Le site de Blédina, toujours en pleine croissance

L’un de trois sites français Blédina, dont celui implanté à Steenvoorde depuis un siècle, n’a jamais cessé de faire évoluer le paysage économique et social de cette commune de Flandre française. Le lait infantile est devenu sa spécialité et représente les trois quarts des ventes globales de l’entreprise mère.

De gauche à droite : Fréderic Wisniewski, directeur de l'usine de Steendvoorde et Didier Lamblin, directeur général de Blédina.
De gauche à droite : Fréderic Wisniewski, directeur de l'usine de Steendvoorde et Didier Lamblin, directeur général de Blédina.

«L’amour est enfant de Bohême, il n’a jamais, jamais connu de loi …» : voilà un refrain, extrait de l’opéra Carmen, que toutes les mamans pourraient chantonner. Blédina en a fait sa gamme favorite. Malgré une note de douceur, la rigueur est de mise car on ne déroge pas avec les règles surtout quand il s’agit du bien-être des enfants. Cent ans après sa création, célébrés le 20 octobre dernier, l’usine de Steenvoorde boit aujourd’hui du petit lait. Le triomphe rencontré lors de l’événement reflète bien le succès local, régional mais aussi mondial. Depuis des générations, l’usine participe au dynamisme territorial et impulse une compétitivité grâce à un savoir-faire innovant qu’elle exporte sur des marchés en évolution.

 

 Unique et novateur. Le site a fait preuve d’un essor croissant depuis son intégration au groupe Danone en 1971. En 2007, le groupe agroalimentaire français et leader mondial boucle sa mission orientée vers une alimentation nutritive pour tous, avec le rachat de Royal Numico (entreprise néerlandaise de produits pour bébé). Aujourd’hui, Blédina est l’unique société française à appartenir au pôle Danone Baby Nutrition, n°1 européen et n°2 mondial de la nutrition infantile. Le site de Steenvoorde s’inscrit comme un maillon essentiel dans le développement des produits pour nourrissons avec le lait fermenté et les mini-biberons. Il peut aussi se targuer d’être le seul à fabriquer et à conditionner du lait liquide. Unique et novatrice, l’usine se différencie de surcroît par son fort ancrage local puisqu’elle a tissé des liens avec 800 éleveurs laitiers et 30 fournisseurs de la région.

D.R.

De gauche à droite : Fréderic Wisniewski, directeur de l'usine de Steendvoorde, et Didier Lamblin, directeur général de Blédina.

 100 ans de vitalité.Frédéric Wisniewski, le directeur du site de Steenvoorde qui emploie 400 salariés revient sur l’histoire de cette grande dame. «Tout a débuté en novembre 1902 lorsque la laiterie des Fermiers réunis des Flandres a lancé sa production de beurre. L’entreprise familiale s’est ensuite diversifiée dans la fabrication du fromage et l’utilisation des ferments. C’est ce qui a conduit l’usine à développer des produits infantiles.» En effet, «la laiterie», nommée toujours ainsi dans l’esprit collectif, avait noué dans les années 1920 un partenariat avec l’Institut Pasteur de Lille afin de pasteuriser ses fromages et d’utiliser à terme le lactosérum. Les protéines de lait ont été reconnues pour leurs vertus digestives. Aujourd’hui encore, l’usine de Steenvoorde est la seule au monde à produire du lait fermenté recommandé pour améliorer le transit intestinal des enfants en bas âge. Dans la lignée du lait Calisma, (le premier ayant vu le jour), 40 références coulent désormais à flot et submergent le marché français mais aussi mondial. «Nous avons la maîtrise du processus des poudres pour le lait fermenté.  Nous produisons 20 400 tonnes de poudres pour le 1er, 2e et 3e âge, conditionnées en boîte ou en big bag et destinées vers d’autres pôles Danone. Nous fabriquons 53 000 tonnes de lait liquide. Au total, 75 millions de litres de lait collectés sont transformés dans notre usine chaque année», explique fièrement Frédéric Wisniewski. Des chiffres faramineux qui prouvent bien le succès de cette usine porteuse, incontestablement tournée vers l’international, et qui a enregistré une hausse de production de 18% depuis 2008. «Nous renforçons notre compétitivité en nous appuyant sur nos forces, notre savoir-faire, nos technologies nouvelles pour proposer des produits uniques. Cette année nous étions à 60% de vente en France et 40% à l’étranger. L’objectif pour 2013 est de viser un taux de 50% d’exportations», poursuit Frédéric Wisniewski. Par ailleurs, 20 millions d’euros ont été investis afin de moderniser les outils industriels et d’améliorer la qualité de production du site des Flandres. Et 8 millions ont été consacrés à la fabrication des poudres et 12 millions à la production des mini-biberons.

