne et des ingénieurs afin de devenir « la première nation décarbonée d’Europe ».