 

Mini-biberons, maxi-commerce. Déjà en 2010 l’usine avait connu une mutation avec l’arrivée d’une nouvelle ligne aseptique de mini-biberons en polypropylène, destinés aux maternités du monde entier. Le lait est désormais stérilisé en UHT avant le remplissage du biberon. Le procédé est inspiré du milieu pharmaceutique. De plus, l’utilisation plastique, qui remplace le verre, permet de conserver toutes les qualités nutritionnelles, de parfaire l’étanchéité des biberons et de faciliter aussi l’export. Le programme d’investissement 2010-2012 donne ainsi la possibilité de fabriquer 3 000 tonnes de produits par an et 600 biberons à la minute. Par ailleurs, 500 contrôles de qualité sont réalisés par jour. Une gamme qui ne connaît pas de dégénérescence et qui s’exporte déjà dans 35 pays dont la Chine, la Nouvelle-Zélande et le continent africain. Dans les mois à venir, le site steendvoordois cible 10 pays supplémentaires. «Afin de faciliter les échanges, le site s’est aussi lancé un défi de proximité, à savoir que les clients pourront se rendre directement à l’usine pour récupérer la marchandise.» D’autres financements seraient également dans les tuyaux, mais, pour l’instant, Blédina conserve ses projets bien au chaud afin de mieux faire recette.

 

Objectifs environnementaux. Lancée déjà sur une voie royale et bénéfique, l’usine ne lésine pas non plus sur les efforts écologiques. Blédina qui veille à la bonne santé des tout-petits ne s’endort pas sur ses engagements, bien au contraire. Le respect environnemental, ayant le vent en poupe, est aussi l’une de ses priorités. «L’entreprise mère s’est fixé comme objectif de réduire massivement ses émissions de CO2 sur la période 2008-2012, incluant toutes les étapes de la création à la logistique. Notre usine steendvoordoise a diminué sa consommation énergétique de 20% en cinq ans grâce à de meilleurs équipements.» D’ailleurs, le site est encore une fois mis en avant avec l’obtention de la certification Iso 14001, concernant la gestion environnementale. Ainsi, avec un bilan positif et une reconnaissance internationale, l’usine ne semble pas subir la crise et promet encore de beaux jours aux mamans et aux enfants.

 

 

Encadré:

 

Outre l’usine de Steenvoorde, l’entreprise Blédina s’est d’abord implantée à Villefranche-sur-Saône dont elle est actuellement le 1er employeur, avec 430 salariés répartis entre le siège social et l’usine de production dédiée à la transformation céréalière (Blédine, Cracotte…). L’entreprise dispose en plus d’un troisième site à Brive- la-Gaillarde ouvert en 1972, spécialisé dans les petits pots, Compotines et Blédichef. Didier Lamblin, qui a été nommé à la tête de l’entreprise en 2011, insuffle de nouvelles directives aux pôles de production avec davantage de produits simplifiés et naturels. Aujourd’hui, dans son ensemble, Blédina pèse 19% des ventes de Danone, soit 3,67 milliards d’euros en 2011. Et c’est l’une de ses activités les plus rentables.